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Colombie-Britannique
L’hôpital St. Paul
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En quoi consiste le programme?

Le site de prévention des surdoses (SPS) à l’Hôpital St. Paul (géré par Providence Health Care) est un lieu exempt de jugements pour la consommation plus sécuritaire de drogues dans le quartier West End de Vancouver. Outre la surveillance et la prise en charge des surdoses, le SPS offre divers services de réduction des méfaits (p. ex., la prestation de matériel d’injection stérile, la mise au rebut sécuritaire du matériel usagé, l’analyse des drogues). Le SPS, sur le terrain de l’Hôpital St. Paul, sert des personnes hospitalisées ainsi que des membres de la communauté du West End.

L’autorité sanitaire locale, Vancouver Coastal Health (VCH), finance le projet par le biais de l’enveloppe budgétaire de la réponse à la crise de surdoses. VCH a délégué la responsabilité du fonctionnement quotidien du site à l’organisme RainCity Housing, qui a l’expérience d’un SPS à Vancouver.1 Pour sa part, Providence Health Care fournit l’espace sur le terrain de l’hôpital ainsi que la gestion des installations (p. ex., l’élimination des rebuts).

Ouvert le 8 mai 2018, ce site est le premier SPS à l’extérieur du quartier Downtown Eastside. On l’avait installé à l’origine sous une tente renforcée, dans le stationnement de l’Hôpital St. Paul ; il est à présent situé au sous-sol d’un bâtiment sur le campus de l’hôpital.

  1. RainCity Housing offre des services de logement et de soutien novateurs et spécialisés à des personnes vivant avec une maladie mentale, des dépendances et d’autres défis. Le travail des pairs est intégré dans l’ensemble de l’organisme et la réduction des méfaits est une valeur centrale de son travail : http://www.raincityhousing.org/what-we-do/

Raison d'être du programme

La Colombie-Britannique, comme plusieurs régions du Canada, est en pleine épidémie de surdoses d’opioïdes. Plus de 1 400 personnes sont décédées d’une surdose d’opioïdes en 2018, en C.-B.1 Puisqu’un pourcentage considérable des personnes hospitalisées à St. Paul font couramment usage de drogues et que plusieurs surdoses ont eu lieu dans l’hôpital, il a été établi que le campus de cet hôpital serait bien choisi pour un SPS.

L’Hôpital St. Paul (géré par Providence Health Care) a développé le SPS en partenariat avec RainCity Housing pour servir des patients de St. Paul et la communauté du West End.

  1. British Columbia Coroners Service. Illicit Drug Overdose Deaths in BC: January 1, 2009 – March 31, 2019. https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/birth-adoption-death-marriage-and-divorce/deaths/coroners-service/statistical/illicit-drug.pdf

Mise en œuvre du programme

Le SPS est aujourd’hui situé dans une salle au sous-sol d’un bâtiment sur le campus de l’Hôpital St. Paul. On peut s’y rendre entre 11 h et 23 h, sept jours sur sept. Le personnel est composé de pairs intervenants, de travailleurs de soutien et d’une gestionnaire. On a rénové la salle du SPS au début de 2019 grâce à des fonds venus de Providence Health Care. Les patients hospitalisés à St. Paul peuvent se diriger vers le SPS en suivant la signalisation ou en demandant au personnel hospitalier. Le SPS s’est fait connaître hors de l’hôpital principalement par le bouche-à-oreille.

Environ un quart de la clientèle du SPS est composé de personnes hospitalisées. Le site offre divers services. Son personnel est formé en premiers soins et aux techniques avancées de prise en charge des surdoses (p. ex., l’administration de naloxone, d’oxygène, la respiration de sauvetage). Il surveille si une surdose se produit et, au besoin, appelle les services d’urgence. Voici les services qu’offre le SPS :

  • surveillance des surdoses et intervention
  • trousses de naloxone à emporter et formation pour les utiliser — le SPS est un dispensaire agréé ; tout son personnel (c.-à-d. les pairs et le personnel de soutien en matière de logement) est formé pour fournir des trousses
  • accès à du matériel plus sécuritaire pour la consommation de drogues, y compris le matériel d’injection stérile (p. ex., seringues, tampons alcoolisés) et le matériel d’inhalation stérile (p. ex., tiges, grilles, pipes à boule), et élimination sécuritaire des seringues et aiguilles
  • soutien par les pairs (p. ex., pour déposer une demande de logement ou faire valoir les intérêts d’un client aux urgences de l’hôpital)
  • recommandations à des services communautaires et de santé, y compris pour le traitement par agonistes opioïdes et d’autres traitements (le personnel connaît bien les ressources offertes et les démarches de recommandation)
  • accompagnement ou recommandation aux services offerts à l’Hôpital St. Paul (p. ex., clinique de dépendance à accès rapide, département des urgences)
  • analyse des drogues au moyen de bandelettes de détection de fentanyl, pendant les heures de service ; et au moyen d’un spectromètre de masse par l’équipe de spectrométrie de Vancouver Coastal Health, à des moments établis, deux fois la semaine.

Le SPS est actuellement doté d’espaces de consommation plus sécuritaire de drogues pour jusqu’à quatre personnes à la fois, et espère pouvoir augmenter prochainement à six le nombre de places. Le site est également doté d’une table de travail pour le personnel et d’un « coin détente » où les clients peuvent s’asseoir après avoir consommé leur drogue. Des travaux sont en cours afin de rendre les lieux plus invitants.

Lors d’une visite typique, le client se voit d’abord remettre le matériel nécessaire à la consommation (p. ex., seringues, tampons alcoolisés, filtres, fiole d’eau stérile, chauffoir), puis est dirigé vers l’un des quatre isoloirs de consommation. Les isoloirs sont munis d’une chaise, d’une table et d’un conteneur pour la mise au rebut d’objets tranchants. L’espace détente pour accueillir les personnes qui viennent de consommer est supervisé par le personnel, qui peut saisir l’occasion pour interagir avec elles et leur offrir des recommandations à des services, au besoin. On peut y rester le temps voulu ; on peut s’y trouver avec un compagnon ou une compagne.

Certains clients visitent le SPS uniquement pour se procurer du matériel, puis quittent les lieux. Bien que le SPS offre du matériel pour l’inhalation plus sécuritaire, il ne dispose pas d’installations pour l’inhalation sur place. Si une personne souhaite fumer des drogues, elle peut recevoir le matériel nécessaire, puis on l’invite à informer un employé du lieu où elle se rend. Elle est également encouragée à revenir sur les lieux par la suite.

Des pairs-utilisateurs y travaillent par périodes de six heures par jour ; un ou deux pairs assurent chaque quart de travail ; les employés de soutien travaillent par période de quatre ou huit heures, un employé à la fois. Une gestionnaire de site y travaille 36 heures chaque semaine. Pendant les heures de service, on trouve toujours au moins un pair et un employé de soutien sur les lieux. Le site n’a pas de personnel médical, mais ses employés peuvent faire appel au personnel infirmier de l’hôpital pour discuter de cas ou pour poser des questions.

Puisque le SPS n’est pas directement lié aux services hospitaliers, les gestionnaires ont dû discuter avec les dirigeants de BC Ambulance pour leur faire connaître le site et faire en sorte que le service puisse répondre en cas d’urgence.

Le coût de démarrage du SPS, lorsqu’il était logé dans une tente, a été d’approximativement 5 000 $ (ce qui inclut le coût des isoloirs, de la tente, de l’ameublement, des cordons électriques ainsi que des tapis de plancher). Le coût total mensuel courant pour le site actuel (à l’intérieur) est de 19 876 $ — principalement pour la rémunération du personnel.

Ressources requises

  • Naloxone, oxygène
  • Accord du ministère provincial de la Santé
  • Financement
  • Pairs-intervenants et employés de soutien
  • Gestionnaire du site
  • Appui de l’équipe de direction de l’hôpital
  • Lieu pour fournir le service (p. ex. tente, roulotte, salle)
  • Matériel de consommation plus sécuritaire de drogues
  • Service de collecte des seringues usagées (inclus dans les services de l’hôpital)

Défis

  • Il était difficile de fonctionner dans une tente, car les éléments endommageaient le matériel et l’ameublement. Les clients avaient de la difficulté à utiliser le site lorsqu’il faisait froid, en raison d’une moins bonne circulation sanguine. Par conséquent, on a déplacé le SPS à l’intérieur durant les mois d’hiver. Le choix de l’emplacement le plus approprié — dans l’hôpital ou à l’extérieur — fut difficile.
  • À l’heure actuelle, le SPS n’offre pas de services pour l’inhalation plus sécuritaire, bien que des clients en aient signalé la nécessité.

Évaluation du programme

Du 8 mai 2018 au 31 mars 2019, le site a reçu 7 550 visites, dont 1 573 étaient des visites de personnes hospitalisées (soit 21 % du nombre total de visites).

Il y a eu 18 incidents de surdose ; on a administré de la naloxone à 16 personnes et sept individus ont été transférés aux urgences.

Leçons tirées

  • Créer un environnement accueillant et confortable a été une facette importante de l’instauration du SPS. Le succès de l’initiative est en grande partie attribué aux pairs qui font partie du personnel du site.
  • Un plaidoyer accru est nécessaire afin que la rémunération des pairs soit appropriée pour le travail qu’ils effectuent. Ce plaidoyer pour une juste compensation des pairs serait rehaussé si l’on clarifiait le rôle des pairs, notamment l’ampleur et l’intensité de ce rôle, ainsi que la nécessité d’une formation avancée.
  • Des efforts antérieurs de promotion et d’éducation à l’interne (pour la population plus générale du personnel de l’hôpital), concernant la prévention des surdoses et les services du SPS à l’Hôpital St. Paul, auraient été utiles. Il pourrait être bénéfique d’expliquer l’importance du SPS aux employés qui n’y sont pas directement reliés, de même que ses répercussions positives dans la communauté.
  • Il est important de réfléchir tôt aux plans d’avenir, y compris aux plans concernant l’espace et à l’adaptation aux défis des conditions météorologiques si le site est à l’extérieur (en particulier l’hiver). L’amorce précoce de ces discussions pourrait rehausser la communication avec les partenaires et permettre de mobiliser plus tôt les ressources et installations nécessaires.
  • Il y avait à l’Hôpital St. Paul un porte-étendard pour la création du SPS ; cette personne a fait valoir à l’équipe de haute direction de l’hôpital le bien-fondé d’instaurer ce site ; ceci a stimulé le soutien à l’égard de l’initiative. Le SPS a reçu l’appui de la Downtown Vancouver Business Improvement Association et aucune réaction négative n’a émané jusqu’ici de la communauté. La présence d’un porte-étendard intra-muros et d’appuis externes a été importante pour la création du SPS.

Coordonnées

Melissa Nicholson
Hôpital St. Paul
1081 Burrard Street
Vancouver, BC V6Z 1Y6

Courriel : Melissa.Nicholson2@vch.ca
Téléphone : 604-806-8279