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CATIE
  • Des rapports portent à croire que le VIH progresse plus rapidement en Saskatchewan.
  • Des chercheurs ont analysé les séquences génétiques du VIH chez des personnes vivant dans la province.
  • Ils ont découvert des souches du VIH qui se sont adaptées aux défenses immunitaires de certaines personnes.

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Le système immunitaire consiste en un réseau de cellules, de tissus et d’organes qui sont tous organisés afin de défendre l’organisme contre les germes et les tumeurs nuisibles. Toutefois, chez la vaste majorité des personnes qui se font infecter par le VIH, le virus réussit rapidement à contourner les défenses du système immunitaire. De plus, le VIH peut changer, ou muter, relativement rapidement. Cette fréquence élevée de mutations peut faire en sorte que le système immunitaire a plus de difficulté à organiser une réponse efficace contre le VIH. Par conséquent, si l’infection au VIH n’est pas diagnostiquée et traitée, le système immunitaire s’affaiblit incessamment et des infections et des cancers potentiellement mortels – signes distinctifs du sida – commencent à se produire chez les adultes environ 10 à 12 ans après l’infection initiale. La période entre l’infection initiale et l’apparition du sida dans les cas d’infection au VIH non traitée peut varier selon les gènes de la personne, la force (ou virulence) du VIH et la présence de co-infections comme le virus de l’hépatite C, entre autres facteurs.

Le VIH en Saskatchewan

En Saskatchewan, une épidémie concentrée du VIH a émergé. Le taux moyen de nouvelles infections en Saskatchewan est à peu près deux fois plus élevé que dans le reste du Canada et figure parmi les plus élevés en Amérique du Nord. Selon les chercheurs, environ 60 % des nouvelles infections en Saskatchewan seraient transmises par le partage de matériel servant à l’injection de drogues. Environ 80 % des personnes vivant avec le VIH dans cette province s’identifient comme des Autochtones.

Des rapports en provenance de la Saskatchewan portent à croire que les dommages immunitaires causés par le VIH se produisent de façon accélérée chez certains résidants de la province. De plus, selon les estimations d’un rapport du ministère de la Santé de la Saskatchewan, près de 50 % des personnes ayant fait l’objet d’un nouveau diagnostic de sida entre 2007 et 2016 sont décédées.

Ces différents facteurs soulèvent la possibilité que les souches du VIH circulant en Saskatchewan soient plus virulentes chez certaines personnes. Pour y voir plus clair, des chercheurs de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique ont collaboré à une étude afin de mieux comprendre le VIH et son impact en Saskatchewan. Les chercheurs ont analysé les changements dans un gène du VIH prélevé entre 2000 et 2016 en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et dans d’autres régions du Canada et des États-Unis. Les données analysées ne pouvaient être associées à aucune personne particulière et consistaient seulement en la séquence génétique du VIH et la date où elle a été recueillie.

Cette recherche porte à croire qu’il existe en Saskatchewan des souches du VIH qui se sont adaptées à des variantes des gènes qui aident à réguler la réponse du système immunitaire au virus. De plus, il semble que les souches du VIH en question se soient adaptées spécifiquement aux réponses immunitaires les plus courantes chez les personnes ayant le VIH et chez de nombreuses personnes ayant contracté subséquemment le VIH. Nous expliquons plus loin cette relation entre les gènes d’une personne et la réponse immunitaire au VIH.

Résultats clés

Les souches du VIH en Saskatchewan se sont adaptées à la population de cette province. Au fil du temps, le VIH semble avoir acquis la capacité d’éluder les défenses immunitaires de nombreuses personnes en Saskatchewan. Il est probable que cette capacité du VIH à éluder la réponse immunitaire a accéléré le rythme des dommages immunologiques. Cela veut dire que les personnes qui deviennent séropositives en Saskatchewan sont susceptibles de tomber malades plus rapidement que les personnes vivant avec le VIH dans d’autres parties du Canada et des États-Unis si elles ne suivent pas de traitement antirétroviral (TAR) de façon continue.

Cette adaptation du VIH à la réponse immunitaire dépend de la présence de certains gènes chez la personne touchée. Dans la présente étude, le VIH semble s’être adapté aux gènes que l’on retrouve le plus couramment, mais pas exclusivement, chez les Autochtones de la Saskatchewan.

Implications

Les principaux chercheurs de l’étude, Jeffrey Joy, Ph. D., du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique et de l’Université de la Colombie-Britannique, et Zabrina Brumme, Ph. D., de l’Université Simon Fraser, ont affirmé que ces résultats soulignaient la nécessité des interventions suivantes, entre autres :

  • Les personnes ayant des relations sexuelles sans condom et/ou qui s’injectent des drogues devraient se faire tester régulièrement pour le VIH.
  • Les personnes recevant un résultat de séropositivité devraient être orientées rapidement vers des soins afin qu’elles puissent se voir offrir un traitement.
  • Les personnes recevant un résultat négatif au test de dépistage du VIH devraient recevoir un counseling culturellement compétent sur les façons de réduire le risque d’infection par le VIH; ce counseling devrait couvrir les services de réduction des méfaits, le traitement de substitution aux opioïdes et l’accès à la PrEP (prophylaxie pré-exposition du VIH).

Selon les Drs Joy et Brumme, la bonne nouvelle est la suivante : les personnes séropositives de la Saskatchewan qui sont infectées par ces souches du VIH répondent bien au TAR et peuvent vivre longtemps en bonne santé, tout comme les nombreuses autres personnes sous TAR qui reçoivent des soins continus au Canada.

Selon le Dr Joy, bien que la réponse immunitaire et les gènes auxquels le VIH s’est adapté se trouvent le plus souvent chez des Autochtones, ils se trouvent aussi chez des non-Autochtones.

Espérons que les résultats de cette étude stimuleront des efforts pour aider plus de personnes en Saskatchewan à rester en bonne santé et à réduire la propagation du VIH.

Pourquoi le VIH s’est-il adapté en Saskatchewan?

Un groupe de cellules immunitaires appelés cellules T aident à combattre le VIH dans le corps. De plus, la capacité que possède le VIH d’éluder les effets des cellules T est étroitement liée à certains gènes associés au système immunitaire. Chez les personnes ne prenant pas de TAR, le VIH mute relativement rapidement et il est presque inévitable qu’il trouve un moyen d’éluder la réponse immunitaire. Voilà pourquoi le TAR est essentiel à la vaste majorité des personnes ayant le VIH afin qu’elles puissent rester en vie et jouir d’une bonne santé, car elles ne peuvent pas se fier à leur seul système immunitaire pour combattre le VIH.

Pour déterminer quelles variantes des gènes immunitaires sont exprimées chez les Premières Nations de la Saskatchewan, les Drs Brumme et Joy ont puisé dans des études précédemment publiées. En comparant la prévalence de ces variantes génétiques en Saskatchewan à leur prévalence chez d’autres populations d’Amérique du Nord et du monde, les chercheurs ont découvert que la diversité des gènes influant sur la réponse immunitaire des Saskatchewanais les plus à risque de contracter le VIH était relativement restreinte. Ce manque de diversité génétique est sans doute attribuable aux effets que le colonialisme exerce sur les Autochtones depuis environ 500 ans.

Selon d’autres scientifiques qui étudient les gènes, l’histoire et les sociétés d’Amérique du Nord, « des dossiers archéologiques et historiques indiquent que le contact avec les Européens et le colonialisme ont enclenché une réduction significative de la taille de la population autochtone par le biais de la guerre, de l’esclavage, des bouleversements sociétaux et surtout par la propagation de maladies épidémiques ». Ces forces ont causé une réduction dramatique de la population autochtone, et plus particulièrement celle des femmes. Une réduction massive de la population de ce genre aurait provoqué une diminution de la diversité génétique.

En raison de la relative réduction de la diversité génétique des gènes associés à la réponse immunitaire, le VIH a eu moins de difficulté à s’adapter et à surmonter les réponses immunitaires de certains Saskatchewanais. De plus, selon les chercheurs de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan, il semble que les souches du VIH qui sont hautement adaptées aux gènes associés à la réponse immunitaire « soient en train d’être transmises plus largement et plus fréquemment que [les souches du VIH] présentant une adaptation moins importante [en Saskatchewan] ».

Remerciement

Nous tenons à remercier les Drs Jeffrey Joy et Zabrina Brumme pour leur discussion utile, leur assistance à la recherche et l’expertise prêtée à l’examen de cet article.

Ressources

Rapport de recherche original (en anglais seulement)

HIV Prevention and Control Report for 2016 – Ministère de la Santé de la Saskatchewan, Division de la santé de la population (en anglais seulement)

Réseau canadien autochtone du sida (RCAS)

Rapports du Centre national pour la vérité et la réconciliation

L'épidémiologie du VIH au Canada – Feuillet d’information de CATIE

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Une étude canadienne découvre un risque accru de mortalité parmi les Autochtones séropositifsNouvelles CATIE

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—Sean R. Hosein

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