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CATIE
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  • Les personnes séropositives au système immunitaire très faible sont sujettes à des infections cérébrales
  • Lors d’une étude, le risque de décès lié au VIH était six fois plus élevé chez les personnes présentant une infection cérébrale
  • Pour réduire le risque d’infections cérébrales, l’équipe de recherche encourage le diagnostic et le traitement rapides du VIH

L’infection au VIH non traitée affaiblit le système immunitaire et entraîne à la longue une gamme de complications, notamment des infections graves et potentiellement mortelles. Certaines de ces infections atteignent le cerveau et la moelle épinière, lesquels constituent le système nerveux central (SNC). Lorsqu’une infection du SNC se produit, les personnes touchées sont sujettes à des crises convulsives et à des AVC, et leur risque de décès augmente.

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Une équipe de recherche de l’Alberta a analysé des bases de données de santé recueillies sur une période de 23 ans, soit de 1995 à 2018. L’équipe s’est concentrée sur les données se rapportant à 2 910 personnes vivant avec le VIH. Au cours de l’étude, elle a constaté que près de 5 % de ces personnes avaient présenté des infections neurologiques. La plupart de ces infections (80 %) étaient reconnues comme des signes annonciateurs de l’apparition du sida (également appelées infections définissant le sida). Les autres 20 % n’appartenaient pas à cette catégorie. Au fil du temps, le risque d’infections définissant le sida a baissé nettement. En revanche, l’équipe de recherche a constaté que le risque d’infections du SNC ne définissant pas le sida est resté relativement stable.

L’équipe de recherche encourage les clinicien·ne·s à diagnostiquer tôt le VIH et à commencer rapidement le traitement. Une telle démarche aide à préserver le système immunitaire et à réduire le risque de complications neurologiques graves découlant d’infections.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a réparti les infections neurologiques en deux catégories, comme suit :

Infections définissant le sida

  • CMV (cytomégalovirus)
  • LMP (leucoencéphalopathie multifocale progressive)
  • méningite cryptococcique
  • méningite à coccidioïdomycose
  • tuberculose du SNC
  • toxoplasmose cérébrale

Infections ne définissant pas le sida

  • neurosyphilis
  • encéphalite à EBV (virus Epstein-Barr)
  • encéphalite à VHS (virus de l’herpès simplex)
  • encéphalite à VHZ (virus de l’herpès zoster; ce virus cause la varicelle chez les enfants et le zona chez les adultes)
  • S. pneumoniae

L’équipe de recherche a affirmé que « diagnostiquer les infections neurologiques continue d’être difficile. Souvent, les meilleurs tests diagnostiques sont invasifs ou ne peuvent être effectués de façon sécuritaire ». Par conséquent, les médecins doivent fonder leur diagnostic sur de nombreux facteurs, y compris les symptômes, les antécédents médicaux, les résultats de tests de laboratoire et de tomodensitogrammes du cerveau. Parfois, on prend même en compte la réponse au traitement de l’infection neurologique soupçonnée pour poser le diagnostic.

Selon l’équipe de recherche, la cohorte de cette étude se composait principalement d’hommes (76 %), et la majorité était de race blanche (55 %).

Résultats

Après avoir séparé la période de l’étude en trois parties, l’équipe de recherche a constaté la répartition suivante des infections neurologiques :

  • 1995 à 2002 : 37 infections
  • 2003 à 2010 : 51 infections
  • 2011 à 2018 : 45 infections

Infections

Les infections neurologiques définissant le sida les plus courantes étaient les suivantes :

  • CMV : 36 %
  • toxoplasmose : 33 %
  • LMP : 20 %
  • méningite cryptococcique : 8 %

Parmi les infections ne définissant pas le sida, les plus courantes étaient les suivantes :

  • neurosyphilis : 40 %
  • encéphalite à VHZ : 40 %

Changements au fil du temps

Le nombre de nouveaux cas d’infections définissant le sida a chuté considérablement au cours de l’étude, sans doute en raison de l’usage de traitements contre le VIH. L’équipe de recherche a toutefois signalé que, durant la même période, « on n’a observé qu’un changement minime [dans le nombre de diagnostics de nouvelles infections ne définissant pas le sida] d’ordre neurologique, mais le nombre absolu de ces cas était faible ».

Facteurs de risque d’infections neurologiques

Tenant compte de nombreux facteurs, l’équipe de recherche n’a constaté aucun impact de l’âge ou du sexe sur le risque d’infections neurologiques. Elle a toutefois trouvé que les personnes séropositives courant un risque accru d’infections neurologiques étaient plus susceptibles de répondre aux critères suivants :

  • Africain·e·s, Caraïbéen·ne·s ou Noir·e·s (nous reviendrons sur ce point plus loin)
  • compte de CD4+ inférieur à 200 cellules/mm3 à un moment dans le passé

Accent sur les lymphocytes T

Il existe un sous-groupe de lymphocytes T appelés CD4+ qui aident à coordonner la réponse du système immunitaire aux infections. Dans cette étude, les personnes atteintes d’infections neurologiques avaient tendance à avoir eu un compte de cellules CD4+ très faible à un moment dans le passé, soit 43 cellules/mm3, comparativement à 215 cellules/mm3 chez les personnes ne présentant pas ce genre d’infections. Un compte de CD4+ si faible révèle une déficience immunitaire grave, et les personnes touchées sont sujettes à de graves infections, y compris à certaines qui s’attaquent au cerveau.

Retour sur les infections neurologiques

Selon l’équipe de recherche, la majorité (77 %) des infections neurologiques définissant le sida se sont produites avant 2011. En revanche, la majorité (80 %) des infections neurologiques ne définissant pas le sida se sont produites entre 2011 et 2018.

Les personnes séropositives qui avaient une infection neurologique (qu’elle soit liée au sida ou pas) étaient plus susceptibles de subir des convulsions ou un AVC (16 %) que les personnes séropositives n’ayant pas d’infection neurologique (4 %).

L’équipe de recherche a également constaté que, comparativement aux personnes n’ayant pas d’infection neurologique, les personnes qui avaient de telles infections couraient subséquemment deux fois plus de risques de mourir de n’importe quelle cause et étaient six fois plus susceptibles de décéder d’une complication liée au VIH. Ce risque accru de décès lié aux complications du VIH laisse penser que la présence concomitante de ce virus et de certains microbes s’attaquant au cerveau provoque un effet cumulatif, c’est-à-dire une intensification de la capacité de chacun de ces pathogènes à causer de graves dommages au système immunitaire.

Notons que l’équipe de recherche n’a pas évalué l’observance des traitements contre le VIH (TAR) ou l’usage de médicaments pour réduire le risque d’infections neurologiques définissant le sida.

D’autres études ont permis de constater que le risque de l’ensemble des infections définissant le sida est considérablement plus faible de nos jours. Ce progrès est attribuable au TAR et au renforcement énorme du système immunitaire qu’il favorise.

Le recours au TAR a aussi aidé à réduire le risque d’infections définissant le sida d’ordre neurologique à l’époque actuelle. Il existe cependant moins de données de recherche sur les infections ne définissant pas le sida.

Comprendre les facteurs de risque chez les personnes africaines, caraïbéennes et noires

Comme nous l’avons mentionné plut tôt, on a constaté un risque accru d’infections neurologiques chez les personnes africaines, caraïbéennes et noires. Selon l’équipe de recherche, des facteurs comme « un manque de sensibilité culturelle dans le système de santé, des taux plus élevés de pauvreté et la stigmatisation liée à un diagnostic de VIH sont des obstacles au traitement et augmentent le risque d’infections neurologiques ». Même si ces facteurs n’ont pas été évalués en profondeur, il est possible qu’ils soient présents de façon disproportionnée chez les membres de ces communautés. L’équipe de recherche a également souligné que les personnes qui ont immigré au Canada depuis l’Afrique subsaharienne, entre autres régions, étaient plus susceptibles d’avoir été exposées jeunes aux bactéries de la tuberculose et au parasite responsable de la toxoplasmose. Si une telle exposition précoce devait s’accompagner ultérieurement d’une grave immunodéficience liée au VIH, elle pourrait augmenter le risque d’infections cérébrales.

Infections ne définissant pas le sida

Cette étude a révélé que la neurosyphilis est relativement courante de nos jours. Selon l’équipe de recherche, l’éclosion de syphilis qui sévit actuellement en Alberta serait à l’origine des cas de neurosyphilis observés dans cette étude.

Les taux de vaccination contre le zona et d’autres complications (causées par l’infection au VHZ) ont été faibles durant la période de cette étude. Notons que le coût de ces vaccins n’est pas couvert, ce qui pourrait expliquer leur usage peu fréquent parmi les participant·e·s.

Conseils de l’équipe de recherche

En ce qui concerne les infections neurologiques, l’un des principaux facteurs de risque dans cette étude fut le fait d’avoir eu un compte de CD4+ inférieur à 200 cellules/mm3 à un moment donné de sa vie. Pour minimiser ce problème, l’équipe de recherche recommande « le diagnostic précoce du VIH et l’amorce rapide du TAR ». Pour aider à prévenir les infections ne définissant pas le sida, il est important que les vaccins comme celui contre le zona soient subventionnés et qu’ils soient mis à la disposition des personnes vivant avec le VIH.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Wan MM, Gill MJ, Fonseca K et al. Neurologic infections in people with HIV: shifting epidemiological and clinical patterns. AIDS. 2023; sous presse.
  2. Zou J, Krentz HB, Lang R et al. Seropositivity, risks, and morbidity from varicella-zoster virus infections in an adult PWH cohort from 2000-2020. Open Forum Infectious Diseases. 2022 Aug 9;9(8): ofac395. 
  3. Chang CC, Crane M, Zhou J et al. HIV and co-infections. Immunological Reviews. 2013 Jul;254(1):114-42.