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CATIE
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  • À la suite de l’imposition des mesures visant le contrôle de la COVID-19, certaines cliniques ont constaté une baisse des taux de suppression du VIH chez leurs patient·e·s
  • En réponse à ce problème, une clinique de San Francisco s’est activée dans la communauté pour faciliter l’accès au logement et à d’autres services
  • Les taux de suppression virale ont augmenté de façon significative après la mise en œuvre de cette stratégie

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L’arrivée de la première vague d’infections associées à la pandémie de COVID-19 a incité de nombreux pays, régions et villes à imposer des restrictions sur les rassemblements et le nombre de personnes pouvant se réunir à l’intérieur. Ces restrictions avaient pour but de ralentir la propagation du SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19.

Cependant, à cause de ces restrictions, certaines personnes sont devenues moins susceptibles de consulter en vue d’obtenir des soins pour le VIH (et éventuellement pour d’autres affections aussi) ou de continuer à en recevoir. On peut se douter que certaines d’entre elles se sentaient plus isolées ou déprimées à cause des effets sociaux et économiques des mesures imposées pour lutter contre la pandémie. Il se peut même que certaines personnes séropositives aient cessé complètement de recevoir des soins, comme l’a signalé une clinique de San Francisco. Dans celle-ci, une équipe de recherche a constaté que les taux de suppression virale avaient baissé depuis le début de la pandémie, et plus particulièrement chez les sans-abris.

Soucieux de préserver la santé de leurs patient·e·s face à cette situation préoccupante, le personnel et l’équipe de bénévoles de la clinique ont commencé à effectuer plusieurs interventions dans le cadre d’une stratégie de « travail de proximité proactif » dont les objectifs consistaient à :

  • faciliter l’accès à la nourriture
  • assurer la livraison des médicaments
  • diriger les patient·e·s vers des services de soutien en santé mentale et en réduction des méfaits
  • faciliter l’accès au logement
  • offrir des rendez-vous en personne (contrairement à la télémédecine) aux patient·e·s qui en demandaient

De plus, la clinique a continué d’offrir un « programme de soins primaires intensifs facilement accessible et sans rendez-vous aux personnes séropositives en situation d’itinérance » (elle a donné à ce programme le nom de POP-UP).

Une équipe de recherche de la clinique a comparé les tendances de la suppression du VIH avant et après l’instauration de ces services. Dans l’ensemble, elle a trouvé que l’offre de ceux-ci a fait augmenter de 34 % la probabilité d’une suppression virale. Lorsque l’équipe s’est concentrée sur les personnes sans abri, ces services, et plus particulièrement l’aide au logement, ont eu un effet plus impressionnant encore, soit l’atteinte d’un taux de probabilité de suppression virale de 94 %.

Détails de l’étude

L’équipe médicale (médecins, infirmier·ère·s et pharmacien·ne·s) de la clinique VIH « Ward 86 » de l’hôpital général de San Francisco prodigue des soins à de nombreuses populations vulnérables, et plus particulièrement à des personnes à faible revenu.

Dans le cadre de la mise en œuvre des mesures conçues pour prendre et maintenir le contact avec les patient·e·s, durant chaque trimestre, le personnel et les bénévoles de la clinique ont fait au moins trois tentatives de localiser et d’interagir avec les patient·e·s afin de répondre à leurs besoins.

À San Francisco, les premières mesures visant à limiter la propagation du SARS-CoV-2 ont été imposées dans toute la ville le 16 mars 2020. Pour évaluer l’impact des interventions effectuées par la clinique (lesquelles ont été mises en œuvre peu de temps après), l’équipe de recherche a comparé des dossiers médicaux électroniques établis avant et après cette date et entretenus jusqu’en avril 2021.

Les 1 816 patient·e·s de la clinique figurant dans cette étude avaient le profil moyen suivant :

  • 88 % d’hommes, 12 % de femmes
  • âge : 51 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 43 %; Hispaniques – 26 %; Noirs – 18 %; Asiatiques – 8 %
  • compte de CD4+ : 505 cellules/mm3
  • 83 % des participant·e·s avaient une charge virale supprimée

Au début mars 2020, l’équipe de recherche a constaté la présence des problèmes suivants chez les participant·e·s dans les proportions indiquées :

  • 5 % n’avaient pas de domicile fixe
  • 9 % vivaient une situation de logement instable
  • 16 % souffraient d’une grave maladie mentale

Résultats

Lorsque la pandémie s’est déclarée, le personnel et les bénévoles de la clinique ont réussi à contacter 91 % des participant·e·s pour offrir des services. L’équipe de recherche a constaté que « 79 % des personnes en situation d’itinérance ont reçu un logement permanent ou [un hébergement temporaire dans une chambre d’hôtel fournie par la ville] ».

En évaluant la charge virale de l’ensemble des patient·e·s de la clinique après la mise en œuvre des services de proximité et autres, l’équipe de recherche a constaté que la proportion de personnes ayant une charge virale supprimée avait augmenté de 34 %.

Sous-groupes spécifiques

  • Dans la sous-population des personnes sans abri ayant recours au programme POP-UP, les chances d’avoir une charge virale supprimée ont augmenté de 51 %.
  • Dans la sous-population des personnes sans abri ou en situation de logement instable qui ont reçu un logement permanent ou temporaire (dans une chambre d’hôtel dans ce cas-ci), les chances d’avoir une charge virale supprimée ont augmenté de 94 %.

À retenir

Même si cette étude n’était pas un essai clinique contrôlé avec répartition aléatoire, elle souligne l’importance et l’impact stabilisant qu’ont le logement et les autres services destinés aux personnes vivant avec le VIH. Écoutons à cet égard l’équipe de recherche : « Fait intéressant, certains patient·e·s ont commencé un TAR pour la première fois de leur vie grâce à l’obtention d’un logement avec services de soutien ». Et de conclure l’équipe : « Pour réaliser d’autres progrès auprès des personnes sans abri vivant avec le VIH, il sera sans doute nécessaire d’offrir plus de logements avec services de soutien et de programmes ciblés qui cherchent à répondre aux besoins uniques des personnes séropositives faisant face à l’insécurité en matière de logement, y compris des services de proximité, des consultations en personne sans rendez-vous et des incitatifs [à s’en prévaloir] ».

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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