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CATIE
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  • La prophylaxie préexposition du VIH (PrEP) prévient très efficacement la transmission sexuelle de ce virus
  • Une équipe de médecins de Toronto a cherché à accroître le nombre de professionnel·le·s de la santé prescrivant la PrEP
  • L’équipe a atteint son objectif, mais les efforts visant la prévention du VIH ont encore un long chemin à faire

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La prophylaxie préexposition du VIH (PrEP) est une méthode très efficace pour réduire le risque de contracter le VIH lors d’une exposition sexuelle.

La plupart des prescripteurs et prescriptrices de la PrEP sont des spécialistes des maladies infectieuses ou des médecins de famille qui ont acquis de l’expérience au fil des années en ce qui concerne la prescription de médicaments anti-VIH. Comme le nombre de ce genre de spécialistes est limité alors que le nombre de personnes pouvant bénéficier de la PrEP est élevé, on pourrait répondre à un besoin insatisfait en amenant davantage de professionnel·le·s de la santé à prescrire ce traitement préventif.

Une équipe de recherche de Toronto a mené une étude dont l’objectif consistait à inciter plus de professionnel·le·s de la santé à prescrire la PrEP à des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). L’équipe a trouvé un moyen d’aider des utilisateurs éventuels de la PrEP à entamer une discussion avec leur médecin de famille afin d’avoir accès à celle-ci. Les participants avaient aussi l’option de se procurer la PrEP auprès du personnel infirmier de deux cliniques de santé sexuelle qui avait suivi une formation sur la PrEP et était autorisé à la prescrire.

L’équipe de recherche a constaté que de nombreux participants préféraient obtenir la PrEP auprès du personnel infirmier d’une clinique de santé sexuelle. Elle a également trouvé que les hommes qui obtenaient la PrEP auprès de leur médecin de famille n’ont pas fait état de changements dans leur relation avec ce dernier ou cette dernière.

Cette intervention est un point de départ prometteur qui est susceptible d’élargir le bassin de professionnel·le·s de la santé participant à la délivrance de la PrEP aux HARSAH. Cependant, selon l’équipe de recherche, cette intervention n’est qu’une seule des étapes nécessaires pour réaliser des progrès significatifs quant à la prévention de la propagation du VIH.

Détails de l’étude

L’étude s’est déroulée entre septembre 2017 et décembre 2019. L’équipe de recherche a créé des cartes sur lesquelles étaient inscrits des liens Internet donnant accès à des renseignements sur l’étude. Les liens en question s’adressaient aux groupes ci-dessous et donnaient accès aux renseignements suivants :

  • HARSAH : renseignements sur la PrEP et les moyens de se la procurer auprès de son ou de sa médecin de famille;
  • médecins de famille : site Web contenant des modules éducatifs pour améliorer les connaissances des médecins en matière de PrEP, notamment en ce qui concerne la sélection et la prise en charge des utilisateurs éventuels de celle-ci; les médecins qui suivaient les modules jusqu’au bout recevaient des crédits de formation médicale continue.

Des organismes communautaires se sont chargés de distribuer les cartes à des utilisateurs sélectionnés de leurs services.

Les médecins responsables de l’étude ont également collaboré avec deux cliniques de santé sexuelle pour renseigner leur personnel infirmier sur la PrEP. Après évaluation des personnes souhaitant utiliser la PrEP, le personnel infirmier pouvait entreprendre au besoin les soins nécessaires et offrir une prescription pour la PrEP. Notons que les prescriptions étaient rédigées au préalable par les médecins de l’étude et que le personnel infirmier était autorisé à les donner aux patients en vertu d’une « directive médicale ».

Résultats

L’équipe de recherche a constaté que 399 HARSAH qui souhaitaient utiliser la PrEP ont consulté les renseignements en ligne dont le lien était inscrit sur la carte destinée aux patients. De ce nombre, 199 hommes ont rempli, au début de l’étude, un sondage sur leur intention de se procurer la PrEP. De nombreux hommes (55 %) ont dévoilé qu’ils feraient appel au personnel infirmier d’une clinique de santé sexuelle, et un plus faible pourcentage d’entre eux (21 %) ont affirmé qu’ils en parleraient à leur médecin de famille.

Six mois après le sondage initial, 45 hommes ont rempli un deuxième sondage, dont 31 % avaient présenté leur carte de renseignements à leur médecin de famille et obtenu la PrEP de cette façon. Selon ces participants, aucun changement ne s’est produit dans la relation avec leur médecin après qu’ils ont fait la demande pour la PrEP.

Les données recueillies par les cliniques de santé sexuelle ont révélé que 280 hommes avaient pris rendez-vous auprès du personnel infirmier de celles-ci. Selon l’équipe, 275 de ces hommes se sont présentés à leur rendez-vous, et 244 d’entre eux ont fini par recevoir une prescription pour la PrEP auprès du personnel infirmier. D’après l’équipe de recherche, le personnel infirmier des cliniques de santé sexuelle a respecté les lignes directrices se rapportant à la prescription de la PrEP.

L’équipe de recherche a conclu qu’une stratégie fondée sur « la [délivrance] de la PrEP par un personnel infirmier et la formation médicale continue des médecins de première ligne en réponse à l’initiative des patients étaient des stratégies faisables pour augmenter l’adoption de la PrEP ». Elle a également affirmé que « la plupart des patients préféraient que la PrEP leur soit prescrite par un personnel infirmier ».

À retenir

Selon l’équipe de recherche, il est possible que certains patients aient préféré obtenir la PrEP auprès du personnel infirmier d’une clinique de santé sexuelle pour les raisons suivantes, entre autres :

  • Il se peut qu’ils n’aient pas révélé leur orientation sexuelle à leur médecin de famille.
  • Il se peut qu’ils ne soient pas couverts par l’assurance maladie provinciale.

L’équipe de recherche a également constaté que neuf hommes ont obtenu une prescription pour la PrEP auprès de leur médecin sans lui avoir présenté la carte utilisée dans cette étude. Cela porte à croire que tous les médecins n’ont pas nécessairement besoin de suivre une formation médicale additionnelle.

Cette étude a permis de découvrir une façon prometteuse d’augmenter la prescription de la PrEP aux personnes souhaitant l’utiliser. De plus, les données de cette étude ont motivé l’équipe de recherche à proposer des idées pour surmonter certains obstacles à la prescription de la PrEP. Les idées en question pourraient être mises à l’essai dans une étude future.

Selon l’équipe de recherche, on pourrait adopter cette approche pour élargir la prescription de la PrEP à « d’autres populations courant le risque de contracter le VIH ou ayant éventuellement des besoins en soins spécialisés plus importants (p. ex., les personnes qui s’injectent des drogues, les personnes transgenres) ».

Une difficulté à surmonter

L’équipe de recherche a souligné quelques difficultés potentielles associées au fait de compter sur les cliniques de santé sexuelle et leur personnel infirmier pour prescrire la PrEP. À titre d’exemple, notons qu’il est important de surveiller la santé des reins des utilisateurs de la PrEP parce qu’un des ingrédients principaux de la version utilisée dans cette étude, soit le TDF (fumarate de ténofovir disoproxil), peut causer des lésions rénales chez certaines personnes. Par conséquent, la santé rénale des personnes recevant le TDF doit faire l’objet d’un suivi à long terme. Or, selon l’équipe de recherche, le suivi à long terme « des patients sous PrEP ne figure pas dans le modèle de soins épisodiques habituel utilisé dans la plupart des cliniques de santé sexuelle ». Et d’ajouter l’équipe : « le fait de séparer la santé sexuelle des soins primaires peut entraîner une fragmentation des soins de santé du patient ».

Une stratégie complète

Cette équipe de médecins torontoise a conclu son rapport par la déclaration suivante : « Nos résultats laissent croire qu’il est faisable de décentraliser la délivrance de la PrEP en faisant appel au personnel infirmier des cliniques de santé sexuelle et [ils] fournissent des données probantes justifiant la tenue d’autres études, ainsi que le développement de mécanismes de dissémination des connaissances reposant sur l’initiative des patients. Il ne suffira pas toutefois d’assurer l’accessibilité des professionnel·le·s de la santé. Des campagnes de sensibilisation de grande échelle, l’assurance médicaments universelle et l’élargissement de l’accès aux services de prévention et de soins du VIH ont également joué un rôle crucial dans la réussite des programmes de PrEP à l’échelle mondiale et justifient une attention continue si l’on souhaite que la PrEP fasse une différence significative dans l’épidémie ».

À l’avenir

Dans les mois à venir, cette équipe de recherche de Toronto espère accroître le nombre de médecins de famille, d’infirmier·ère·s et de cliniques de santé sexuelle participant à la délivrance de la PrEP et des soins connexes aux HARSAH partout en Ontario. L’équipe compte également produire une version française du module éducatif (Darrell Tan, Ph. D., M.D., communication personnelle).

Ressource

Prophylaxie préexposition contre le VIH (PrEP) – CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Charest M, Sharma M, Chris A, et al. Decentralizing PrEP delivery: Implementation and dissemination strategies to increase PrEP uptake among MSM in Toronto, Canada. PLoS One. 2021 Mar 18;16(3):e0248626.