Programme de conseillers de transition en VIH de la Caroline du Nord
Caroline du Nord, États-Unis
2017
Le Programme de conseillers de transition de l’État (SBC) de la Caroline du Nord accroît la motivation des participants à surmonter les obstacles aux soins.1 Le Programme SBC permet d’arrimer des personnes ayant récemment reçu un diagnostic de séropositivité à des soins liés au VIH et il réintègre dans les soins des personnes vivant avec le VIH qui étaient tombées entre les mailles du filet d’un programme de soins. En un an, 83 % des personnes des personnes qui venaient de recevoir un diagnostic avaient entamé des soins, 68 % poursuivaient leurs soins et 69 % avaient atteint la suppression virale. En un an, 46 % des clients qui étaient tombés entre les mailles du filet ont été de nouveau arrimés à des soins, 50 % ont poursuivi leurs soins et 51 % ont atteint la suppression virale.2
Conseillers de transition d’État2
Le Programme SBC est une intervention à l’échelle de l’État qui a pour but d’arrimer les personnes qui viennent de recevoir un diagnostic de séropositivité à des soins et d’impliquer de nouveau dans les soins des personnes séropositives qui avaient cessé d’en recevoir. Des protocoles normalisés ont été élaborés pour la prestation et la coordination des services à l’intention des SBC afin de permettre à ces derniers de fournir des services dans plusieurs comtés.
Les SBC ont reçu une formation dans les domaines suivants :
- ARTAS (un programme fondé sur des données probantes et qui utilise le counseling et la gestion de cas axés sur les forces pour augmenter l’arrimage aux soins)
- consommation de substances et santé mentale
- élimination des obstacles aux soins
Les SBC ont fourni des services aux personnes qui venaient de recevoir un diagnostic de séropositivité, aux personnes de l’extérieur de l’État qui entamaient des soins pour la première fois en Caroline du Nord, aux personnes qui avaient cessé de recevoir des soins et aux clients à risque élevé qui avaient besoin de soins urgents (p. ex., femmes enceintes).
Les SBC ont fourni une aide succincte (un à deux contacts) pour assurer l’arrimage et la reprise des soins. Cela comprenait une aide pour éliminer les obstacles en fournissant des services ou des soutiens sur les plans suivants :
- rendez-vous médicaux
- aide financière ou assurances
- logement
- transport
- aiguillage vers d’autres services (p. ex., santé mentale)
- problèmes de langue
- garde d’enfants
- counseling sur la violence dans les relations amoureuses et intimes.
Les personnes qui venaient de recevoir un diagnostic de séropositivité ont été aiguillées vers des SBC par la santé publique après avoir pris un premier rendez-vous pour des soins liés au VIH. Les SBC ont par la suite confirmé leur présence au rendez-vous en communiquant avec le patient ou la clinique ou en consignant les résultats d’un test de la charge virale. Si le patient ne s’est pas présenté au rendez-vous, le SBC se chargeait de le retrouver et l’aidait à aborder les obstacles auxquels il faisait face en matière de soins.
On a déterminé que les clients qui ne s’étaient pas présentés à leurs rendez-vous médicaux pendant plus de six à neuf mois avaient cessé de recevoir des soins et ont été aiguillés par la santé publique vers des SBC pour un suivi. Les CTÉ ont essayé de retrouver ces clients en faisant jusqu’à trois appels téléphoniques et jusqu’à trois visites. S’ils parvenaient à joindre les clients, les SBC leur fournissaient du counseling fondé sur les forces dans le but de déterminer pourquoi ils avaient cessé de recevoir des soins. On a fixé des rendez-vous pour les clients disposés à être de nouveau arrimés à des soins et les SBC confirmaient qu’ils s’étaient présentés à ces rendez-vous. On fermait le dossier lorsqu’un client était arrimé à des soins, qu’il refusait de recevoir des services, qu’il décédait ou qu’on n’arrivait pas à le retrouver après 90 jours de tentatives.
Résultats1,2
Toutes les activités réalisées par les SBC ont été enregistrées dans une base de données et on a analysé les données sur les services entre janvier 2013 et juin 2015 en vue de déterminer les caractéristiques des clients qui ont été aiguillés vers les SBC, ainsi que les proportions de clients qui ont été arrimés à des soins, qui ont repris leurs soins après une interruption ou qui ont atteint la suppression virale.
Personnes qui ont bénéficié de services d’arrimage
En tout, 1 173 personnes qui venaient de recevoir un diagnostic de séropositivité ont été aiguillées vers des SBC en vue d’être arrimées à des soins entre janvier 2013 et juin 2015. De ce chiffre, 299 personnes (25,5 %) ont reçu des services. Parmi les 874 personnes qui n’ont pas été arrimées à des soins, 79 % en recevaient déjà, 11 % n’ont pas pu être retrouvées et 10 % n’étaient pas admissibles à l’intervention parce qu’elles étaient en prison ou décédées ou avaient quitté l’État.
Le nombre de personnes aiguillées vers les SBC pour des soins a augmenté, passant de 34 clients dans le premier trimestre de 2013 à 208 dans le second trimestre de 2015. Dans l’ensemble, les SBC ont fourni 1 327 services d’arrimage à des clients qui venaient de recevoir un diagnostic. Parmi les services fournis, citons :
- prise de rendez-vous et accompagnement à ceux-ci (43 %)
- aide financière ou en matière d’assurances (19 %)
- transport (14 %)
- logement (6 %)
- santé mentale, consommation de substances ou counseling sur la violence dans les relations amoureuses et intimes (7 %)
- aide linguistique (1 %)
- garde d’enfants (1 %)
- autres (10 %).
On a fourni en moyenne un contact et deux services par client. Le temps moyen total passé avec chaque client était de 30 minutes.
Les soins ont été entamés moins de 90 jours après l’aiguillage pour 63 % des clients et en moins d’un an pour 83 % d’entre eux. Moins d’un an après l’aiguillage, 68 % des clients poursuivaient leurs soins et 69 % avaient atteint la suppression virale.
Personnes qui ont de nouveau été arrimées à des soins
Les SBC ont effectué en tout 2 099 recommandations entre janvier 2013 et juin 2015 en vue d’arrimer à nouveau des personnes à des soins après une interruption. Des services ont été fournis à 606 personnes (28,9 %). Parmi les 1 493 personnes qui n’ont pas reçu de services, 56 % recevaient déjà des soins, 31 % n’ont pas pu être retrouvées et 13 % n’étaient pas admissibles à cette intervention parce qu’elles étaient en prison ou décédées ou avaient quitté l’État.
Le nombre de personnes aiguillées par les SBC en vue d’être de nouveau arrimées à des soins a augmenté, passant de 18 dans le premier trimestre de 2013 à 302 dans le deuxième trimestre de 2015. Dans l’ensemble, les SBC ont fourni 2 640 services d’arrimage, notamment :
- prise de rendez-vous et accompagnement à ceux-ci (35 %)
- aide financière ou en matière d’assurances (17 %)
- transport (12 %)
- logement (5 %)
- santé mentale, consommation de substances, counseling sur la violence dans les relations amoureuses et intimes (5 %)
- aide linguistique (1 %)
- garde d’enfants (1 %)
- autres (8 %).
On fournissait en moyenne un contact et deux services par client. Le temps moyen total passé avec chaque client était de 39 minutes.
Quarante-six pour cent (46 %) des clients ont été de nouveau arrimés à des soins dans les 90 jours suivant l’aiguillage et 78 % l’ont été en moins d’un an. Moins d’un an après l’aiguillage, 50 % des clients poursuivaient leurs soins et 51 % avaient atteint la suppression virale.2
Dans une étude qualitative, les participants ont déclaré que les SBC avaient augmenté leur motivation à reprendre leurs soins liés au VIH et à surmonter les obstacles associés à la réintégration dans les soins. Des SBC ont noté que l’approche fondée sur les forces et axée sur l’implication (p. ex., joindre les clients là où ils en sont dans leur vie, tenter d’identifier leurs compétences, talents et habiletés, et les informer de leurs droits à chaque occasion) facilitait la réintégration dans les soins liés au VIH.1
Qu’est-ce que cela signifie pour la prestation des services au Canada?
Les personnes vivant avec le VIH au Canada ne sont pas impliquées dans les soins de façon optimale.3,4 Le Programme SBC a permis d’arrimer des personnes ayant récemment reçu un diagnostic à des soins et d’impliquer de nouveau dans les soins celles qui avaient cessé d’en recevoir en les aidant à surmonter les obstacles auxquels elles se heurtaient. Les responsables du programme y sont parvenus en utilisant une interaction à délai limité avec chaque client et en misant sur l’infrastructure de santé publique existante. Cette intervention à l’échelle de l’État incluait les régions rurales et constitue un exemple d’une initiative qui permet d’impliquer efficacement les patients en région rurale dans les soins.2 Une approche fondée sur les forces et axée sur l’implication pourrait éclairer le développement de programmes efficaces de navigation en VIH, afin de susciter la reprise de l’implication dans les soins chez les personnes vivant avec le VIH qui ont abandonné les soins et qui ont besoin de mécanismes de réintégration hors normes (p. ex., courriels, appels téléphoniques).1
Références
- a. b. c. d. Parnell HE, Berger MB, Gichane MW, et al. Lost to Care and Back Again: Patient and Navigator Perspectives on HIV Care Re-Engagement. AIDS Behaviour. 2017 Oct 3 [Epub ahead of print].
- a. b. c. d. e. Seña AC, Donovan J, Swygard H, et al. The North Carolina HIV Bridge Counselor Program: Outcomes From a Statewide Level Intervention to Link and Reengage HIV-Infected Persons in Care in the South. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2017 Sep 1;76(1):e7–e14.
- Nosyk B, Montaner JSG, Colley G, et al. The cascade of HIV care in British Columbia, Canada, 1996–2011: a population-based retrospective cohort study. The Lancet Infectious Diseases. Janvier 2014; 14(1):40–49.
- Gilbert M, Gardner S, Murray J, et coll. Quantifying the HIV care cascade in Ontario: Challenges and future directions. Poster presented at the 24th Annual Canadian Conference on HIV/AIDS Research; 2015 May 30; Toronto, Ontario. Disponible à : http://www.cahr-acrv.ca/wp-content/uploads/2012/10/InfDis_26_SB_MarApr2015_Final.pdf