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Le transfert des tâches des prestataires de soins cliniques vers des prestataires communautaires qui ne sont pas cliniciens est une manière d’accroître les taux de dépistage du VIH. Grâce aux technologies de dépistage comme le dépistage aux points de services et le dépistage par analyse de gouttes de sang séché, il est plus facile d’apporter ces services aux communautés en faisant appel aux prestataires communautaires. Cela a également le potentiel d’augmenter les taux de dépistage et de diagnostic, surtout parmi les populations à risque.

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Nous avons interrogé deux fournisseurs de services sur le rôle que jouent les prestataires communautaires dans leurs programmes de dépistage du VIH :

  • Sarah Moreheart, coordonnatrice de la recherche, Centre for Gender & Sexual Health Equity, Colombie-Britannique
  • Roger Kabuya, gestionnaire du programme, London InterCommunity Health Centre, Ontario

Sarah Moreheart

Dans votre organisme, les prestataires communautaires effectuent-ils des dépistages du VIH? Quels tests utilisent-ils? Comment le dépistage par les prestataires communautaires fonctionne-t-il dans votre organisme?

Le Centre for Gender & Sexual Health Equity (CGSHE) de la Colombie-Britannique a collaboré étroitement avec les infirmières éducatrices du Centre de contrôle des maladies de la province pour créer le rôle d’associées à la santé communautaire (ASC), et notre personnel mandarinophone met présentement ce rôle à l’essai dans des lieux de commerce sexuel fixes (in-call venue). Les ASC sont formées à effectuer des tests de dépistage rapide du VIH aux points de services, ainsi que des tests de dépistage de la chlamydia et de la gonorrhée au moyen de l’autoprélèvement d’échantillons d’urine ou de frottis. Les ASC travaillent sous la direction d’une infirmière chercheuse agréée dans le domaine des infections transmissibles sexuellement (ITS). Cette dernière examine les résultats des tests et détermine un plan de traitement. Pour ce programme pilote, on a créé le rôle d’ASC en offrant une formation additionnelle au personnel employé à titre d’intervieweuses/travailleuses de proximité dans une étude de recherche de plus grande envergure. Une équipe diverse de femmes ayant de l’expérience vécue (anciennement travailleuses du sexe, ou l’étant toujours) étaient représentées parmi les intervieweuses, les coordonnatrices, les agentes de collecte de données, les infirmières en santé sexuelle et les coauteures ayant participé à cette étude.

Pourquoi avez-vous décidé d’avoir recours à des prestataires communautaires pour faire le dépistage du VIH? De quelle façon le recours aux prestataires communautaires a-t-il changé votre approche de dépistage?

Le rôle d’ASC vise à mieux rejoindre les travailleuses du sexe en leur offrant de l’éducation à la santé sexuelle, des dépistages et du soutien dans leur langue et d’une manière qui leur convient. Le fait d’offrir ces services dans la langue de choix des femmes accroît la confiance et aide à inciter les participantes à prendre en charge leur santé sexuelle. Le recours à des prestataires communautaires dans ce programme pilote aide à combler l’écart de connaissances et réduit la stigmatisation en normalisant les tests de suivi de la santé sexuelle, y compris le dépistage du VIH. Plus important encore, cela permet d’offrir les tests de suivi, de l’information sur la santé sexuelle et du soutien à des personnes qui risquent autrement de ne pas consulter médicalement et régulièrement à cause de la stigmatisation du travail sexuel, des barrières linguistiques, des préoccupations relatives à l’immigration et d’autres obstacles.

Quels furent les plus grands défis à relever à employer des prestataires communautaires pour effectuer le dépistage du VIH? Quelles sont les leçons que vous en avez-vous tirées et que vous souhaitez partager avec d’autres groupes qui envisagent d’assurer le dépistage dans la communauté?

Les défis liés à la mise sur pied du programme pilote résidaient dans la logistique de la création et de l’approbation des descriptions de tâches au sein de l’organisme, l’actualisation des procédures d’opération et la soumission de mises à jour à notre comité d’éthique de la recherche puisque le programme faisait partie d’une étude de recherche de plus grande envergure. Il était fondamental que nous gagnions le soutien des partenaires communautaires pertinents afin d’assurer la mise en place de processus de travail appropriés pour parer à toute éventualité et faire le suivi nécessaire. En offrant des séances de mise en pratique, les ASC ont acquis une certaine confiance à effectuer les tests de dépistage. Un autre défi se rapportait à la disponibilité des différents tests approuvés au Canada, car les ASC ne sont pas habilitées à effectuer des veinopunctures et ne peuvent, par conséquent, procéder au dépistage d’infections comme la syphilis et l’hépatite C. Ce fut tout un exercice que de déterminer quelles infections étaient répandues dans une communauté particulière et cibler les tests de dépistage et les interventions se rapportant à ces infections. Nous avons appris que certaines participantes préféraient se faire tester pour toutes les ITS en même temps et nous travaillons avec elles pour obtenir ce genre de dépistages (p. ex., fixer un rendez-vous au bureau avec une infirmière chercheuse, diriger les gens vers un fournisseur de services dans la communauté).

Roger Kabuya

Dans votre organisme, les prestataires communautaires effectuent-ils des dépistages du VIH? Quels tests utilisent-ils? Comment le dépistage par les prestataires communautaires fonctionne-t-il dans votre organisme?

Le London InterCommunity Health Centre en Ontario emploie des travailleurs de proximité qui même s’ils ne sont pas des cliniciens agréés, effectuent des tests de dépistage du VIH dans nos points de services anonymes et dans la communauté. Les travailleurs de proximité détiennent un certificat de compétence décerné par le Bureau de lutte contre le sida du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, ce qui les autorise à effectuer des tests de dépistage du VIH aux points de services. Les travailleurs de proximité se relaient dans un espace consacré au counseling en matière de VIH et au dépistage dans le centre de santé. Ils se déplacent également dans la communauté pour faire du travail de proximité dans la rue et travaillent dans des espaces prêtés par divers partenaires communautaires afin de rencontrer des personnes à risque de contracter le VIH (p. ex., personnes qui s’injectent des drogues, travailleuses du sexe travaillant dans la rue, et hommes gais et bisexuels ayant des relations sexuelles avec des hommes). Les travailleurs de proximité offrent de l’éducation et du counseling en matière de VIH, ainsi que des tests de dépistage.

Pourquoi avez-vous décidé d’avoir recours à des prestataires communautaires pour effectuer le dépistage du VIH? De quelle façon le recours aux prestataires communautaires a-t-il changé votre approche de dépistage?

Les travailleurs de proximité entretiennent de bons rapports avec les personnes qui courent le risque de contracter le VIH. En plus d’aider les gens à avoir accès au dépistage du VIH, les travailleurs de proximité offrent de l’assistance pour aborder les déterminants sociaux de la santé, tels que les rendez-vous de soins primaires, l’accès à un logement, la sécurité alimentaire et l’emploi, entre autres. Cette initiative a contribué à augmenter le nombre total de personnes se faisant tester pour le VIH dans le centre de santé (plus de 1 000 personnes par année).

Quels furent les plus grands défis à relever à employer des prestataires communautaires pour effectuer le dépistage du VIH? Quelles sont les leçons que vous en avez-vous tirées et que vous souhaitez partager avec d’autres groupes qui envisagent d’assurer le dépistage dans la communauté?

Il est difficile de rejoindre les personnes qui hésitent à venir se faire tester dans notre centre, parce que certaines d’entre elles ont peur de passer un test à cause du risque de représailles judiciaires éventuelles. De plus, certaines populations prioritaires sont encore très difficiles à rejoindre, telles que les populations autochtones, les populations LGBTQ et les communautés africaines, caribéennes et noires. Des efforts pour rejoindre ces populations prioritaires sont nécessaires, et des stratégies pour y parvenir ont été élaborées (p. ex., dépistage dans la rue et à domicile).