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CATIE
  • La fragilité est plus courante chez les personnes vivant avec le VIH que chez leurs pairs séronégatifs
  • Une étude néerlandaise a révélé que l’obésité abdominale, les comorbidités et la dépression joueraient un rôle
  • Selon les chercheurs, on peut prévenir et inverser les facteurs à l’origine de la fragilité

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Les combinaisons de médicaments anti-VIH puissants (TAR) ont eu une incidence énorme sur l’épidémie du VIH, de sorte que la recherche laisse penser que de nombreux utilisateurs du TAR ont une espérance de vie quasi normale de nos jours. Il n’est donc pas surprenant que de plus en plus de personnes séropositives vivent maintenant plus longtemps et aient dépassé le cap des 50 ans en Amérique du Nord et en Europe.

À mesure que les gens vieillissent, ils deviennent sujets à de nombreux problèmes de santé que l’on appelle des comorbidités, tels que l’hypertension, les anomalies du sucre sanguin et du cholestérol, les lésions rénales et l’amincissement osseux. À long terme, ces comorbidités, et vraisemblablement d’autres facteurs, font augmenter le risque de connaître une mauvaise santé, ainsi que le risque de chutes, d’hospitalisation, d’invalidité et de réduction de l’espérance de vie.

La recherche donne à penser que l’infection au VIH peut accélérer le processus de vieillissement. Il est toutefois possible d’atténuer significativement cette accélération en commençant et en continuant de prendre un TAR. Cependant, comme de nombreuses personnes ne savent pas à quel moment précis elles ont contracté l’infection, l’amorce du TAR est retardée. Ce retard peut durer plusieurs mois voire des années. Pendant la période sans TAR, le processus de vieillissement s’accélère, et le risque de comorbidités futures peut augmenter.

Vieillir à Amsterdam

Des chercheurs d’Amsterdam ont recruté un groupe de personnes séropositives et de personnes séronégatives issues de milieux sociodémographiques semblables pour participer à une étude sur le vieillissement appelée AGEhIV.

Cette équipe de chercheurs avait déjà publié des rapports utiles sur le vieillissement et le VIH par le passé. Lors de leur plus récente analyse, les chercheurs ont constaté que les personnes séropositives étaient plus à risque de connaître un certain degré de fragilité. Le risque était influencé par des facteurs comme l’obésité abdominale, le nombre de comorbidités et les symptômes de dépression. Des études sont nécessaires pour déterminer si les interventions visant à contrer ces facteurs peuvent réduire le risque de fragilité des personnes séropositives.

À propos de la fragilité

Les chercheurs ont évalué la fragilité lors des consultations en lien avec l’étude et se sont concentrés sur les problèmes suivants :

  • perte de poids involontaire
  • faible niveau d’activité physique
  • épuisement
  • baisse de la force de préhension (capacité de serrer un objet dans sa main)
  • démarche plus lente que la normale

Les chercheurs ont utilisé les données glanées lors des évaluations pour classer les participants. Ils ont attribué un score de fragilité à chaque personne puis ont affecté celle-ci à l’un des groupes suivants en fonction de son score :

  • robuste
  • préfragile
  • fragile

Les chercheurs ont analysé des informations se rapportant à la santé de 497 personnes séropositives et de 479 personnes séronégatives qui avaient été suivies entre octobre 2010 et octobre 2016. Les participants séropositifs avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • âge : 53 ans
  • 89 % d’hommes (dont 75 % d’hommes gais ou bisexuels), 11 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 90 %; personnes de couleur : 10 %
  • fumeurs actuels : 32 %
  • comorbidités : aucune – 48 %; une seule – 31 %; deux ou davantage – 21 %
  • répartition des cas de fragilité : robuste – 37 %; préfragile – 52 %; fragile – 11 %
  • compte de CD4+ : 565 cellules/mm3
  • antécédents de sida : 32 %
  • proportion sous TAR : 95 %
  • proportion ayant une charge virale supprimée : 95 %
  • durée de l’infection au VIH : 12 ans

Résultats

Selon les chercheurs, les cas de fragilité se répartissaient comme suit :

Robuste
personnes séropositives : 37 %
personnes séronégatives : 61 %

Préfragile
personnes séropositives : 52 %
personnes séronégatives : 36 %

Fragile
personnes séropositives : 11 %
personnes séronégatives : 3 %

Ces chiffres révèlent que, dans l’ensemble, les personnes séropositives avaient une condition physique plus faible.

Transitions entre les états de fragilité

Au cours de l’étude, les chercheurs ont constaté que 37 % des personnes séropositives conservaient leur état de santé robuste. Quant aux personnes séropositives restantes, elles ont été réparties dans les deux groupes suivants :

Progression vers la fragilité : 46 %
Les participants de ce groupe ont connu une détérioration de leur état, qui est passé de robuste à préfragile ou encore de préfragile à fragile.

Progression vers la robustesse : 54 %
Les participants de ce groupe ont connu une amélioration de leur état, qui est passé de fragile à préfragile ou encore de préfragile à robuste.

Au cours de l’étude, les chercheurs ont constaté que la plupart des transitions avaient lieu entre un état de robustesse et un état de préfragilité, ou encore dans le sens contraire. Les transitions directes entre un état de robustesse et un état de fragilité, ou le contraire, ont été rares.

Trente-huit décès se sont produits dans les proportions suivantes :

  • personnes séropositives : 5 %
  • personnes séronégatives : 1 %

Les causes de décès et d’hospitalisation n’ont pas été précisées.

Facteurs contribuant à la transition vers la fragilité

Chez les personnes séropositives, les facteurs suivants ont joué un rôle dans la transition vers la fragilité :

  • obésité abdominale
  • nombre plus élevé de comorbidités
  • symptômes de dépression

Mise au profit du dynamisme des transitions entre les états de fragilité

Selon les chercheurs néerlandais, les personnes séropositives inscrites à cette étude représentent « une population abondamment traitée… avec une infection au VIH de très longue date, une exposition de longue durée au TAR et d’excellents taux de suppression virale ». Plusieurs facteurs influencent le risque de fragilité, et « la fragilité se trouve à l’extrémité de ce qui est un phénotype hautement transitionnel », ont-ils affirmé. En d’autres mots, la transition entre les états de fragilité est dynamique et peut s’opérer dans une direction ou l’autre.

Les chercheurs ont affirmé que les facteurs à l’origine de la fragilité, soit l’obésité, les comorbidités et les symptômes de dépression, étaient « potentiellement évitables et réversibles, et méritaient donc de l’attention dans le cadre des soins du VIH réguliers ». Les chercheurs encouragent les médecins et les infirmières à porter « une attention suffisante aux symptômes de la dépression lorsqu’ils soignent [des personnes séropositives], non seulement pour améliorer leur santé mentale, mais aussi pour aider éventuellement à préserver leur santé physique maintenant et à l’avenir ».

Selon les chercheurs, une revue d’études menées auprès de personnes séronégatives a laissé croire que « l’augmentation de l’activité physique réduisait significativement la fragilité ». Il est donc plausible, sinon probable qu’une intervention semblable procurerait des bienfaits aux personnes séropositives. Il reste que des essais cliniques sont nécessaires pour étudier et peaufiner les interventions afin d’améliorer la santé et le bien-être des personnes vivant avec le VIH.

–Sean R. Hosein

Ressources

Des chercheurs albertains constatent des taux de fragilité élevés chez des personnes séropositives âgées et d’âge moyenNouvelles CATIE

Les interventions pour contrer la fragilité pourraient améliorer la santé des personnes séropositivesNouvelles CATIE

La fragilité, les lésions nerveuses et les chutes chez les personnes séropositives d’âge moyen et plus âgéesNouvelles CATIE

Facteurs liés aux chutes chez les femmes d’âge moyenTraitementActualités 218

L’exercice comme médecineTraitementActualités 234

Une étude trouve que la graisse s’accumule et que le muscle diminue avec le tempsTraitementActualités 235

RÉFÉRENCES :

  1. Verheij E, Wit FW, Verboeket SO, et al. Frequency, risk factors and mediators of frailty transitions during long-term follow-up among people with HIV and HIV-negative AGEhIV cohort participants. JAIDS. 2020; sous presse.
  2. Sehl ME, Rickabaugh TM, Shih R, et al. The effects of anti-retroviral therapy on epigenetic age acceleration observed in HIV-1-infected adults. Pathogens and Immunity. 2020; sous presse.
  3. Guaraldi G, De Francesco D, Milic J, Franconi I, Mussini C, Falutz J, Cesari M. The interplay between age and frailty in people living with HIV: Results from an 11-year follow-up observational study. Open Forum Infectious Diseases. 2019 May 17;6(5):ofz199.