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CATIE
  • Il arrive que la fragilité touche tôt les personnes séropositives
  • La fragilité a été associée à un risque accru de cardiopathie et de diabète lors d’une étude récente
  • La recherche suggère qu’il est possible d’atténuer la fragilité chez certaines personnes séropositives

La grande accessibilité du traitement antirétroviral puissant (TAR) au Canada et dans les autres pays à revenu élevé a eu un impact énorme sur la santé des personnes vivant avec le VIH. Les scientifiques prévoient que de nombreux utilisateurs du TAR connaîtront une espérance de vie quasi normale.

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À mesure que les personnes sous TAR approchent de l’âge d’or, les problèmes liés au vieillissement prennent de l’importance. Les problèmes de santé comme l’hypercholestérolémie, l’hypertension et l’hyperglycémie persistantes, ainsi que la prise de poids et l’amincissement des os, sont en voie de devenir des préoccupations principales lors des consultations médicales de routine de cette population. Faute de traitement, ces problèmes peuvent contribuer à des déficiences et à une mort prématurée.

Une équipe de chercheurs aux États-Unis se penche depuis quelque temps sur la question de la fragilité. Il s’agit d’un syndrome d’affections liées à l’âge qui « entraîne la faiblesse physique et le déclin fonctionnel », selon les chercheurs. Chez les personnes séronégatives, la fragilité devient plus fréquente après l’âge de 65 ans.

Les chercheurs suivent la santé de 1 016 personnes séropositives depuis une période moyenne de quatre ans. Au moment de leur admission à l’étude, environ 6 % des participants étaient considérés comme fragiles. La proportion de participants présentant des signes de fragilité plus nombreux a cependant grimpé à 20 % au cours de l’étude. Les chercheurs ont constaté un lien statistique entre la fragilité et un risque accru de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2. De plus, les personnes fragiles ou préfragiles semblaient être plus sujettes à l’amincissement anormal des os.

Les chercheurs recommandent des évaluations annuelles de la fragilité pour les personnes séropositives âgées.

Même si les chercheurs n’ont pas étudié d’interventions ciblant les personnes fragiles séropositives, ils ont souligné les bienfaits des stratégies employées auprès des personnes séronégatives vieillissantes pour arrêter la progression de la fragilité et améliorer les résultats pour la santé.

Détails de l’étude

Les adjoints à la recherche ont recruté des participants pour une étude appelée HAILO qui s’est déroulée sous l’égide de l’AIDS Clinical Trials Group (ACTG), une association de chercheurs financée par le gouvernement américain. L’étude a été conçue pour surveiller les changements se produisant chez les personnes séropositives vieillissantes.

Les participants avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • 81 % d’hommes, 19 % de femmes
  • répartition des âges : moins de 50 ans – 44 %; entre 50 et 59 ans – 40 %; plus de 60 ans – 16 %
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 48 %; Noirs – 29 %; Hispaniques et autres – 23 %
  • compte de CD4+ : 621 cellules/mm3
  • charge virale inférieure à 50 copies/ml : 91 %
  • situation par rapport au tabagisme : jamais fumé – 41 %; ancien fumeur – 34 %; fumeur actuel – 25 %
  • situation par rapport à la fragilité : pas fragile – 56 %; préfragile – 38 %; fragile – 6 %
  • l’hypertension et les taux de cholestérol anormaux étaient relativement courants

Évaluer la fragilité

Les méthodes utilisées pour évaluer la fragilité ont été bien validées, tant chez des personnes séropositives que chez des personnes séronégatives. Les critères clés de l’évaluation de la fragilité sont les suivants :

  • force de préhension (c’est-à-dire la force de la poignée de main; évaluée à l’aide d’un dynamomètre)
  • vitesse de la démarche sur une distance de quatre mètres
  • perte de poids non intentionnelle autodéclarée
  • épuisement autodéclaré
  • autodéclaration de limitations éprouvées lors de diverses activités physiques

L’évaluation de chacun de ces critères est utilisée pour déterminer un score qui sert ensuite à regrouper les personnes comme suit :

  • on répond à de trois à cinq des critères : fragile
  • on répond à un ou deux des critères : préfragile
  • on ne répond à aucun critère : pas fragile

Résultats

Au cours de l’étude, les chercheurs ont constaté un lien statistique entre le fait d’être fragile au début de l’étude et une augmentation subséquente des risques suivants :

  • près de quatre fois plus de risques de maladies cardiovasculaires (ce terme englobe une série d’affections qui inclut la crise cardiaque, l’AVC, l’arythmie cardiaque, les artères obstruées, des douleurs cardiaques, la défaillance cardiaque et la formation excessive de caillots sanguins)
  • plus de deux fois plus de risques de diabète de type 2
  • on a observé une tendance vers l’augmentation du risque de réduction de la densité osseuse, mais ce risque n’a fait qu’approcher de la signification statistique sans l’atteindre

Fragilité et mortalité

Vingt-sept personnes sont mortes au cours de l’étude. Les participants qui sont devenus plus fragiles durant la première année de l’étude couraient près de quatre fois plus de risques de mourir.

Lors d’une étude publiée en 2007 par une équipe de chercheurs différente, on a comparé l’apparition de la fragilité chez des hommes séronégatifs et des hommes séropositifs. L’équipe a trouvé que la fragilité pouvait survenir jusqu’à une décennie plus tôt chez les hommes séropositifs. De plus, la fragilité chez les hommes séropositifs était associée à un risque accru de détérioration de la santé et de mortalité.

Pourquoi la fragilité entraîne-t-elle d’autres problèmes?

Les chercheurs ne sont pas certains de quelle manière la fragilité entraîne le déclin de la santé. Bien qu’ils n’aient pas conçu leur étude pour étudier le mécanisme qui lierait la fragilité à la détérioration de la santé, les chercheurs ont laissé entendre que l’inflammation excessive qui caractérise typiquement l’infection au VIH pourrait jouer un rôle dans la fragilité. Ils ont également suggéré que la prise de poids excessive sous forme de masse grasse et la perte de tissu musculaire (et par conséquent de force) pourraient s’accélérer chez les personnes séropositives. Ils ont affirmé que ces deux facteurs « pourraient contribuer à un mode de vie sédentaire, accélérant ainsi des perturbations métaboliques [tel le prédiabète] et contribuant au développement de maladies chroniques ».

Solutions possibles

Même si les chercheurs n’ont pas mis à l’épreuve des interventions conçues pour améliorer la résistance physique des participants, ils ont affirmé ce qui suit :

« Une fois qu’elle est décelée, il est possible de freiner ou de ralentir la progression de la fragilité par l’entraînement à l’activité physique. Les programmes de ce genre se sont révélés efficaces pour accroître la force, l’équilibre et l’activité physique parmi des participants séronégatifs âgés, ce qui a permis de réduire la fragilité à la longue. Chez les personnes vivant avec le VIH, les programmes d’exercices structurés ont fait leurs preuves quant à l’amélioration du poids, de la force et du conditionnement cardiorespiratoire et même pour réduire le nombre de critères de fragilité. De telles interventions comportent peu de risques et peuvent au minimum améliorer les résultats pour la santé liés directement à la fragilité ».

Les chercheurs encouragent les cliniques à incorporer de façon routinière « des évaluations annuelles de la fragilité dans les soins prodigués aux personnes vivant avec le VIH (peut-être en commençant dès le début de la sixième décennie de la vie). »

À retenir

Nous parlons ici d’une étude par observation. Les études de ce genre ne peuvent prouver ce que les chercheurs appellent les liens de « cause à effet ». Dans le présent cas, l’étude ne peut prouver que la fragilité entraîne des problèmes de santé plus graves au fil du temps. Aucune comparaison n’a été faite avec un autre groupe de participants, telle une cohorte de personnes séronégatives au profil semblable en ce qui concerne les groupes d’âge et les facteurs sociodémographiques. Il n’empêche toutefois que la fragilité s’est révélée un problème qui peut avoir des conséquences importantes sur la santé, au moins dans le groupe de personnes séropositives suivies dans l’étude HAILO. Notons que d’autres études par observation ont découvert des tendances semblables à celles constatées durant la présente étude.

Ressources

La fragilité, les lésions nerveuses et les chutes chez les personnes séropositives d’âge moyen et plus âgéesNouvelles CATIE

Facteurs liés aux chutes chez les femmes d’âge moyenTraitementActualités 218

La douleur névralgique et les engourdissementsUn guide pratique des effets secondaires des médicaments anti-VIH

Des chercheurs italiens et américains regardent vers l’avenir et explorent les problèmes liés au vieillissementNouvelles CATIE

Des chercheurs américains examinent les affections chroniques touchant les personnes séropositives de 65 ans et plusNouvelles CATIE

Les personnes plus âgées atteintes du VIH font face à des défis particuliers sur le plan de la santé à long terme – Nouvelles CATIE

Élucider la complexité de la fatigue liée au VIHNouvelles CATIE

Inflammation et VIHTraitementActualités 223

Problèmes émergents chez les personnes séropositives plus âgéesTraitementActualités 214

Danemark — tendances inattendues de l’usage de médecines psychotropesTraitementActualités 204

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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