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  • Près de 10 000 personnes ont participé à une étude australienne sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH
  • Trente hommes sont devenus séropositifs; ils n'ont pas utilisé la PrEP conformément aux lignes directrices australiennes
  • Des études sont nécessaires pour éclairer les facteurs influant sur l’observance thérapeutique de la PrEP

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La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est une méthode très efficace pour réduire le risque de transmission du VIH chez les personnes sexuellement actives. Pour bien des personnes sous PrEP, il s’agit de prendre des comprimés tous les jours. Des médecins prescrivent aussi la PrEP en vertu d’un schéma « à la demande », où l’on prend des comprimés avant et après les relations sexuelles, et ce, jusqu’après la dernière relation sexuelle. Aux États-Unis, il existe une autre option en matière de PrEP, soit des injections intramusculaires d’un médicament à action prolongée appelé cabotégravir (Apretude). Notons cependant que la PrEP à action prolongée n’est pas offerte au Canada ou dans l’Union européenne et d’autres pays à revenu élevé.

Étude d’envergure australienne

En Australie, une équipe de recherche de la Nouvelle-Galles du Sud a mené une étude auprès de 9 596 personnes dont la participation à un programme de PrEP avait commencé entre mars 2016 et avril 2018. Le suivi a duré jusqu’au départ des participant·e·s de l’étude ou encore jusqu’à la fin mars 2019. À la fin de l’étude, l’équipe de recherche a constaté que 30 hommes étaient devenus séropositifs. Une analyse de données a révélé que tous les cas de séropositivité s’étaient produits chez des hommes qui n’avaient pas respecté les consignes relatives à la prise de la PrEP.

D’autres études seront nécessaires pour déterminer pourquoi certaines personnes utilisant la PrEP éprouvent des problèmes d’observance. Ce genre de recherche peut fournir des éclaircissements précieux et favoriser l’élaboration de stratégies pour mieux soutenir les personnes se faisant prescrire la PrEP.

Détails de l’étude

Avant de s’inscrire à l’étude, toutes les personnes intéressées passaient des tests de dépistage du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement. Advenant un résultat positif, la personne concernée se faisait offrir rapidement l’accès à d’autres tests (charge virale en VIH, analyse d’éventuelles résistances aux médicaments anti-VIH), aux soins et au traitement. Les personnes atteintes d’ITS se faisaient offrir un traitement également. Seules les personnes séronégatives étaient ensuite inscrites à l’étude.

Une fois la séronégativité établie et le traitement de toute ITS terminée, les participant·e·s se faisaient prescrire la PrEP, laquelle reposait sur une association des médicaments ténofovir DF et FTC dans un seul comprimé qu’il fallait prendre une fois par jour. La première ordonnance approvisionnait les participant·e·s en médicaments pour 30 jours. Un mois après avoir reçu celle-ci, les participant·e·s devaient retourner à la clinique de l’étude pour se faire tester pour le VIH et des ITS. Si le résultat du dépistage du VIH était négatif, les participant·e·s recevaient une ordonnance pour 60 jours de PrEP. Deux mois plus tard, les participant·e·s devaient retourner à la clinique pour passer à nouveau des tests de dépistage. Les personnes s’avérant encore séronégatives recevaient alors une ordonnance pour 90 jours de PrEP. À partir de cette visite, les rendez-vous à la clinique devaient avoir lieu tous les 90 jours afin que les participant·e·s puissent se faire tester pour le VIH et des ITS et recevoir d’autres ordonnances.

Deux personnes ont été diagnostiquées séropositives dès la sélection initiale, c’est-à-dire avant le début de l’étude, et n’ont pas été incluses dans l’analyse. L’équipe de recherche s’est concentrée sur 30 hommes qui ont contracté le VIH après avoir reçu la PrEP d’une pharmacie. 

Fournie gratuitement durant l’étude, la PrEP a été subventionnée partiellement par la suite pour certaines personnes.

Voici un bref profil moyen des hommes qui sont devenus séropositifs :

  • âge : 31 ans
  • orientation sexuelle : 97 % d’hommes gais, 3 % d’hommes bisexuels
  • 63 % des hommes sont nés en Australie ou dans un autre pays à revenu élevé anglophone; 17 % d’entre eux venaient de l’Asie, et 7 %, de l’Europe
  • 40 % s’étaient fait diagnostiquer une ITS, telles la chlamydiose, la gonorrhée ou la syphilis
  • 40 % disaient utiliser de la méthamphétamine

Résultats

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, 30 hommes ont contracté le VIH après avoir obtenu la PrEP. De ces derniers, selon l’équipe de recherche, « seulement 40 % ont passé un test de dépistage du VIH dans les six mois précédant leur diagnostic et, chez un grand nombre d’entre eux, des périodes prolongées s’écoulaient entre l’obtention de la PrEP et [les rendez-vous en clinique pour passer des tests de dépistage] ». Or, rappelons que, une fois l’essai lancé, les participant·e·s étaient censé·e·s retourner à la clinique tous les trois mois parce que les ordonnances les approvisionnaient en PrEP pour une période de 90 jours seulement. La plupart des hommes étaient orientés rapidement vers un service de soins et de traitement après l’obtention de leur résultat positif. Lorsque la prestation de soins débutait, ils avaient en moyenne une charge virale de 61 000 copies/ml.

Le VIH avait acquis une résistance à l’un des médicaments de la PrEP, soit la FTC, chez un seul participant.

Observance thérapeutique

L’équipe disposait de données sur la plus récente prise de PrEP chez 22 des hommes ayant contracté le VIH. Selon l’équipe, 18 d’entre eux (82 %) « avaient arrêté de prendre la PrEP un mois ou plus avant leur diagnostic de VIH ». Les quatre autres hommes avaient fait preuve d’une observance insuffisante de la PrEP quotidienne.

En ce qui concerne les raisons de l’arrêt de la PrEP, l’équipe disposait de données sur sept hommes seulement. Dans la plupart des cas, les hommes en question ont arrêté parce qu’ils considéraient comme faible leur risque de contracter le VIH pour les raisons suivantes :

  • activité sexuelle réduite
  • sur le point de commencer une relation monogame

D’autres raisons ont été invoquées aussi, dont les suivantes : incapacité de payer la quote-part pour la PrEP; apparition de lésions rénales; oubli de prendre la PrEP après être parti en voyage.

À retenir

Selon l’équipe de recherche, « Aucune donnée probante n’indiquait que [les résultats de séropositivité] se produisaient dans le contexte d’une observance suffisante de la PrEP ». Cela ne devrait surprendre personne, car les études antérieures sur la PrEP ont révélé généralement des taux élevés de protection contre le VIH chez les participant·e­·s maintenant une bonne observance thérapeutique. Dans cette étude australienne, moins de 0,3 % des hommes sont devenus séropositifs.

Selon l’équipe de recherche, « d’autres études sur l’observance de la PrEP, y compris sur les préférences posologiques [quotidienne ou à la demande], les raisons pour la discontinuation ou l’usage intermittent de la PrEP, relativement aux comportements à risque ou aux événements et aux périodes de moindre risque perçu, sont critiques pour reconnaître les obstacles à l’usage optimal de la PrEP chez des personnes présentant un risque d’infection par le VIH ».

Finalement, l’équipe de recherche a affirmé que la PrEP à la demande pourrait convenir à certaines personnes qui se considèrent comme moins à risque de contracter le VIH.

—Sean R. Hosein

Ressources

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La PPE dans la poche : une approche de prévention novatrice pour les cas d’expositions peu fréquentes au VIHNouvelles CATIE

Lignes directrices canadiennes sur les prophylaxies pré-exposition et post-exposition non professionnelle au VIH – Groupe de travail sur la prévention biomédicale du Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC

La prophylaxie préexposition au virus de l’immunodéficience humaine : Guide pour les professionnels de la santé du Québec (2019) – Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec

Alberta HIV pre-exposure prophylaxis (PrEP) guidelines (2021) – Alberta Health Services

Guidance for the use of pre-exposure prophylaxis (PrEP) for the prevention of HIV acquisition in British Columbia (2020) – Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique

Pre-exposure prophylaxis: Guideline review for primary care practitioners in Saskatchewan (2019) – Saskatchewan HIV Collaborative

RÉFÉRENCES :

  1. Dharan NJ, Jin F, Vaccher S et al. Characteristics of HIV seroconversions in a large prospective implementation cohort study of oral HIV pre-exposure prophylaxis in men who have sex with men (EPIC-NSW). Clinical Infectious Diseases. 2022; sous presse.
  2. Grulich AE, Jin F, Bavinton BR et al. Long-term protection from HIV infection with oral HIV pre-exposure prophylaxis in gay and bisexual men: findings from the expanded and extended EPIC-NSW prospective implementation study. Lancet HIV. 2021 Aug;8(8):e486-e494.