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  • Une équipe de recherche albertaine a examiné des données de santé se rapportant à 3 001 personnes vivant avec le VIH
  • On a constaté une forte hausse de la mortalité liée à l’automutilation, à la violence et à la contamination des drogues entre 2010 et 2022
  • Pour inverser cette tendance, des interventions exhaustives seront nécessaires de la part de tous les paliers de gouvernement

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Grâce à la grande efficacité des traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR), les scientifiques prévoient que de nombreuses personnes séropositives vivront jusqu’à un âge très avancé. Le TAR ne peut toutefois résoudre les problèmes sans lien avec le VIH, telles les comorbidités. Ces autres problèmes nécessitent attention et soins.

Une équipe de recherche de la Southern Alberta Clinic à Calgary a examiné sa base de données se rapportant à la santé de 3 001 personnes vivant avec le VIH. Les données en question ont été recueillies entre 2010 et 2022. Dans l’ensemble, l’équipe a constaté que le taux de mortalité toutes causes confondues a baissé légèrement, passant de 1,5 % en 2010 à 1,2 % en 2021.

L’équipe de Calgary a toutefois remarqué des changements dans les causes de décès au fil du temps. Notons par exemple que plus de 50 % de tous les décès étaient liés au VIH en 2010. En 2020, cependant, la proportion de tels décès avait diminué jusqu’à 14 %; un grand nombre de ces décès étaient attribuables à des infections ou à des cancers liés au sida.

Après 2010, alors que le nombre de décès attribuables au sida diminuait, la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, c’est-à-dire crises cardiaques et AVC, augmentait, tout comme les décès dus aux cancers sans lien avec le VIH. La majorité de ces décès concernait des personnes séropositives âgées.

Ce qui est frappant est l’augmentation du nombre de décès attribuables à l’automutilation, à la violence ou à la contamination de l’approvisionnement en drogues. En 2010, un seul décès (4 %) a été attribué à de telles causes. En 2021, la proportion de tels décès s’élevait à près de 39 %.

Au cours de la période à l’étude, les causes de décès étaient les suivantes chez les personnes séropositives :

  • 71 personnes sont décédées de complications découlant de l’usage de substances ou de la contamination de l’approvisionnement en drogues
  • 16 personnes sont décédées d’accidents ou d’actes de violence
  • 7 personnes sont décédées d’actes d’automutilation

Les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones de mourir d’automutilation, de violence et d’intoxications dues aux drogues contaminées. Ce constat se rapportait également aux personnes qui utilisaient des drogues, contrairement aux personnes qui n’en utilisaient pas.

Lieux de décès

Dans l’ensemble, 61 % des décès ont eu lieu dans un hôpital (service des urgences ou d’autres services), un hospice ou un centre de soins de longue durée. Bon nombre des autres décès ont eu lieu dans le domicile des personnes concernées. Notons cependant que 25 % des décès se sont produits en dehors de ces contextes. Selon l’équipe de recherche, un grand nombre de décès liés à l’automutilation, à la violence ou à l’approvisionnement en drogues contaminées ont eu lieu dans « une ruelle, un parc ou un escalier ». Même si l’équipe de recherche n’a pas précisé la répartition des victimes en question selon le sexe, elle a affirmé que cela n’avait pas de rapport avec le lieu de décès.

En moyenne, les personnes âgées de plus de 57 ans sont décédées dans un hospice ou un centre de soins de longue durée, alors que les personnes décédées dans d’autres lieux avaient tendance à être plus jeunes, soit 37 ans en moyenne.

Il faut une planification rigoureuse pour qu’à l’avenir on puisse offrir des soins aux personnes séropositives vieillissantes qui souhaitent mourir chez elles et pour prévenir les décès non liés au VIH.

L’augmentation de la mortalité liée aux complications de l’usage de drogues et à l’approvisionnement en drogues contaminées est profondément attristante et nécessite des interventions de la part de tous les paliers de gouvernement. De telles interventions pourront aider les personnes qui utilisent des drogues à vivre plus longtemps et en meilleure santé en leur assurant l’accès au spectre complet de soins et de services dont elles ont besoin. Des interventions appropriées sur le plan culturel sont également nécessaires pour aider les Autochtones vivant avec le VIH à faire face aux traumatismes et aux répercussions du racisme et du colonialisme afin qu’ils et elles puissent prospérer et connaître une espérance de vie comme celle des non-Autochtones.

À retenir

Depuis 2010, les responsables de cette étude et d’autres ont constaté des changements dans les causes de mortalité et les lieux de décès parmi les personnes vivant avec le VIH. La mortalité liée au VIH a décliné, comme l’attestent des études menées dans d’autres pays à revenu élevé, alors que les décès attribuables aux maladies cardiovasculaires, au cancer et à d’autres comorbidités ont augmenté. Il est probable que les décès dus aux comorbidités sont attribuables au vieillissement dans de nombreux cas.

Dans la présente étude, l’âge moyen des personnes décédées de causes liées au VIH était de 47 ans, alors que l’âge moyen des personnes décédées de maladies cardiovasculaires et de cancers était de 59 ans. Les personnes qui sont mortes d’automutilation, de violence ou des suites de l’approvisionnement en drogues contaminées avaient en moyenne 46 ans. À titre de comparaison, notons que l’âge moyen des personnes séronégatives décédées en Alberta en 2020 était de 81 ans.

Partout au Canada et en Alberta, le nombre de décès causés par la contamination de l’approvisionnement en drogues a augmenté énormément au cours de la dernière décennie. Pour inverser cette tendance, des interventions soutenues seront essentielles. Des investissements dans la réduction des méfaits, les services de santé mentale et d’autres programmes favorisant le bien-être des personnes qui utilisent des drogues seront nécessaires.

Chez les personnes âgées, on a constaté une tendance à décéder ailleurs que dans un hôpital. Pour cette raison, il est important que les professionnel·le·s de la santé et leurs patient·e·s aient une discussion sur les soins de fin de vie et les enjeux connexes. Une planification des ressources sera également nécessaire si davantage de personnes désirent mourir chez elles et non dans un hôpital ou un hospice.

Cette équipe de recherche ne disposait pas de données socioéconomiques ou de renseignements se rapportant à l’éducation, au revenu, au tabagisme, à la santé mentale, à la stabilité du logement, à l’accès à la nourriture, etc. Rappelons que ces facteurs peuvent avoir un impact sur la survie et les options en matière de soins de fin de vie.

Même si les données de cette étude peuvent sembler relativement limitées, elles reflètent des tendances plus étendues qui évoluent actuellement partout au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. Cette étude attire l’attention sur des enjeux pressants qui nécessitent des discussions dans les ministères de la Santé et les cliniques, ainsi qu’entre professionnel·le·s de la santé et patient·e·s.

On a fait des pas de géant pour aider les personnes vivant avec le VIH à réduire leur risque de mourir d’infections liées au sida. De nombreuses personnes séropositives sous TAR vivent de nos jours jusqu’à un âge très avancé. Cette étude albertaine arrive à un moment opportun et nous rappelle que certaines personnes séropositives ont besoin de soutien additionnel afin qu’elles aussi puissent connaître tous les bienfaits du TAR.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Krentz HB, Lang R, McMillian J et al. The changing landscape of both causes and locations of death in a regional HIV population 2010-2021. HIV Medicine. 2024; sous presse.