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Le terme autodépistage du VIH désigne une méthode par laquelle une personne prélève son propre échantillon, le teste pour le VIH et interprète le résultat elle-même1. Un test d’autodépistage du VIH peut se faire à partir d’un échantillon de liquide prélevé par frottis buccal ou d’un échantillon de sang prélevé par piqûre du doigt. Un test d’autodépistage du VIH qui nécessite un prélèvement de sang a été homologué pour son utilisation au Canada. L’autodépistage du VIH a déjà été incorporé de diverses façons dans des modèles de programmes dans plusieurs pays du monde. Cet article examinera des modèles de programmes qui ont permis d’élargir l’utilisation de l’autodépistage du VIH dans divers contextes afin de joindre des populations diverses.

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Quelle est la situation actuelle de l’autodépistage du VIH?

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande d’offrir l’autodépistage du VIH conjointement aux approches de dépistage plus classiques (prises de sang, dépistage aux points de service)1. Selon l’OMS, 77 pays se sont dotés de politiques se rapportant à l’autodépistage du VIH2. La liste de pays inclut les États-Unis, où un test d’autodépistage du VIH utilisant un échantillon de liquide buccal a été approuvé en 20123. Elle inclut aussi le Royaume-Uni, où l’autodépistage se fait depuis 2015 (par frottis buccal ou prélèvement de sang)4. D’autres pays ont également approuvé des tests d’autodépistage du VIH nécessitant des échantillons de liquide buccal ou de sang.

Au Canada, l’utilisation du test d’autodépistage INSTI® a été homologuée. Pour effectuer ce dernier, il faut prélever un échantillon de sang par piqûre du doigt.

Pour obtenir plus de renseignements sur l’efficacité de l’autodépistage du VIH, consultez l’article intitulé Quels sont les défis et les circonstances opportunes associés à la mise en œuvre de l’autodépistage du VIH au Canada?.

De quels bienfaits et préoccupations devrait-on tenir compte lors de la création de programmes d’autodépistage du VIH?

L’autodépistage du VIH offre de nombreux bienfaits potentiels, dont les suivants :

  • L’autodépistage accroît l’accès au dépistage du VIH au sein de plusieurs groupes, dont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH)1, les personnes se faisant tester pour la première fois, les personnes peu enclines à se faire tester autrement et les personnes insuffisamment testées (celles qui se font tester moins fréquemment que ce qui est recommandé par les lignes directrices)5.
  • L’autodépistage permet d’enlever les obstacles liés à la stigmatisation et d’atténuer les préoccupations concernant la confidentialité et la vie privée, tout en rendant l’accès au dépistage du VIH plus facile5,6.
  • L’autodépistage s’est révélé acceptable, surtout dans nombre de populations cibles* (HARSAH, personnes qui utilisent des drogues), et peut augmenter le dépistage du VIH dans les populations moins susceptibles de se faire tester d’une autre manière1.
  • L’autodépistage est avantageux pour les personnes se faisant tester fréquemment (HARSAH, couples sérodifférents), car il réduit le temps nécessaire à la réalisation du test de dépistage et allège le fardeau associé au dépistage1.

Même si l’autodépistage du VIH est largement accepté de nos jours à l’échelle internationale, il est important que les organismes prennent conscience des préoccupations éventuelles liées à l’autodépistage afin qu’ils puissent créer des programmes susceptibles d’atténuer ces dernières. Habituellement, les préoccupations soulevées à l’égard de l’autodépistage incluent les suivantes :

  • Certains s’inquiètent de la capacité de diriger les personnes vers un test de confirmation, un traitement et des soins à la suite d’un résultat réactif au test d’autodépistage5,7,8, ainsi que du manque de soutien durant le processus de dépistage1. On peut répondre à ces deux préoccupations par le biais de programmes et d’autres approches.
  • Certains craignent que les résultats des tests d’autodépistage soient mal interprétés par les utilisateurs. Les études révèlent toutefois que l’interprétation des tests d’autodépistage du VIH se fait de façon semblable à l’interprétation des tests rapides effectués par les testeurs formés1.
  • Certains s’inquiètent de voir des personnes contraintes ou forcées de passer un test d’autodépistage par un employeur ou un membre de leur famille; d’aucuns soulèvent aussi la nécessité de règlements abordant le risque de coercition et de mauvaise utilisation de l’autodépistage1,9.
  • Certains ont soulevé des préoccupations concernant le risque de violence conjugale et de comportements autodestructeurs se rapportant à l’autodépistage, même si les cas signalés de tels incidents sont limités dans les articles publiés1.
  • Selon certains, le coût de l’autodépistage pourrait être perçu comme un obstacle à l’accès1,8.  Pour stimuler l’adoption de cette méthode, certains ont suggéré que l’autodépistage soit financé de façon semblable aux tests standards de dépistage du VIH5.
  • Certains craignent que l’autodépistage soit adopté plus couramment par les populations à faible risque (c’est-à-dire les populations se prévalant déjà des ressources en prévention du VIH), ce qui pourrait en limiter les bienfaits. Or, selon les données, parmi les personnes ayant un profil de risque semblable, l’adoption de l’autodépistage se compare à celle des méthodes communautaires de dépistage du VIH lorsqu’il est offert gratuitement. De plus, si on compare avec les méthodes communautaires de dépistage, il est possible que l’autodépistage soit utilisé par des personnes plus à risque de contracter le VIH lorsqu’il est offert gratuitement par des pairs5.

Quels modèles de programmes d’autodépistage du VIH ont été mis sur pied?

Les programmes d’autodépistage existants ont recours à des trousses d’autodépistage fournies par un fabricant de tests. La trousse contient le matériel nécessaire pour prélever l’échantillon (lancette pour ponction digitale, écouvillon), ainsi que des instructions écrites sur le prélèvement, le traitement de l’échantillon et l’interprétation du résultat. Elle contient également des renseignements sur la manière d’obtenir un test de confirmation ou des soins de santé si le test est réactif (ligne d’écoute accessible 24 heures sur 24). Certaines trousses contiennent du matériel additionnel créé par un programme particulier, tel que des instructions sur la manière d’effectuer et d’interpréter un test (illustrations, vidéos sur le processus de dépistage) et/ou des renseignements sur l’arrimage aux soins destinés aux clients obtenant un résultat réactif (information additionnelle sur la manière de prendre contact avec des navigateurs de la santé, des plateformes de santé numériques ou des services de counseling prétest et post-test).

Les programmes d’autodépistage existants utilisent soit une approche directement assistée, soit une approche non assistée.1 En vertu de l’approche directement assistée, un travailleur de la santé ou un pair qui a suivi une formation fait une démonstration du test et de l’interprétation du résultat. En vertu de l’approche non assistée, le client se sert des instructions du fabricant et, dans certains cas, des ressources instructives additionnelles créées par un programme afin d’effectuer le test d’autodépistage tout seul.

Dans cet article, nous présentons à titre d’exemple divers modèles de programmes d’autodépistage utilisés dans les endroits où cette méthode est approuvée. Les données de recherche sur les modèles de programmes en vigueur dans les pays où l’épidémie du VIH ressemble à celle du Canada proviennent en grande partie des États-Unis, où un test d’autodépistage utilisant des échantillons de frottis buccal est utilisé depuis 2012.

Distribution de trousses d’autodépistage du VIH dans la communauté

Nombre de programmes ont ciblé des endroits spécifiques dans la communauté pour joindre des populations à haut risque et les inciter à se faire tester pour le VIH. Notons, à titre d’exemple, que des trousses d’autodépistage du VIH ont été distribuées dans des saunas par le personnel ou encore par un distributeur automatique sur place10–12. Ces approches ciblent des populations d’HARSAH et mettent l’option de l’autodépistage à leur disposition dans des endroits qui offraient déjà le dépistage du VIH aux points de service sur les lieux (même si cela n’est pas exigé)10,11. Les préoccupations soulevées à propos de cette approche incluent la crainte que les clients soient isolés lorsqu’ils reçoivent leur résultat réactif ou encore qu’ils ne fassent pas l’objet de dépistages exhaustifs visant les autres infections transmissibles sexuellement (ITS)11.

Distributeurs automatiques de trousses d’autodépistage du VIH dans la communauté

Les responsables d’un programme établi à Los Angeles ont installé deux distributeurs automatiques dans des saunas afin de mettre des trousses d’autodépistage du VIH à la disposition d’HARSAH10. Les distributeurs étaient situés dans une salle de dépistage d’ITS sur place ou dans un salon. Les tests d’autodépistage, qui reposaient sur un échantillon de frottis buccal, étaient gratuits, et les clients pouvaient s’en procurer à volonté.

Les trousses d’autodépistage contenaient des instructions sur l’utilisation, y compris des illustrations sur la manière d’interpréter le résultat, ainsi que le mode d’emploi du fabricant. Les trousses contenaient également les instructions du fabricant sur l’obtention d’une aide médicale advenant un test réactif, ainsi qu’un feuillet d’information sur un service téléphonique d’arrimage aux soins offert 24 heures sur 24 par un organisme local de lutte contre le VIH/sida. S’ils recevaient un résultat réactif, les participants pouvaient utiliser une de ces méthodes pour obtenir de l’aide médicale.

Selon une étude, ce programme a distribué un grand nombre de trousses d’autodépistage du VIH à des HARSAH chez qui le taux de séropositivité s’est révélé élevé, mais le taux d’arrimage aux services de dépistage de confirmation et de traitement se situait à moins de 50 %. Cette étude d’observation menée entre janvier 2016 et juillet 2017 a permis de confirmer la distribution de 1 398 trousses d’autodépistage par distributeurs automatiques. Les participants recevaient un sondage sur les trousses d’autodépistage, mais les responsables de l’étude n’ont pas précisé d’échéancier pour le remplir. Il était donc impossible de déterminer sur quelle période le dépistage de confirmation ou l’arrimage aux soins avaient eu lieu. Au total, 110 personnes ont rempli le sondage (taux de participation de 7,9 % pour l’ensemble des trousses distribuées). Voici un aperçu des résultats :

  • En tout, 92 % (101 sur 110) des répondants au sondage ont affirmé que la trousse avait été utilisée, et 95 % (96 sur 101) d’entre eux l’avaient utilisée eux-mêmes.
  • Sur les 101 personnes ayant utilisé la trousse, 17 % (17 sur 101) ont signalé un résultat réactif.
  • Sur les 17 personnes faisant état d’un résultat réactif, 41 % (7 sur 17) avaient passé un test de confirmation ou consulté un médecin, et 24 % (4 sur 17) avaient commencé un traitement anti-VIH au moment où ils remplissaient le sondage.

On a invité les répondants au premier sondage à participer à un sondage de suivi, et 11 % d’entre eux ont accepté, soit 12 personnes sur 110. Ces 12 participants ont tous qualifié le processus d’utilisation des distributeurs automatiques de « positif » ou « très positif », et ils étaient tous disposés à recommander le programme à un ami.

Distribution de trousses d’autodépistage du VIH par les pairs

Les programmes fondés sur l’apport des pairs qui emploient une stratégie de réseautage social pour accroître le recours au dépistage standard du VIH (et non à l’autodépistage) se sont révélés efficaces pour inciter les personnes à risque de se faire tester pour le VIH13. (Nous parlons ici de programmes où un client est motivé à passer un test de VIH par un membre de son réseau social.) L’emploi d’une stratégie de réseautage social, c’est-à-dire le recours aux pairs, pour faciliter la distribution de trousses d’autodépistage du VIH pourrait augmenter le dépistage dans les populations à risque élevé ou celles que les méthodes de dépistage standards n’arriveraient pas à joindre autrement14. Il existe des exemples de programmes d’autodépistage fondés sur les pairs aux États-Unis15 et dans certaines régions d’Europe16 et d’Afrique14.

Une stratégie de réseautage social pour la distribution de trousses d’autodépistage du VIH

Pour un programme lancé dans le comté d’Alameda de la Californie (grand comté urbain et suburbain), on a inscrit des HARSAH noirs et latino-américains et des femmes trans à titre de pairs recruteurs afin de distribuer des trousses d’autodépistage du VIH à leurs amis et réseaux. Les pairs recruteurs affirmaient avoir eu récemment une relation sexuelle avec un homme et se disaient à l’aise de discuter du VIH avec autrui. Ils avaient participé à une séance de formation de trois heures qui couvrait les aspects fondamentaux du VIH, le mode d’emploi de la trousse d’autodépistage, le soutien aux personnes recevant un résultat positif, l’arrimage aux soins, l’orientation des clients vers des sources d’information sur le dépistage de confirmation et le traitement, et la collecte de données. Les pairs recruteurs ont reçu 100 $ en échange de leur participation à la formation. Chaque pair recruteur a reçu cinq à huit trousses d’autodépistage qu’il devait distribuer à des amis qui, selon lui, n’avaient pas passé de test de dépistage du VIH depuis un an. Les pairs recruteurs ont reçu 150 $ additionnels s’ils avaient réussi à distribuer au moins cinq trousses15.

Selon une étude, ce programme a permis de joindre davantage de personnes n’ayant jamais été testées ou n’ayant pas été testées depuis un an qu’un programme de dépistage aux points de service établi dans la même communauté. Le taux de séropositivité s’est révélé significativement plus élevé aussi. Pour cette étude d’observation menée entre janvier 2016 et mars 2017, 114 personnes qui avaient reçu une trousse d’autodépistage de la part d’un pair recruteur ont rempli un sondage en ligne (sur un total de 165 trousses distribuées). Cette information a été comparée aux données recueillies en 2015 par le programme communautaire de dépistage du VIH du comté d’Alameda, où l’accent était mis sur le dépistage rapide du VIH aux points de service chez des populations particulières, notamment les hommes gais et autres HARSAH. Ce programme incluait le dépistage sur les lieux de rencontre ainsi qu’un service mobile, et les tests étaient offerts par des conseillers qualifiés en dépistage du VIH15. La comparaison a révélé ce qui suit :

  • Les participants au programme d’autodépistage étaient significativement moins susceptibles d’affirmer avoir passé un test de dépistage du VIH au cours de l’année précédente (89 %) que les participants au programme de dépistage communautaire (94 %), et ils étaient significativement plus susceptibles de signaler que leur dernier test remontait à plus d’un an (72 % contre 21 %, respectivement).
  • Un nombre significativement plus élevé de participants au programme d’autodépistage ont fait état d’un résultat positif (6 %) que dans le programme communautaire (2 %).

En ce qui concerne le programme d’autodépistage, le taux de séropositivité était plus élevé (15,6 %) parmi les participants recrutés par un pair recruteur séropositif, par rapport aux participants recrutés par un pair recruteur séronégatif (2,4 %).

Envoi de trousses d’autodépistage du VIH par la poste

L’envoi de trousses d’autodépistage gratuites par la poste aux personnes qui en font la demande en ligne est considéré comme une méthode de distribution susceptible d’augmenter les tests de dépistage du VIH. Cette stratégie permet aux gens d’effectuer le test chez eux. Elle offre la confidentialité et la protection de la vie privée aux personnes qui pourraient être confrontées à de la stigmatisation liée au VIH dans les milieux de dépistage plus traditionnels. Contrairement aux programmes antérieurs fondés sur l’envoi de tests d’autodépistage par la poste, en vertu desquels les clients devaient envoyer leurs échantillons à un laboratoire pour l’analyse, méthode permettant d’éviter d’éventuels problèmes d’arrimage aux soins grâce au suivi effectué par un professionnel de la santé, l’autodépistage permet aux clients d’interpréter leurs résultats chez eux et nécessite ainsi de nouvelles approches pour assurer l’arrimage aux soins5. Des programmes d’autodépistage par la poste ont été menés aux États-Unis7 et en Australie17, et un programme avec étude connexe est actuellement en cours au Royaume-Uni6,9.

Le programme Home Test Giveaway

Dans l’état de New York, le programme Home Test Giveaway envoyait gratuitement par la poste des trousses d’autodépistage du VIH à des HARSAH, à des personnes trans et à des personnes de genre non conforme qui avaient des relations sexuelles avec des hommes. Le programme a été lancé dans la ville de New York puis étendu à d’autres régions de l’État7,18.

Le programme Home Test Giveaway employait des annonces ciblées diffusées sur les médias sociaux (Grindr, Facebook, Scruff, etc.) afin de recruter des personnes qui devaient ensuite remplir un questionnaire d’admissibilité en ligne. Les personnes admissibles envoyaient leur adresse de courriel et recevaient un « code de rabais » qu’ils pouvaient échanger sur un site Web contre une trousse gratuite d’autodépistage du VIH par échantillon de frottis buccal expédiée directement du fabricant. Les participants recevaient les trousses d’autodépistage dans un emballage discret contenant des renseignements sur la prophylaxie post-exposition (PPE), la prophylaxie préexposition (PrEP), les périodes fenêtres des tests de dépistage du VIH et les symptômes de l’infection aiguë par le VIH18.

Plusieurs campagnes ont eu lieu en lien avec ce programme entre novembre 2015 et février 2018. On a amélioré les campagnes les plus récentes afin d’incorporer des annonces plus pertinentes mettant en vedette les populations cibles du programme (HARSAH, personnes trans). Le programme a également élargi l’assistance offerte pour inclure l’arrimage aux soins, la notification des partenaires, la prévention du VIH (aiguillage vers les services de PrEP) et divers services de soutien (test de confirmation) lors des campagnes plus récentes7.

Selon les résultats d’une étude, un grand nombre de trousses ont été distribuées, et la majorité des personnes qui en ont reçu les ont utilisées elles-mêmes. Moins de 1 % des participants ont reçu un résultat réactif, et les taux de dépistage de confirmation et d’arrimage aux soins étaient élevés. Cette étude d’observation a eu lieu entre novembre 2015 et février 2018 et incluait les résultats de cinq campagnes de dépistage. Deux mois après la distribution des tests d’autodépistage, les participants ont reçu par courriel un sondage de suivi et une carte-cadeau de 25 $ s’ils remplissaient ce dernier. En tout, 17 383 participants admissibles ont reçu un code de rabais pour un test d’autodépistage du VIH par courriel, et 12 182 codes de rabais ont été échangés contre une trousse d’autodépistage. Quarante-six pour cent (7 935) des participants admissibles ont répondu au sondage de suivi, les résultats duquel ont révélé ce qui suit18 :

  • 7 336 (92 %) des répondants au sondage ont reçu un test d’autodépistage du VIH.
  • 5 903 (80 %) des participants ayant reçu un test d’autodépistage l’ont utilisé eux-mêmes, 5 % l’ont utilisé pour quelqu’un d’autre, et 14 % ne l’ont pas utilisé (90 % de ces derniers ont affirmé qu’ils s’en serviraient à un moment ultérieur).
  • 43 répondants sur 5 903 (0,73 %) ont reçu un résultat réactif au test d’autodépistage, et 32 ont affirmé ne pas avoir reçu de diagnostic de VIH antérieurement.

Sur les participants n’ayant pas reçu de diagnostic antérieur, 25 (78 %) ont passé un test de confirmation, et 84 % de ceux-ci ont déclaré eux-mêmes un résultat positif. Au moment du sondage de suivi, 95 % des personnes ayant reçu un diagnostic positif confirmé avaient eu leur première consultation se rapportant aux soins du VIH, et 85 % de celles-ci avaient commencé un traitement. Enfin, 96 % des répondants au sondage (médiane établie pour l’ensemble des cinq campagnes figurant dans l’étude) ont qualifié d’élevée la probabilité qu’ils recommandent le programme à un ami. La majorité des participants ont également affirmé qu’ils appréciaient la confidentialité et la nature pratique du test d’autodépistage du VIH.

Que nous disent ces programmes à propos du développement de programmes d’autodépistage du VIH au Canada?

Un test d’autodépistage du VIH a été homologué pour son utilisation au Canada, les prestataires de services peuvent se préparer à ce que le test devienne largement disponible. Ils doivent déterminer les façons de soutenir les clients qui souhaitent utiliser un test d’autodépistage. Entre autres, ils pourraient envisager d’élaborer ou d’adapter des modèles de programmes pour faciliter la distribution de trousses d’autodépistage du VIH (par la poste, par le biais d’un programme de santé communautaire ou de pairs). Les facteurs à considérer peuvent inclure le contexte de travail des prestataires de services et la façon optimale de joindre les populations susceptibles de bénéficier du test d’autodépistage (comme les personnes n’ayant pas recours au dépistage autrement et celles ayant besoin de dépistages fréquents). Il faudra aussi tenir compte des enjeux liés à l’accès au test et aux coûts, car le manque de financement public de l’autodépistage du VIH dans certains endroits pourrait compromettre l’utilisation de cette méthode.  

Les créateurs de programmes d’autodépistage du VIH devraient s’assurer de répondre aux préoccupations se rapportant à cette méthode. Voici une liste partielle des questions qui devraient être envisagées :

  • Comment va-t-on conseiller les clients et les diriger vers un test de confirmation et un service de soins et de traitement du VIH? Comment va-t-on diriger les clients vers des services de prévention du VIH et d’autres services de santé sexuelle?
  • Comment peut-on maximiser la capacité des utilisateurs à réaliser un test d’autodépistage du VIH et à en interpréter le résultat avec succès? À titre d’exemple, les programmes pourraient faire appel aux pairs navigateurs, fournir des instructions par vidéo ou document écrit ou illustré ou offrir des démonstrations effectuées par des travailleurs de la santé.
  • Comment va-t-on aborder les questions comme la coercition et le dévoilement? À titre d’exemple, on pourrait renseigner les personnes utilisant le test sur leurs droits en matière d’autodépistage et de services de soutien (counseling, arrimage aux services sociaux en général) lorsque cela est nécessaire.

*Les lignes directrices de l’OMS sur l’autodépistage et la notification des partenaires qualifient les groupes suivants de populations cibles : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes qui utilisent des drogues, les personnes incarcérées ou institutionnalisées, les travailleurs et travailleuses du sexe et les personnes transgenres. 

Ressources connexes

Atteindre le premier 90 : voici comment l’autodépistage du VIH peut nous aider à mettre fin à l’épidémie du VIH (billet de blogue de CATIE)

Je connais mon statut VIH  (CATIE)

Le transfert des tâches dans les services de dépistage du VIH  (CATIE)

Distribution de trousses d’auto-dépistage du VIH par des pairs  (CATIE)

 

Références

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  2. Organisation mondiale de la Santé. Autotest du VIH. Genève : Organisation mondiale de la Santé; nd. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/hiv/topics/self-testing/fr/
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À propos de l’auteur

Amanda Giacomazzo est la spécialiste en connaissances pour les programmes de traitement et de prévention chez CATIE. Elle détient une maîtrise en sciences de la santé avec une formation spécialisée en services de la santé et recherche sur les politiques. Elle a déjà travaillé dans le domaine de l’application des connaissances et de la santé publique au niveau provincial.