AIMS
les Pays-Bas
2017
Une étude effectuée aux Pays-Bas1 a conclu qu’une intervention comportementale offerte par des infirmières qui se servent des données provenant de moniteurs électroniques de médicaments pour améliorer l’observance thérapeutique au TAR a suscité une amélioration des résultats pour la santé. De plus, une analyse économique a révélé que cette intervention permettait de réaliser des économies.
Adherence Improving self-Management Strategy (AIMS) = Stratégie autogérée pour améliorer l’observance
L’AIMS consiste en une intervention comportementale individuelle, dirigée par des infirmières, qui incorpore la rétroaction sur l’observance captée par les couvercles des flacons équipés du Système de surveillance des événements médicamenteux (MEMS) (c.-à-d. un flacon électronique de comprimés qui capte de l’information sur la date et l’heure où le flacon est ouvert) et qui [en tant que programme] est conçue pour s’intégrer dans les consultations de routine en clinique.
Pour cette étude, 21 infirmières spécialisées en VIH provenant de sept cliniques participantes ont suivi trois séances de formation sur l’AIMS, notamment sur la façon d’utiliser les flacons équipés de couvercles MEMS, sur le logiciel et la façon de diriger l’intervention comportementale. Chaque séance de formation durait six heures (18 heures en tout). Une séance de rappel d’une heure et demie a été offerte à des groupes de deux à trois infirmières de chaque clinique après que les infirmières aient reçu la visite de deux à trois patients.
L’étude
Les chercheurs néerlandais ont effectué un essai ouvert randomisé multicentrique dans sept cliniques spécialisées en VIH entre 2011 et 2014. Les participants à l’étude ont été choisis au hasard pour recevoir les interventions de l’étude, c’est-à-dire l’AIMS (109 patients) ou la poursuite du traitement comme d’habitude (112 patients) dans le but d’évaluer l’intervention AIMS.
Les participants pouvaient participer à l’étude s’ils commençaient leur premier traitement VIH (patient naïf au traitement) ou s’ils étaient sous TAR depuis au moins neuf mois (patient déjà traité) et qu’ils présentaient une charge virale indétectable, mais qui risquaient de voir celle-ci devenir à nouveau détectable (remontée de la charge virale). Les chercheurs considéraient les participants à risque de voir une remontée de leur charge virale s’ils avaient eu au moins une charge virale détectable au cours des trois dernières années et si les chercheurs déterminaient qu’ils avaient présenté une observance thérapeutique sous-optimale durant deux mois de contrôle de base des couvercles.
Lors des visites en clinique, les infirmières téléchargeaient les données enregistrées par les couvercles MEMS et les utilisaient pour générer des rapports illustrant les tendances de l’observance des patients. Ces rapports étaient ensuite utilisés pour orienter les discussions entre l’infirmière et le participant afin de maintenir ou d'améliorer l’observance du participant. Si le participant continuait d’éprouver des problèmes d’observance, des consultations plus fréquentes auprès de l’infirmière étaient une option.
Les chercheurs mesuraient la charge virale plasmatique et le compte de CD4+ au début et après environ cinq mois, 10 mois et 15 mois dans le cadre des soins de routine de chaque participant. Pour les participants qui commençaient un traitement pour la première fois, le premier suivi se faisait après six mois pour permettre à leur charge virale de devenir indétectable.
Les participants ont été suivis pendant en moyenne 14,6 mois. Le nombre moyen de visites (3,2) étaient le même pour les deux groupes, soit l’AIMS et le groupe de traitement de routine. Au sein de ce dernier, la durée moyenne passée dans chaque clinique était de 19 minutes, tandis que la durée moyenne pour le groupe AIMS était de 29 minutes. Au cours de toute la durée de l’étude, les visites du groupe AIMS ont duré en moyenne 35 minutes de plus que celles du groupe de traitement de routine.
À la fin de l’étude, davantage de patients faisant partie du groupe qui recevait le traitement comme d’habitude présentaient une charge virale détectable (16,7 %) comparativement à ceux qui avaient reçu l’AIMS (9,6 %). Ces résultats étaient les mêmes, quelle que soit l’infirmière particulière qui avait dispensé les soins. De plus, les patients du groupe suivant le traitement comme d’habitude étaient beaucoup plus nombreux (22,8 %) à connaître un échec thérapeutique (se définissant comme deux charges virales détectables consécutives) que les patients du groupe AIMS (9,0 %). Ces résultats étaient semblables, peu importe si les participants ne faisaient que commencer le traitement ou s’ils en suivaient un depuis quelque temps.
Au cours de l’étude, les comptes de CD4+ moyens ont augmenté parmi les deux groupes, mais ils étaient considérablement plus élevés au 15e mois parmi les participants recevant l’AIMS comparativement à ceux qui avaient reçu le traitement comme d’habitude.
Une analyse économique de l’AIMS a estimé que cette intervention réduisait les coûts de santé pour la durée de la vie dans une proportion de 592 euros (environ 837 $ CDN ou 628 $ US) par patient. Une analyse plus poussée a démontré que si la stratégie AIMS était mise en œuvre auprès de 10 000 patients et qu’elle continuait pendant 18 mois, les systèmes de santé connaîtraient des économies de 6 millions d’euros (environ 8,7 millions $CDN ou 6,5 millions $US).
Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?
Cette étude a démontré que les patients qui ont bénéficié d’une intervention AIMS pour améliorer leur observance ont obtenu de meilleurs résultats cliniques, y compris une amélioration de la charge virale et des comptes de CD4+ comparativement aux patients qui avaient reçu des soins réguliers. De plus, les chercheurs ont conclu que l’intervention pouvait permettre de réaliser des économies par rapport aux soins associés au traitement habituel. L’un des avantages de cette intervention est qu’elle peut être incorporée dans les rendez-vous prévus en clinique.
La mise en œuvre de programmes permettant d’améliorer l’observance peut engendrer un nombre accru de personnes vivant avec le VIH qui présentent une charge virale indétectable. Des bienfaits à long terme pour la santé sont associés au fait d’avoir une charge indétectable, qui permet également de réduire considérablement le risque de transmission du VIH.
Référence
de Bruin, M.; Oberjé, E. J.; Viechtbauer, W.; et coll., Effectiveness and cost-effectiveness of a nurse-delivered intervention to improve adherence to treatment for HIV: a pragmatic, multicentre, open-label, randomised clinical trial, Lancet Infectious Diseases, 2017;17(6): pp. 595–604.