Souhaitez-vous recevoir nos publications directement dans votre boîte de réception?

CATIE
Image
  • La prise de la PrEP avant et après une exposition au VIH peut réduire considérablement le risque d’infection
  • Une étude américaine a révélé que le tiers des relations sexuelles anales entre jeunes hommes n’étaient pas prévues
  • Il se peut que les versions à longue durée d’action de la PrEP soient plus fiables contre les expositions imprévues

Recevez Nouvelles CATIE dans votre boîte de réception :

Nombre d’essais cliniques ont révélé que la prise d’une association de certains médicaments contre le VIH réduisait très efficacement le risque de contracter ce virus. Lorsqu’une personne a recours à des médicaments pour prévenir le VIH, il s’agit d’une prophylaxie pré-exposition ou PrEP.

Les personnes sous PrEP prennent un comprimé contenant deux médicaments anti-VIH, soit le ténofovir et le FTC, le plus souvent tous les jours. Il existe deux formulations du ténofovir : l’original s’appelle le TDF (fumarate de ténofovir disoproxil) et le plus récent porte le nom de TAF (ténofovir alafénamide).

Certaines personnes sont incapables ou ne veulent pas prendre des comprimés tous les jours. Pour cette raison, il existe une option de schéma posologique non quotidien appelé PrEP « à la demande ». Dans ce cas, on prend des comprimés de PrEP avant et après une exposition potentielle au virus, soit deux comprimés dans les deux à 24 heures précédant une relation sexuelle, puis un comprimé par jour pendant les deux jours suivant la relation sexuelle. Si aucune exposition possible n’a lieu après cette période, on cesse de prendre la PrEP. Pour suivre une PrEP, il faut consentir à des consultations dans une clinique et un laboratoire tous les trois mois pour passer des tests de dépistage du VIH et d’infections transmissibles sexuellement (ITS) ainsi que d’autres tests. Pour en savoir plus sur la PrEP quotidienne ou à la demande, cliquez ici.

PrEP à la demande

Pour que la PrEP à la demande soit efficace, les personnes qui y ont recours doivent être en mesure de prévoir quand elles auront des relations sexuelles afin qu’elles puissent se protéger en commençant à prendre leurs comprimés dans les deux à 24 heures précédant ces relations.

En 2019, les personnes âgées de 13 à 24 ans représentaient 21 % des nouveaux diagnostics de VIH posés aux États-Unis. La plupart de ces diagnostics (83 %) concernaient de jeunes hommes gais, bisexuels ou autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH). Pour être adoptée par cette jeune population, la PrEP doit être efficace et facile d’accès. Pour en savoir plus sur l’aptitude qu’ont les jeunes hommes gbHARSAH à prévoir leurs activités sexuelles (et pour connaître par extension l’utilité potentielle de la PrEP à la demande), une équipe de recherche américaine a mené une étude sur les comportements sexuels de ce groupe.

Détails de l’étude

Par l’entremise d’annonces placées dans les médias sociaux et d’autres moyens, une équipe de recherche a recruté 120 jeunes hommes gbHARSAH vivant aux quatre coins des États-Unis. Les hommes étaient âgés de 16 à 24 ans et ont participé à l’étude pendant huit semaines, soit d’avril à juin 2021. Les participants remplissaient tous les jours un sondage numérique afin que l’équipe de recherche puisse évaluer « leur participation à des relations sexuelles anales et leur capacité de prévoir celles-ci sur une période de 24 heures, ainsi que l’utilisation de condoms et d’autres [facteurs] ». Se fondant sur ces données, l’équipe pouvait ensuite déterminer (théoriquement) si les participants étaient susceptibles de bénéficier de la PrEP à la demande ou pas. Les participants n’ont pas reçu de PrEP.

Résultats

Au cours de l’étude, 845 relations sexuelles anales ont eu lieu. Selon l’équipe de recherche, « environ le tiers des relations anales survenues durant la période de l’étude étaient imprévues et spontanées et [en théorie], aucune protection n’aurait été conférée par la prise d’une [PrEP] à la demande ». Et d’ajouter l’équipe : « plus des deux tiers des participants ont eu une telle relation, et près des trois quarts des actes de [sexe anal] avaient lieu sans condom ».

Même si aucun des participants n’a reçu de PrEP, l’étude a révélé qu’une proportion substantielle de ces jeunes hommes gbHARSAH auraient couru le risque de contracter le VIH s’ils avaient suivi une PrEP à la demande.

L’équipe de recherche a laissé entendre que « la PrEP quotidienne et un soutien à l’observance thérapeutique » pourraient constituer une bonne stratégie pour aider cette population à réduire son risque de contracter le VIH.

Une étude de plus grande envergure

Lors d’une autre étude appelée ATN 149, on a évalué près de 900 jeunes personnes courant le risque de contracter le VIH à Los Angeles et à La Nouvelle-Orléans. Les participant·e·s appartenaient aux catégories suivantes : presque 80 % d’hommes gbHARSAH, 7 % de femmes transgenres et 14 % de jeunesse transmasculine non binaire. L’équipe de recherche a recueilli des données sur les comportements sexuels, l’usage de PrEP et l’observance de la PrEP.

Le taux d’observance hebdomadaire auto-déclaré de la PrEP a été élevé, soit 98 %. Il n’empêche que 27 personnes ont contracté le VIH pendant l’étude. Les taux d’infection par le VIH étaient les plus élevés chez les personnes qui avaient abandonné la PrEP après l’avoir commencée initialement, ce qui a augmenté leur risque. Selon l’équipe de recherche, si la PrEP injectable à longue durée d’action (option nécessitant des doses peu fréquentes) avait été accessible à ces jeunes, la plupart de ces infections auraient pu être évitées.

Les résultats des deux études décrites ci-dessus soulignent la nécessité de formulations de PrEP à longue durée d’action pour aider à prévenir la transmission du VIH chez les jeunes hommes à risque.

PrEP à longue durée d’action

La PrEP injectable à longue durée d’action (cabotégravir LDA) est approuvée en Australie, aux États-Unis et dans l’Union européenne. Dans ces endroits, elle se vend sous le nom de marque Apretude.

Santé Canada examine à l’heure actuelle un dossier sur le cabotégravir LDA à titre de PrEP. Il y a lieu d’espérer que celui-ci sera approuvé avant la fin du printemps 2024.

Une autre sorte de PrEP injectable à longue durée d’action fait l’objet d’essais cliniques à l’heure actuelle. Il s’agit d’un médicament appelé lénacapavir qui est administré tous les six mois. Même si les essais sont concluants, cette utilisation du lénacapavir risque de ne pas être approuvée au Canada avant 2025.

Lorsqu’un médicament est approuvé par Santé Canada, des négociations s’amorcent entre les provinces et les territoires et la compagnie pharmaceutique afin de déterminer un prix abordable que les provinces et les territoires pourront subventionner. Ces négociations durent souvent longtemps, et il peut s’écouler des mois, voire des années, avant que le médicament approuvé soit ajouté à la liste de médicaments couverts par les provinces et les territoires. On appelle celle-ci la liste de médicaments assurés.

—Sean R. Hosein

Ressources

Prophylaxie pré-exposition contre le VIH (PrEP) – ressource de CATIE

Prophylaxie post-exposition contre le VIH (PPE) – ressource de CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Stamp BF, Powers KA, Horvath KJ et al. Prediction of sex and the potential use of on-demand PrEP among young men who have sex with men in the United States. JAIDS. 2023 Aug 1;93(4):292-299. 
  2. Aryal A, Leibowitz A, Comulada WS et al. PrEP use and HIV incidence among youth at-risk for HIV infection in Los Angeles and New Orleans: findings from ATN 149. JAIDS. 2023 Nov 1;94(3):220-226.