Project PrEPare 2
États-Unis
2017
Un projet de démonstration1 américain a établi que les jeunes hommes gais, bisexuels et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) qui ont de façon continue des rapports sexuels pouvant les exposer au VIH estiment que les soins et le soutien liés à la prise de la prophylaxie pré-exposition (PPrE ou PrEP) sont acceptables. L’étude a également indiqué qu’à long terme, les jeunes HARSAH pourraient faire face à des défis importants quant à l’observance, suggérant que ces derniers pourraient avoir besoin de soins et de soutien intensifs durant la prise de la PrEP.
Projet PrEPare 2
Le Projet PrEPare 2 était un projet de démonstration de la PrEP qui a recruté de jeunes HARSAH dans 12 sites urbains aux États-Unis entre janvier et septembre 2013. Les objectifs de l’étude visaient à :
- renforcer les données probantes quant à l’innocuité de Truvada comme PrEP chez les jeunes HARSAH séronégatifs
- examiner l’acceptabilité de la PrEP, les habitudes d'utilisation, le taux d’observance et les concentrations sanguines du médicament
- examiner les habitudes de comportements à risque lorsqu’on offre aux jeunes HARSAH une intervention en matière de comportement fondée sur des données probantes avant l’initiation à la PrEP (Many Men, Many Voices (3MV) ou du counseling cognitif personnalisé (CCP))
Les jeunes hommes étaient admissibles à participer à l’étude, s’ils :
- étaient nés de sexe masculin
- étaient âgés de 18 à 22 ans
- étaient séronégatifs au moment du dépistage
- avaient signalé avoir un comportement à risque de transmettre le VIH
Les participants ont pris part soit à l’intervention 3MV ou au CCP selon le site de l’étude. Lorsque l’intervention en matière de comportement était terminée, on fixait la première visite avec les participants. Lors de cette visite, ils obtenaient davantage d’éducation sur la PrEP et on leur remettait une provision de 30 jours de Truvada.
Les participants retournaient pour des visites à la clinique toutes les quatre semaines pendant les trois premiers mois de l’étude et ensuite, tous les trois mois pour le reste de la période de 12 mois de l’étude. Lors de chaque visite, les antécédents médicaux étaient notés pour détecter tout signe et symptôme de maladies et un examen physique était effectué en fonction des symptômes signalés. On recueillait également les données comportementales.
Lors de chaque visite, les participants ont subi un test de dépistage du VIH, de l’hépatite B, de la gonorrhée et de la chlamydia; un test pour vérifier le fonctionnement des reins, du foie et du pancréas et un test pour déterminer l’observance à la PrEP à l’aide d’échantillons de sang séché. On collectait des prélèvements (écouvillons) rectaux pour la chlamydia et la gonorrhée au début de l’étude, aux six mois et aux douze mois ou lorsque nécessaire cliniquement. Des tests de syphilis ont été effectués au début et ensuite à la fin de l’étude, sauf si des symptômes se présentaient. Les participants recevaient également une trousse exhaustive de prévention du VIH qui incluait du counseling en réduction des risques, des condoms, le dépistage et le traitement des infections transmissibles sexuellement (ITS) et ils rencontraient un intervenant.
Qui a participé au Projet PrEPare 2?
Deux cents jeunes HARSAH se sont inscrits à l’étude. L’âge moyen était de 20 ans. Soixante-six pour cent des participants s’identifiaient comme étant de race noire, 29 % s’identifiaient comme étant de race blanche et 26 % s’identifiaient comme d’origine latino. La plupart des participants s’identifiaient comme gais (78 %) ou bisexuels (14 %). Trente pour cent étaient sans emploi, 29 % n’avaient jamais échangé de faveurs sexuelles contre de l’argent et 15 % avaient déjà été des sans-abris. Le taux de rétention à l’étude était de 71 %.
La PrEP est sécuritaire pour les jeunes HARSAH
L’étude a démontré que les effets secondaires, tels les nausées, la perte de poids et les maux de tête associés à la prise de Truvada cessaient lorsque les sujets arrêtaient de prendre le médicament. Une réduction faible, mais non négligeable de la densité minérale osseuse a été observée chez les participants. Aucun dommage aux reins des participants n’a été signalé.
Les soins liés à la PrEP sont acceptables pour les jeunes HARSAH
Lors de l’étude, plus de 90 % des participants ont dit qu’ils aimaient les soins liés à la PrEP (ou qu’ils les aimaient beaucoup), notamment le dépistage régulier des ITS, les examens physiques et le counseling. Soixante pour cent d’entre eux considéraient comme acceptable de prendre un comprimé de Truvada tous les jours.
L’observance à la PrEP diminue à mesure qu’augmentent les intervalles entre les visites à la clinique
On pouvait détecter le Truvada dans le sang de 90 % des participants au cours des trois premiers mois de l’étude. Ce taux est passé à 81 % après six mois pour encore diminuer à 69 % à la fin de l’étude.
Même si 69 % des participants présentaient des taux détectables de Truvada dans leur sang à la fin de l’étude, seulement 34 % d’entre eux possédaient un niveau de protection suffisant du Truvada dans leur sang. Les taux moyens de Truvada dans le sang des participants de race noire étaient sous le niveau de protection à chaque point de mesure au cours de l’étude.
Les raisons les plus fréquemment mentionnées chez tous les participants pour expliquer la faible observance étaient les oublis (29 %), les voyages (27 %) et le train de vie occupé (27 %).
Les taux d’ITS demeurent élevés
Vingt-deux pour cent des participants ont reçu un diagnostic d’une ITS au début de l’étude. Dans l’ensemble, les diagnostics d’ITS sont demeurés élevés tout au cours de l’étude avec un taux d’incidence de 66 par 100 années-personnes.
Les séroconversions au VIH
Quatre hommes se sont séroconvertis au cours de l’étude; aucun d’eux ne présentait des taux détectables de Truvada dans l’échantillon de sang recueilli tout juste avant leur séroconversion.
Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?
L’étude du Projet PrEPare 2 a démontré que les jeunes HARSAH qui ont de façon continue des rapports sexuels pouvant les exposer au VIH estiment que les soins liés à la PrEP sont acceptables. L’étude a par contre démontré que les jeunes HARSAH estiment difficile l’observance à la médication, surtout quand les intervalles entre les visites sont passés d’un à trois mois. Des visites cliniques plus fréquentes pourraient être des soins optimaux pour les jeunes HARSAH suivant un traitement de PrEP.
Les fournisseurs de services offrant des soins et du soutien liés à la PrEP pourraient envisager de personnaliser leurs programmes de soutien en fonction de leurs clients — dont des programmes adaptés à la culture et à l’âge — afin d’améliorer les taux d’observance chez les HARSAH plus jeunes.
Référence
Hosek S, Landovitz R, Kapogiannis B, et al. An HIV pre-exposure prophylaxis (PrEP) demonstration project and safety study for young MSM. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2017 Jan 1;74(1):21-29.