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CATIE
  • Des chercheurs ontariens ont analysé les résultats obtenus auprès de patients hospitalisés pour des problèmes de santé mentale.
  • L’étude a comparé des patients séropositifs et séronégatifs 90 jours après la fin d’une période d’hospitalisation.
  • Les patients séropositifs étaient plus susceptibles de chercher des soins urgents pour la consommation de substances.

Nombre d’études ont révélé que les problèmes de santé mentale sont relativement courants parmi les personnes séropositives. Les problèmes de santé mentale non diagnostiqués, non traités ou mal gérés peuvent nuire à la qualité de vie et compromettre la capacité des patients de prendre leur traitement contre le VIH (TAR) et de respecter leurs rendez-vous réguliers chez le médecin et au laboratoire. Les problèmes de santé mentale nécessitent des soins et un suivi afin de minimiser leur impact négatif et le risque de récurrence.

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Des chercheurs affiliés à d’importants instituts de recherche de l’Ontario ont collaboré à une étude afin d’analyser les résultats obtenus auprès de patients (avec ou sans l’infection au VIH) hospitalisés pour des problèmes de santé mentale graves. Les chercheurs s’intéressaient à savoir ce qui arrivait aux participants après être sortis de l’hôpital. Ils se sont concentrés sur la période allant du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2014. Durant cette période, 1 089 personnes ayant l’infection au VIH et 280 888 personnes n’ayant pas l’infection au VIH avaient été hospitalisées pour des problèmes de santé mentale graves.

Résultats : après l’hôpital

Les chercheurs ont trouvé que les proportions de participants décédés dans les 30 jours suivant leur départ de l’hôpital étaient semblables (environ 1 %) parmi les personnes séronégatives et les personnes séropositives. Dans les 90 jours suivant leur départ, les participants ne couraient aucun risque accru de se faire réadmettre à l’hôpital ou de devoir aller à l’urgence pour une maladie psychiatrique et l’infection au VIH. Toutefois, au cours de cette même période de 90 jours, les chercheurs ont constaté que les personnes séropositives étaient plus à risque de se rendre au service des urgences pour un problème de consommation de substances. Les personnes séropositives étaient également moins susceptibles d’avoir accès aux soins de santé mentale durant cette période.

Explorer les raisons possibles

La présente étude a examiné les tendances générales mais les chercheurs n’ont pas analysé de données personnelles détaillées, tels les dossiers médicaux, et n’ont pas interrogé de professionnels de la santé ou de patients. Par conséquent, l’équipe n’a pas été en mesure d’expliquer directement les tendances découvertes. Cependant, en s’appuyant sur l’analyse d’autres études, les chercheurs ont avancé des explications possibles de leurs résultats en fonction du sexe :

Femmes

  • « Les femmes aux prises avec un trouble de consommation font état de plus de stigmatisation et de discrimination de la part des professionnels de la santé que les hommes, et ces expériences peuvent être amplifiées par la stigmatisation du VIH et compromettre la recherche de soins de santé et le recours aux soins après le congé [de l’hôpital]. »
  • « La violence fondée sur le sexe est jusqu’à cinq fois plus courante parmi les femmes ayant un trouble de consommation de substances par rapport à la population générale de femmes, et pourrait être plus intense parmi les femmes séropositives que parmi les femmes séronégatives. La violence fondée sur le sexe limite la participation aux services de traitement de la toxicomanie, l’accès aux soins du VIH et [l’observance du traitement anti-VIH]. »
  • « Il est possible que la réduction des méfaits et les services de traitement de la toxicomanie soient moins accessibles physiquement aux femmes, et plus particulièrement à celles impliquées dans le travail du sexe, qui a souvent lieu dans des endroits situés loin de ces services. »

Hommes

Des études menées aux États-Unis ont également révélé que les hommes séropositifs affichaient des taux plus élevés de consommation problématique de substances que les hommes séronégatifs. Les chercheurs ont affirmé que les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) représentaient « plus de 80 % des diagnostics de VIH parmi les hommes de l’Ontario ». Ils ont également affirmé que la violence entre partenaires intimes se produisait parmi les HARSAH « dans des proportions semblables à celles des femmes et a été associée à la consommation de substances et à l’hospitalisation parmi les hommes gais et bisexuels séropositifs. » Les chercheurs ont fait la déclaration suivante :

  • « Il est donc concevable que la violence entre partenaires intimes soit un déterminant important de l’utilisation post-hospitalisation des services des urgences et de l’hospitalisation parmi les hommes ayant le VIH, et que le dépistage et le soutien connexe soient considérés comme un élément des soins post-hospitalisation destinés à cette population. »

Interventions possibles

Les chercheurs ont proposé que les systèmes de santé « intègrent la prise en charge [médicale] des troubles de consommation de substances et du VIH ». Une telle intégration permettrait la continuation des soins pour les problèmes de santé mentale peu de temps après la fin de l’hospitalisation et devrait aider à réduire le nombre de réadmissions au service des urgences pour la recherche d’aide psychiatrique. Les chercheurs ont également soulevé la question d’« intégrer davantage les interventions centrées sur les traumatismes qui abordent la violence fondée sur le sexe et le trouble de stress post-traumatique associé ».

Les chercheurs ont également affirmé que « le VIH ajoute une couche de stigmatisation à celle imposée par les maladies mentales, ce qui pourrait compromettre encore l’accès aux soins ». Pour améliorer l’arrimage aux soins, les chercheurs ont suggéré les interventions suivantes :

  • suivi téléphonique post-hospitalisation
  • visites à domicile de la part d’infirmières et de « gestionnaires de la transition » (pour les personnes faisant la transition entre les soins hospitaliers et les soins dispensés dans un autre contexte)

Les chercheurs ont souligné que les interventions de ce genre s’étaient révélées utiles dans d’autres contextes et devraient être évaluées chez des personnes séropositives.

À retenir

La présente étude est imparfaite; les chercheurs n’ont pas été en mesure de recueillir des données personnelles détaillées parce qu’ils n’avaient pas accès aux dossiers médicaux et n’ont pas interrogé de médecins ou de patients. Cependant, leurs résultats mènent à la conclusion que certaines personnes séropositives sont plus à risque de devoir visiter un service des urgences pour un trouble de consommation de substances dans les 90 jours suivant une hospitalisation pour un problème de santé mentale. Les chercheurs réclament « la mise en œuvre et l’évaluation d’interventions qui facilitent la transition post-hospitalisation vers les soins de toute personne admise pour une maladie psychiatrique, ainsi que l’intégration des services VIH, de réduction des méfaits, de santé mentale et des services centrés sur les traumatismes pour les personnes ayant le VIH ».

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Lau C, Kendall CE, Burchell AN, et al. Outcomes among persons with HIV following a mental health admission: A population-based study. AIDS Research and Human Retroviruses. 2018; in press.