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  • En vieillissant, les personnes séropositives courent plus de risques de connaître des problèmes de santé
  • Une étude californienne de 10 ans a révélé que le VIH faisait plus que doubler le risque de crise cardiaque
  • Les crises cardiaques ne sont pas inévitables; de nombreuses mesures permettent de réduire les risques

Grâce à l’efficacité du traitement du VIH (TAR), de nombreuses personnes séropositives peuvent s’attendre à une espérance de vie quasi normale au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. Or, à mesure que les personnes séropositives prennent de l’âge, elles deviennent plus vulnérables à de nombreux problèmes liés au vieillissement qui peuvent également nuire à la santé des personnes séronégatives.

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En Californie

Une équipe de recherche de l’Université de la Californie à San Francisco (UCSF) a mené une étude pour surveiller la santé de près de 19 millions de résidents de cet état, dont quelque 44 000 personnes vivant avec le VIH. Pendant une décennie, l’équipe a recueilli des données se rapportant à la santé des participant·e·s, notamment en ce qui avait trait aux crises cardiaques survenues en dehors d’un hôpital. Selon l’équipe, le risque de crise cardiaque était 2,5 fois plus élevé chez les personnes séropositives que chez celles séronégatives, et ce, indépendamment des facteurs de risque sous-jacents (obésité, tabagisme, etc.).

L’équipe de l’UCSF a constaté un risque de crise cardiaque « disproportionné » chez les sous-populations suivantes : « les jeunes, les femmes et les personnes souffrant d’hypertension, d’insuffisance cardiaque chronique et d’insuffisance rénale chronique ».

L’équipe a encouragé les médecins à être à l’affût de ces problèmes chez leurs patient·e·s vivant avec le VIH et à effectuer des dépistages pour reconnaître tout problème susceptible d’intensifier le risque de crise cardiaque.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a recueilli et analysé des informations se rapportant à la santé qui étaient sauvegardées dans diverses bases de données californiennes. Toutes les personnes en question avaient au moins 21 ans et s’étaient inscrites à l’étude entre le 1er janvier 2005 et le 30 juin 2015.

Les personnes séropositives avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • âge : 45 ans
  • 84 % d’hommes, 26 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 50 %; Noirs – 24 %; Hispaniques – 21 %; Asiatiques – 3 %

L’équipe a également recueilli des données se rapportant aux facteurs de risque de crise cardiaque, lesquels étaient présents dans les proportions suivantes :

  • hypertension : 15 %
  • tabagisme : 11 %
  • diabète de type 2 : 9 %
  • utilisation problématique de drogues : 7 %
  • coronaropathie : 3 %
  • insuffisance rénale chronique : 3 %
  • insuffisance cardiaque congestive : 2 %
  • utilisation problématique d’alcool : 2 %
  • rythme cardiaque anormal : 1 %
  • obésité : 1 %

Notons que l’équipe de recherche n’a pas recueilli de données sur des facteurs spécifiques liés au VIH, tels que le compte de cellules CD4+, la charge virale ou des antécédents en matière de médicaments anti-VIH.

Résultats

L’équipe a constaté que 133 983 crises cardiaques étaient survenues, dont 676 chez des personnes séropositives.

Compte tenu de nombreux facteurs — dont l’âge, le sexe, la race, le revenu, le tabagisme, l’utilisation de substances et d’autres —, une analyse statistique a révélé que l’infection au VIH était associée à près de 2,5 fois plus de risques de crise cardiaque. Selon l’équipe de recherche, l’impact du VIH sur le risque de crise cardiaque était « plus important que celui de tout autre facteur de risque ».

L’équipe a également constaté que le risque accru de crise cardiaque chez les personnes séropositives était « significativement plus élevé » chez les sous-populations suivantes :

  • personnes jeunes
  • femmes
  • personnes faisant de l’hypertension
  • personnes souffrant d’insuffisance cardiaque
  • personnes souffrant d’insuffisance rénale chronique

Autres études

Une étude de plus petite envergure menée à San Francisco auprès de 109 personnes a été publiée plus tôt cette année. Les résultats de cette étude étaient fondés sur des données d’autopsies, de dossiers médicaux et d’entrevues réalisées auprès de premier·ère·s répondant·e·s et de membres de la famille des participant·e·s. L’équipe de cette étude s’est penchée sur les causes de décès parmi les personnes dont la mort avait initialement été attribuée à une crise cardiaque. L’équipe de recherche a découvert que les cas de mort subite due à l’utilisation non dévoilée de substances étaient plus fréquents chez les personnes séropositives que chez celles séronégatives (34 % contre 13 %).

En Espagne, une étude menée sur deux décennies (1997 à 2018) a permis de constater que, sur un total de 500 000 hospitalisations concernant des personnes vivant avec le VIH, le pourcentage d’admissions attribuables à des maladies cardiovasculaires a plus que doublé (passant de 12 % à 28 %). Cette équipe n’a pas fourni de détails sur les crises cardiaques et les facteurs de risque associés.

Ces études menées à San Francisco et en Espagne mettent en évidence les maladies cardiovasculaires comme des causes de maladie importantes chez les personnes vivant avec le VIH.

Retour sur l’étude californienne

Il est plausible que certains décès survenus durant l’étude menée à l’UCSF étaient attribuables à l’utilisation non dévoilée de substances. Il reste cependant probable que la plupart des crises cardiaques survenues chez des personnes séropositives durant cette étude étaient liées à la présence du VIH.

L’infection au VIH est associée à la présence excessive de deux caractéristiques immunologiques apparentées, soit l’inflammation et l’activation immunitaire. L’utilisation du TAR et l’atteinte et le maintien d’une charge virale indétectable aident énormément à atténuer ces problèmes immunologiques. Le TAR ne peut toutefois normaliser les taux d’inflammation et d’activation immunitaire excessifs.

Les scientifiques savent que l’inflammation excessive contribue à un risque accru de troubles cardiovasculaires et d’autres problèmes de santé, et ce, autant chez les personnes séronégatives que chez celles séropositives. Nombre d’équipes de recherche ont mené des essais cliniques dans l’espoir de réduire significativement le risque de crise cardiaque et de problèmes apparentés chez des personnes séronégatives. Cependant, la plupart de ces essais n’ont pas révélé de suppression soutenue de l’excès d’activation immunologique ou d’inflammation, ou bien seule une réduction modeste a été observée.

Statines

Les médicaments comme l’atorvastatine (Lipitor) et la rosuvastatine (Crestor) sont utilisés pour réduire les taux de cholestérol. Ceux-ci sont prescrits à certaines personnes séronégatives pour réduire leurs risques de maladies cardiovasculaires graves. Des études de petite envergure ont permis de constater que ces médicaments réduisaient parfois l’inflammation chez des personnes séropositives. Or, des études menées récemment aux États-Unis ont révélé que toutes les personnes séropositives à risque ne se faisaient pas prescrire de statines.

Malheureusement, l’équipe de recherche n’a pas fourni de données sur l’utilisation de statines parmi les personnes séropositives figurant dans l’étude de l’UCSF.

Un essai clinique international du nom de Reprieve est en cours. Cette étude met à l’épreuve une dose quotidienne d’une statine nommée pitavastatine contre un placebo. L’équipe de Reprieve a recruté plus de 7 700 personnes séropositives.

Les crises cardiaques ne sont pas inévitables

L’équipe de recherche californienne espère que son étude réussira à sensibiliser les médecins à l’association entre le VIH et les maladies cardiovasculaires, notamment chez les personnes présentant les facteurs de risque additionnels suivants :

  • hypertension
  • insuffisance cardiaque
  • insuffisance rénale chronique

L’équipe a encouragé les médecins à dépister les maladies cardiovasculaires chez leurs patient·e·s et à proposer des interventions pour réduire le risque de crise cardiaque.

Les crises cardiaques ne sont pas inévitables. Les ressources suivantes regorgent de suggestions visant la réduction des risques.

Ressources

Le VIH et la maladie cardiovasculaire – CATIE

Prévention des maladies cardiovasculaires – Institut de cardiologie de Montréal

Crise cardiaque – Agence de la santé publique du Canada

Pour les professionnels : maladies du cœur et autres troubles cardiaques – Gouvernement du Canada

Cœur + AVC – Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada

Cesser de fumer : La décision d’arrêter – Gouvernement du Canada

Étude Reprieve (en anglais seulement)

—Sean R. Hosein

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