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  • La prophylaxie pré-exposition (PrEP) prévient très efficacement la transmission du VIH
  • Plus de 1 900 personnes à risque se sont fait offrir la PrEP lors d’une étude menée à Ottawa
  • Sur cinq ans, les taux de nouvelles infections par le VIH ont baissé de 37 % globalement et de 57 % chez les hommes gais et bisexuels

De nos jours au Canada, la PrEP consiste en la prise d’un comprimé unique contenant deux médicaments anti-VIH. Il existe deux formulations de comprimés approuvées pour la PrEP à l’heure actuelle, à savoir :

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  • Truvada (et en versions génériques) : ténofovir DF + FTC (emtricitabine)
  • Descovy : ténofovir alafénamide (TAF) + FTC

Lorsqu’elles sont utilisées comme il se doit, ces deux formulations de PrEP sont très efficaces à réduire le risque d’infection par le VIH. Les personnes qui souhaitent utiliser la PrEP doivent d’abord passer un test de dépistage du VIH et, si le résultat est négatif, elles peuvent commencer. Une fois la PrEP amorcée, des tests de dépistage du VIH ont lieu à intervalles réguliers, tout comme des tests visant le dépistage d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS) comme la chlamydiose, la gonorrhée et la syphilis. L’utilisation de la PrEP nécessite alors des mesures régulières, dont des examens en clinique, le renouvellement d’ordonnances et des consultations en vue de tests en laboratoire.

Pour en savoir plus sur la PrEP, cliquez ici.

Étude menée à Ottawa

Une équipe de recherche d’Ottawa a analysé des données recueillies par la santé publique et des pharmacies afin d’éclairer l’impact du déploiement de la PrEP dans cette ville. L’équipe a restreint son analyse aux années 2017 à 2021 principalement. Durant cette période, des lignes directrices canadiennes sur l’usage de la PrEP ont vu le jour. De plus, selon l’équipe de recherche, dans le cadre d’une initiative de santé publique, des infirmier·ère·s d’Ottawa ont offert la PrEP à toute personne « ayant reçu un diagnostic de syphilis infectieuse ou de gonorrhée ou de chlamydiose rectale, ou encore à quiconque dont l’évaluation clinique a révélé un risque élevé d’infection par le VIH ».

Ayant déterminé que 1 901 personnes répondaient aux critères ci-dessus, l’équipe de recherche a dirigé celles-ci vers une clinique où l’on prescrivait la PrEP. Près de 50 % de ces personnes (845) ont accepté l’offre de la PrEP. Sur ce nombre, 97 % étaient des hommes et 95 % étaient des hommes gais, bisexuels ou d’autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH).

Chute importante des taux de VIH

L’équipe de recherche a constaté que les taux de nouveaux cas de VIH ont baissé à Ottawa après l’introduction de la PrEP dans cette ville. Voici le nombre de cas de VIH diagnostiqués chaque année :

  • 2017 : 41 nouveaux cas
  • 2018 : 34 nouveaux cas
  • 2019 : 26 nouveaux cas
  • 2020 : 27 nouveaux cas
  • 2021 : 26 nouveaux cas

Comme on peut le constater, le nombre de nouveaux diagnostics était le plus élevé durant la première année de l’étude, puis a baissé et s’est stabilisé durant les années plus récentes.

Selon l’équipe de recherche, on a observé une baisse globale de 37 % des nouveaux diagnostics de VIH avant la fin de l’étude.

Accent sur les hommes gbHARSAH

Une analyse poussée a révélé que la seule réduction significative des nouvelles infections par le VIH s’est produite chez les hommes, et plus particulièrement chez les hommes gbHARSAH.

Voici la répartition des nouveaux cas de VIH parmi les hommes gbHARSAH :

  • 2017 : 19 cas
  • 2018 : 16 cas
  • 2019 à 2021 : 5 à 8 cas par année

Selon l’équipe de recherche, les nouveaux cas de VIH ont baissé de 57 % chez les hommes gbHARSAH au cours de l’étude.

L’équipe de recherche a affirmé que les taux de nouvelles infections par le VIH n’ont pas baissé chez les populations suivantes :

  • hétérosexuel·le·s
  • personnes qui s’injectent des drogues
  • femmes
  • personnes noires

 

Par contre, l’équipe de recherche a conclu que « Le fait que nous n’ayons pas constaté de baisse [des nouvelles infections] chez les femmes ni chez les personnes qui prennent des drogues par injection, ni au sein des groupes où l’adoption de la PrEP est faible à Ottawa, ces personnes n’ayant pas été aussi bien ciblées et informées des avantages de la PrEP dans le cadre de la prescription de celle-ci par du personnel infirmier autorisé, confirme le lien qui existe entre une hausse du recours à la PrEP et une baisse dans le nombre de nouvelles infections par le VIH. »

Impact potentiel de la COVID-19

Lorsque la COVID-19 battait son plein, il est possible, voire probable, que certaines personnes aient eu moins de contacts sexuels et qu’elles aient manqué des rendez-vous en clinique ou au laboratoire. Il se peut donc que les nouveaux cas de VIH aient baissé durant cette période pour des raisons autres que la PrEP et que moins de tests de dépistage du VIH aient été effectués.

Quoi qu’il en soit, l’équipe de recherche a remarqué que le nombre de résultats positifs aux tests de VIH a baissé chez les hommes seulement, et plus particulièrement chez les hommes gbHARSAH. De plus, l’équipe a précisé que la baisse des résultats positifs s’est produite avant l’apparition de la pandémie de COVID-19. Notons aussi que des données préliminaires de 2022 indiquent que les nouveaux cas de VIH ont continué de baisser chez des hommes gbHARSAH seulement. Aucune réduction significative des résultats positifs n’a été observée chez les femmes ou chez les personnes qui s’injectaient des drogues.

« Si l’accès réduit au dépistage [à cause de la COVID-19] avait causé la baisse des diagnostics, on se serait attendu à une réduction plus généralisée de l’incidence du VIH, y compris au sein d’autres groupes sociodémographiques », a affirmé l’équipe de recherche.

À retenir

Les résultats de la présente étude ne peuvent être considérés comme définitifs. Il n’empêche que la PrEP s’est déjà révélée hautement efficace lors d’essais cliniques randomisés et de projets de démonstration menés dans d’autres pays à revenu élevé. L’analyse effectuée à Ottawa est utile dans la mesure où elle indique que le déploiement de la PrEP dans une ville canadienne peut contribuer à réduire nettement les nouveaux cas d’infection par le VIH au fil du temps.

Selon l’équipe de recherche, « des efforts concertés sont maintenant nécessaires » pour déterminer quels facteurs peuvent alerter les médecins, infirmier·ère·s et pharmacien·ne·s sur la nécessité de la PrEP chez d’autres populations (comme les femmes, les Noir·e·s, les Autochtones et les personnes qui s’injectent des drogues). On pourrait réduire davantage les taux de nouvelles infections par le VIH chez ces populations en déterminant les facteurs de risque qui leur sont spécifiques.

—Sean R. Hosein

Ressources

Prophylaxie pré-exposition (PrEP)CATIE

Perspectives sur la PrEP injectable à longue durée d’actionNouvelles CATIE

Une étude explore les enjeux liés à la santé sexuelle de travailleuses du sexeNouvelles CATIE

Une étude d’envergure ne découvre aucun nouveau cas de VIH chez des personnes prenant la prophylaxie pré-exposition tous les joursNouvelles CATIE

RÉFÉRENCE :

Kroch A, O’Byrne P, Orser L et al. Le recours accru à la prophylaxie préexposition (PrEP), notamment auprès d’une infirmière autorisée (PrEP-IA), entraîne une diminution du nombre de diagnostics de VIH qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes à Ottawa, au Canada. Relevé des maladies transmissibles au Canada. 2023 juin; 49(6):274-81.