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  • La déficience en testostérone était un problème courant chez les hommes séropositifs avant l’arrivée des traitements efficaces contre le VIH (TAR)
  • Une équipe de recherche française a évalué plus de 200 hommes sous TAR pour détecter d’éventuelles déficiences en testostérone
  • 9 % des hommes sous TAR présentaient une déficience, soit deux fois la proportion d’hommes séronégatifs évalués dans une étude américaine

Testostérone

La testostérone est une hormone qui joue un rôle important dans le corps. Elle contribue à la force musculaire, à l’énergie, à l’humeur, à la santé des os et à la fonction sexuelle. Dans le passé, l’infection au VIH était associée à la déficience en testostérone, laquelle pouvait être grave dans certains cas. De nos jours, grâce à l’utilisation répandue des traitements antirétroviraux (TAR) et à la restauration de la santé de nombreuses personnes sous traitement, il est probable que le VIH exerce des effets moins préoccupants sur les taux de testostérone.

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Étude française

Une équipe de recherche en France a analysé des échantillons de sang prélevés chez des hommes séropositifs sous TAR qui avaient une charge virale indétectable. L’équipe a constaté une déficience en testostérone chez environ 9 % d’entre eux. Cette proportion d’hommes séropositifs présentant une déficience en testostérone était deux fois celle observée lors d’une étude américaine menée auprès d’hommes séronégatifs. De plus, ce résultat obtenu en France fait écho aux résultats d’une étude allemande récente où l’on a comparé les taux de testostérone d’hommes séropositifs et d’hommes séronégatifs. L’équipe française a formulé des recommandations à l’intention des médecins en ce qui concerne le dépistage de la déficience en testostérone chez les hommes vivant avec le VIH.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche française a employé plusieurs méthodes pour évaluer les participants, y compris entrevues, questionnaires validés sur la dépression et la qualité de vie, examens physiques et prélèvements de sang. Les hommes ont également subi des examens radiographiques à faible dose pour déterminer leur composition corporelle.

Il importe de souligner que les prélèvements de sang avaient lieu entre 7 h et 9 h, c’est en général tôt le matin que le taux de testostérone est le plus élevé . Tous les échantillons de sang étaient évalués dans le même laboratoire afin de minimiser le risque de variation dans les résultats.

Les participants avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :

  • âge : 43 ans
  • 78 % étaient des HARSAH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes)
  • durée de l’infection au VIH : 9 ans
  • durée de la suppression du VIH : 3 ans
  • compte de cellules CD4+ : 630 cellules/mm3
  • tous les participants suivaient un TAR et avaient une charge virale indétectable

À propos des différentes sortes de testostérone

La majorité de la testostérone qui circule dans le corps est liée à une protéine appelée SHBG (globuline liant les hormones sexuelles). On appelle cette forme de l’hormone la testostérone liée, et elle n’est pas accessible pour répondre aux besoins de l’organisme. Il se trouve cependant dans ce dernier une faible proportion de testostérone qui n’est pas liée, soit entre 1 % et 4 %. On appelle celle-ci la testostérone libre, et c’est elle que l’organisme peut utiliser.

Résultats

Vingt hommes (9 %) avaient un taux de testostérone libre inférieur à 70 pg/ml, ce qui indique une déficience.

Selon l’équipe de recherche, cette proportion d’hommes en état de déficience était deux fois celle constatée lors d’une étude américaine menée auprès d’hommes séronégatifs d’âge semblable.

Les participants présentant une déficience en testostérone étaient plus susceptibles d’avoir les caractéristiques suivantes :

  • âge supérieur à 43 ans
  • taux d’adiposité total supérieur à 19 %
  • utilisation en cours du médicament éfavirenz

Autres résultats

Plus de 50 % (133 hommes) des participants se plaignaient de dysfonction érectile et d’une baisse de leur qualité de vie. Le tiers d’entre eux souffraient de dépression.

L’équipe de recherche a dirigé tous les participants présentant une déficience en testostérone vers des spécialistes en matière d’hormones pour discuter d’une éventuelle hormonothérapie de remplacement.

Limites du TAR

Même si un grand nombre d’études ont permis de prévoir une espérance de vie quasi normale pour de nombreuses personnes suivant un TAR, ce dernier ne peut résoudre tous les problèmes. Notons, à titre d’exemple, que les taux d’activation immunitaire et d’inflammation peuvent augmenter excessivement malgré l’utilisation du TAR. La cause de cet excès d’activation immunitaire et d’inflammation chez les personnes séropositives n’est pas claire. À long terme, il est possible que ce problème contribue à la dégradation lente d’organes comme le cerveau, le cœur, le foie, les poumons, les reins et le pancréas. Il se peut aussi qu’il contribue à des déficiences hormonales, notamment en ce qui a trait à l’hormone de croissance et à la testostérone.

À retenir

Dans un monde idéal, cette étude aurait recruté plus de participants, dont notamment, à des fins de comparaison, un groupe d’hommes français séronégatifs au profil semblable quant à l’âge, à l’indice de masse corporelle et à d’autres facteurs. Cependant, une telle étude aurait coûté bien plus cher et pris beaucoup plus de temps. Or, rappelons que les fonds alloués à la recherche sur le VIH sont limités, et d’autres problèmes ont la priorité.

Bien que cette étude laisse croire que les hommes séropositifs étaient plus à risque de présenter une déficience en testostérone en tant que groupe, il est possible que d’autres facteurs aient influé sur ce résultat. À titre d’exemple, des facteurs non liés au VIH qui étaient susceptibles d’augmenter le risque de déficience en testostérone auraient pu être plus nombreux chez les hommes séropositifs, tels qu’un excès de graisse corporelle, un âge plus avancé et d’autres. Il se peut aussi que certains hommes prenaient des médicaments susceptibles de modifier leur taux de testostérone, tels que des anxiolytiques, des antidépresseurs, des médicaments contre l’hypertension ou des opioïdes. Il semble cependant que l’équipe de recherche n’ait effectué aucune évaluation des médicaments non liés au VIH et de leur impact éventuel sur la testostérone.

Lors d’études menées auprès d’hommes séronégatifs, des équipes de recherche ont constaté que la déficience en testostérone pouvait être liée à un large éventail de facteurs, dont un âge avancé, un déficit de sommeil, des carences nutritionnelles, un excès de graisse corporelle, le stress, l’infection au virus de l’hépatite C et d’autres problèmes médicaux plus complexes. Ainsi, pour déterminer la cause d’une déficience en testostérone, il est essentiel de consulter un·e médecin.

À l’avenir

À la lumière de ses résultats, cette équipe de recherche française encourage les médecins d’hommes séropositifs à déterminer si les facteurs soulignés dans cette étude sont présents chez leurs patients, soit l’âge supérieur à 43 ans, un taux d’adiposité supérieur à 19 % et l’utilisation de l’éfavirenz. Si tel est le cas, l’équipe encourage les médecins à effectuer un test de mesure de la testostérone afin de pouvoir détecter toute déficience éventuelle.

Cette étude française s’est déroulée entre 2013 et le milieu de 2016. Depuis lors, les lignes directrices principales sur le traitement du VIH ont changé, et l’utilisation de l’éfavirenz a amorcé un déclin. Des scientifiques feraient bien de mener une étude sur la déficience en testostérone à l’époque actuelle afin de tenir compte des nouvelles recommandations se rapportant aux schémas thérapeutiques utilisés en TAR. De plus, une étude de plus grande envergure pourrait évaluer l’impact d’autres facteurs susceptibles de contribuer à la déficience en testostérone.

—Sean R. Hosein

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