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CATIE

Dans le bulletin précédent de Nouvelles CATIE, nous avons fourni quelques renseignements généraux sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Dans le présent bulletin, nous mettons l’accent sur des cas de DMLA touchant des personnes vivant avec le VIH.

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Des chercheurs de l’Hôpital Mount Sinai de New York et d’ailleurs aux États-Unis ont suivi la santé oculaire de personnes ayant survécu au sida. Sur 1 825 participants, les chercheurs ont constaté que 10 % souffraient de DMLA intermédiaire. Comparativement aux personnes séronégatives, le taux de DMLA était quatre fois plus élevé parmi ces survivants à long terme du sida. Nous parlons ci-dessous des résultats de cette étude et de leurs implications.

Détails de l’étude

Des chercheurs dans 19 villes américaines ont recruté des participants pour une étude sur la santé oculaire. Le recrutement a commencé en 1998 et pris fin en 2011. Tous les participants avaient reçu un diagnostic de sida, et certains avaient présenté des complications d’ordre oculaire. Les chercheurs ont pris et analysé des photographies de la rétine des yeux de chaque participant. Aux fins de cette analyse axée sur la DMLA, les chercheurs n’ont pas utilisé de données provenant de personnes présentant des complications oculaires liées au sida.

Les participants avaient le profil suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • 81 % d’hommes, 19 % de femmes
  • âge : 43 ans
  • compte de CD4+ : 198 cellules/mm3
  • nadir du compte de CD4+ : 44 cellules/mm3
  • charge virale : 500 copies/ml
  • pic de la charge virale : 20 000 copies/ml

Résultats

Près de 10 % des participants souffraient de DMLA intermédiaire. Les personnes recevant un tel diagnostic sont susceptibles d’éprouver des problèmes visuels au fil du temps, dont certains peuvent être graves.

Facteurs de risque potentiels

Les chercheurs ont analysé de nombreux facteurs qui étaient présents lors de l’admission des participants à l’étude. Ils ont constaté un lien statistique entre les facteurs suivants et un risque accru de DMLA :

  • âge : pour chaque décennie d’âge au-delà de 29 ans, le risque de DMLA doublait
  • catégorie de risque de VIH : chez les personnes qui s’injectaient des drogues ou qui s’identifiaient comme hétérosexuels, le risque de DMLA était presque le double, comparativement aux hommes gais ou bisexuels

Comparaisons

Pour comparer les taux de DMLA, les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès des participants séronégatifs à une étude menée auprès de plusieurs milliers de résidants de la ville de Beaver Dam, dans l’état du Wisconsin (la prétendue étude Beaver Dam). Lors de l’étude en question, les participants ont également subi des examens oculaires exhaustifs. La comparaison a révélé que les personnes séropositives figurant dans l’étude menée à l’Hôpital Mount Sinai étaient quatre fois plus susceptibles de souffrir de DMLA que les personnes séronégatives.

Point à retenir

L’analyse de la DMLA dont nous rendons compte ici est de nature transversale, ce qui veut dire que l’équipe a analysé des données captées à un seul moment dans le temps. Une prudence extrême est nécessaire pour tirer des conclusions quant à la cause possible de la DMLA d’une étude conçue de cette manière. Les causes potentielles de la DMLA exposées dans cette étude sont intéressantes et semblent avoir un sens intuitif. Par exemple, nous savons que l’âge est un facteur de risque de DMLA et, selon l’expérience des chercheurs, les personnes qui s’injectent des drogues courent un risque accru de DMLA.

Nos lecteurs devraient se rendre compte que, même si les résultats de la présente étude se révèlent fiables, il est peu probable qu’ils s’appliquent à toutes les personnes vivant avec le VIH. Rappelons que de nombreux participants à cette étude avaient eu un très faible compte de CD4+ dans le passé (moins de 50 cellules/mm3), ce qui laisse croire qu’ils avaient eu de graves problèmes immunologiques à un moment donné. Un si faible compte de CD4+ aurait pu prédisposer ces participants à une inflammation accrue et à d’autres problèmes immunitaires, ce qui aurait augmenté leur risque de DMLA.

Depuis plusieurs années dans les pays à revenu élevé, les lignes directrices thérapeutiques et de pratique clinique recommandent l’amorce précoce d’une thérapie fondée sur une combinaison de médicaments anti-VIH puissants (couramment appelée thérapie antirétrovirale ou TAR). Par conséquent, il est moins probable d’observer un compte de CD4+ si faible (et les dommages immunologiques qui l’accompagnent) de nos jours. Ainsi, les résultats de cette étude pourraient ne pas s’appliquer aux personnes dont le compte de CD4+ n’a jamais chuté jusqu’à un niveau aussi faible.

Les raisons de l’augmentation du risque de DMLA chez ce groupe de personnes séropositives ne sont pas certaines. L’équipe de l’Hôpital Mount Sinai se doute cependant que des facteurs comme l’activation immunitaire excessive et la présence d’inflammation avant le début de la TAR auraient pu jouer un rôle.

D’autres cliniques devraient envisager de confirmer ou d’infirmer les résultats de cette étude américaine. Au minimum, ces résultats soulignent la nécessité pour les personnes séropositives de passer régulièrement des examens oculaires exhaustifs afin que les médecins puissent détecter tôt les cas de DMLA (et d’autres complications oculaires) et, si possible, prescrire des traitements pour stabiliser cette maladie.

Ressources

Management of Human Immunodeficiency Virus Infection in Advanced Age

L’infection au VIH à long terme et la qualité de vie liée à la santéNouvelles CATIE

Des médecins néerlandais explorent le rapport entre le vieillissement et le VIHNouvelles CATIE

Report to the NIH about Aging and HIV

Programme de recherche des IRSC sur la comorbidité liée au VIH

Programme de recherche des IRSC sur la comorbidité liée au VIH : secteurs de recherche pertinents

Le VIH et le veillissement – Conseils pour vivre en santé à l’intention des personnes de 50 ans et plus vivant avec le VIH

Feuillets sur le VIH et le veillissement au Canada –Société canadienne du sida

Evidence-informed recommendations for rehabilitation with older adults living with HIV: a knowledge synthesis

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Jabs DA, Van Natta ML, et al. Prevalence of intermediate-stage age-related macular degeneration in patients with the acquired immunodeficiency syndrome. American Journal of Ophthalmology. 2015; in press.