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Il a été établi que l’instauration rapide d’un traitement antirétroviral (TAR) permettait de réduire significativement le taux de pertes de vue lors du suivi et d’améliorer les résultats cliniques chez les personnes vivant avec le VIH. Le programme PHARM-D RAPID ART consistait à ce que des pharmacien·ne·s proposent un rendez-vous de soins liés au VIH le jour même où le diagnostic a été posé, favorisant ainsi l’accès immédiat au TAR. Les résultats témoignent d’une diminution significative du temps écoulé entre l’admission en clinique et l’inhibition virale (< 200 copies/ml) dans le cadre du programme PHARM-D RAPID ART, comparativement au programme préalable à la mise en œuvre (30 jours contre 66 jours). 

Description du programme

Avant la mise en œuvre du programme PHARM-D RAPID ART (c.-à-d. la phase de pré-mise en œuvre), les client·e·s ont été évalué·e·s par le personnel infirmier qui a recueilli des renseignements sur leur profil sociodémographique et leur a fourni de l’information. Au besoin, les client·e·s ont également été évalué·e·s par un·e travailleur·se social·e, qui a déterminé s’ils ou elles devaient être orienté·e·s vers des services communautaires. Les client·e·s obtenaient un rendez-vous ultérieur avec un·e prestataire (c.-à-d., un médecin) en vue d’entamer un TAR. 

Le programme PHARM-D RAPID ART consistait à instaurer un TAR le jour même du diagnostic de l’infection par le VIH pour réduire les taux d’abandons et améliorer les résultats cliniques pour les personnes vivant avec le VIH. Les pharmacien·ne·s clinicien·ne·s ont été chargé·e·s de fournir le TAR le jour même parce que les client·e·s peuvent facilement les consulter et qu’ils ou elles peuvent faciliter l’accès au TAR. Le programme comptait sur deux pharmacien·ne·s spécialisé·e·s et habilité·e·s dans les domaines de la pharmacothérapie du VIH et des maladies infectieuses. Le programme PHARM-D RAPID ART comportait également une évaluation réalisée par le personnel infirmier; par ailleurs, les patient·e·s pouvaient être mis·es en liaison avec un·e travailleur·se social·e en cas de besoin dès la visite initiale (comme dans le programme préalable à la mise en œuvre).

Dans le cadre du programme PHARM-D RAPID ART, les pharmacien·ne·s présent·e·s sur place ont procédé à une évaluation clinique à l’aide d’un algorithme et d’une liste de traitement détaillés, prévoyant notamment l’instauration d’un TAR dans le cadre d’un processus de prise en charge pluridisciplinaire. L’évaluation clinique réalisée par les pharmacien·ne·s s’articulait autour de cinq grands axes, à savoir :

  1. commander des analyses de laboratoire de référence (p. ex. charge virale du VIH); 
  2. évaluer l’opportunité de l’administration rapide d’un TAR (p. ex. l’état de préparation du ou de la patient·e et les éventuels obstacles à l’observance);
  3. fournir des conseils et de l’information aux patients (p. ex. sur l’état d’évolution de la maladie et sur les médicaments);
  4. garantir l’accès aux médicaments (p. ex. évaluation du statut d’assuré);
  5. instaurer un traitement pharmacologique personnalisé (p. ex. tenir compte des interactions médicamenteuses, du risque de résistance).

Les client·e·s bénéficiant de l’assurance nécessaire se sont vu remettre et exécuter leurs ordonnances avant la fin de la consultation initiale. Les pharmacien·ne·s ont continué de leur offrir du soutien en les appelant une semaine après l’instauration du TAR. Durant cet appel, ils ou elles prodiguaient des conseils, favorisaient l’observance du traitement et évaluaient la tolérance des patient·e·s à l’égard de leurs médicaments. D’autres consultations pouvaient avoir lieu avant que le ou la patient·e n’atteigne une charge virale indétectable et qu’il ou elle n’ait été vu·e deux fois par le ou la prestataire de soins. 

Résultats

En tout, 108 personnes séropositives ont participé à l’étude; 51 d’entre elles ont reçu un nouveau diagnostic entre le 1er janvier et le 31 décembre 2019, dans le cadre du programme PHARM-D RAPID ART. Ce groupe a été comparé au groupe de 57 personnes ayant reçu un diagnostic entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017, durant la phase de pré-mise en œuvre. Toutes les personnes qui ont participé à l’étude étaient âgées de 18 ans ou plus, commençaient à recevoir des soins à la suite d’un nouveau diagnostic de VIH et n’avaient jamais reçu de TAR jusque-là.

Les participant·e·s des deux groupes présentaient des caractéristiques comparables :

  • âge moyen de 35 ans;
  • 55 % étaient des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes; 
  • 52 % ont déclaré présenter ou avoir présenté un trouble lié à l’utilisation d’une substance ou un trouble de santé mentale;
  • 28 % n’étaient pas assuré·e·s;
  • 15 % ont déclaré être en situation de logement précaire;
  • 85 % étaient de sexe masculin à la naissance, 15 % de sexe féminin à la naissance.

Le principal critère d’évaluation était le délai nécessaire pour atteindre l’inhibition virale (< 200 copies/ml). D’après les résultats, le temps écoulé entre l’admission en clinique et l’inhibition virale (30 jours) était significativement plus court pour les client·e·s du programme PHARM-D RAPID ART que pour ceux ou celles du groupe de pré-mise en œuvre (66 jours).

L’analyse des critères d’évaluation secondaires a permis de dégager les résultats suivants : 

  • Le délai médian entre la visite d’admission et l’instauration du TAR était significativement plus court dans le groupe du programme PHARM-D RAPID ART (0 jour) que dans le groupe de pré-mise en œuvre (9 jours).
  • Le délai médian entre la visite d’admission et une visite avec un·e prestataire de soins était significativement plus long dans le groupe du programme PHARM-D RAPID ART (20 jours) que dans le groupe de pré-mise en œuvre (9 jours).
  • Le nombre médian d’entretiens avec l’équipe soignante était significativement plus élevé dans le groupe du programme PHARM-D RAPID ART (15 entretiens) que dans celui de la pré-mise en œuvre (9 entretiens).

Il n’y avait pas de différences significatives entre le groupe du programme PHARM-D RAPID ART et celui de la pré-mise en œuvre pour ce qui était de la continuité des soins un an après la visite d’admission, des taux d’inhibition virale un an après la visite d’admission, et des taux d’inhibition virale à la date du dernier test de détection de la charge virale consignée. 

Les effets indésirables justifiant une surveillance accrue ou l’arrêt du traitement étaient rares chez tou·te·s les participant·e·s. Une personne du groupe du programme PHARM-D RAPID ART a bénéficié du soutien du·de la pharmacien·ne, qui a modifié son TAR. Vingt et un pour cent des participant·e·s ont connu des effets indésirables légers à modérés, le plus fréquent étant un dérangement gastro-intestinal. 

Qu’est-ce que cela signifie pour les prestataires de services?

Les résultats de l’étude indiquent que l’instauration rapide d’un TAR par un·e pharmacien·ne permet d’améliorer significativement les résultats cliniques pour les personnes vivant avec le VIH. Le fait de confier l’instauration rapide du TAR à des pharmacien·ne·s a permis de surmonter certains obstacles inhérents à d’autres démarches, par exemple, les longs délais d’attente avant le premier rendez-vous avec un.e prestataire et l’impossibilité d’instaurer le TAR le jour même en raison du nombre limité de prestataires et du manque de ressources cliniques. 

Le principal avantage du programme PHARM-D RAPID ART consistait à faire appel à des pharmacien·ne·s, car ils·elles disposent de l’expertise clinique nécessaire, ont des horaires de travail plus souples et sont plus faciles à consulter que les médecins. En outre, les pharmacien·ne·s peuvent aider les client·e·s à effectuer un suivi, ils·elles connaissent les modèles de participation aux coûts et ils·elles peuvent collaborer avec les partenaires communautaires afin d’assurer un accès durable au traitement. 

Ressources connexes

Arrimage aux soins liés au VIH : perdre du terrain et prendre une longueur d’avance – Article Point de mire sur la prévention

Un modèle de soins tripartite pour le traitement de l’hépatite C : pharmacien·ne, médecin et intervenant·e pivot – Sommaire de données probantes

Le dépistage du VIH aux points de service en pharmacie – Sommaire de données probantes

Référence

Brotherton AL, Coroniti AM, Ayuninjam DK et al. Pharmacist-driven rapid initiation of antiretroviral therapy decreases time to viral suppression in people with HIV. Open Forum Infectious Diseases. 2024;11(5):ofae237.