La carence en chrome chez les personnes ayant le VIH
Le nutriment chrome se trouve dans les aliments suivants :
- le foie;
- les grains entiers;
- les fèves;
- le brocoli;
- les champignons;
- certaines épices comme la cannelle.
Le chrome est absorbé par les intestins et stocké dans les endroits suivants :
- les os;
- le foie;
- la rate;
- les muscles;
- les tissus adipeux (graisses).
Le chrome peut être stocké dans la graisse et les muscles pendant deux semaines environ, alors que le foie et la rate peuvent en stocker pendant jusqu’à un an. Il semble que le corps excrète la plupart de ses réserves de chrome dans l’urine.
Selon des expériences sur des animaux, le chrome semble améliorer l’activité de l’hormone insuline. Cette hormone est utilisée par le corps pour réguler le taux de sucre sanguin (glycémie). Lorsque la glycémie est élevée, l’insuline, qui est fabriquée par le pancréas, aide les cellules à absorber du sucre à partir du sang.
D’autres parties du corps jouent un rôle dans la régulation de la glycémie aussi. Par exemple, le foie peut aider à réduire la glycémie en transformant le sucre en lipides. Une partie de ces lipides peut être stockée dans le foie, alors qu’une autre portion est libérée dans le sang sous forme de triglycérides. Alors, l’insuline contribue directement au contrôle de la glycémie et peut influer indirectement sur les taux de lipides.
Plusieurs équipes de recherche ont observé des changements dans les effets de l’insuline et la glycémie chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Les études en question laissent croire à la présence des tendances suivantes chez les PVVIH :
- glycémie supérieure à la normale;
- taux d’insuline supérieur à la normale dans le sang.
Chez certaines PVVIH, les effets de l’insuline semblent s’affaiblir au fil du temps—il s’agit d’un phénomène appelé insulinorésistance. Le pancréas fabrique l’insuline, et la présence de beaucoup de sucre dans le sang déclenche une forte libération de cette hormone puisque le corps essaie de réguler la glycémie. Le pancréas finit par s’épuiser, et un diabète de type 2 peut en résulter.
Le VIH et le diabète
Des chercheurs à l’Hôpital général de Toronto ont remarqué des similarités entre les trois groupes de personnes suivants :
- personnes séronégatives atteintes d’un diabète de type 2;
- personnes séronégatives carencées en chrome;
- personnes séropositives ayant des problèmes de métabolisme des lipides et du sucre.
Lors d’expériences réalisées auprès de ces trois groupes, plusieurs équipes de recherche ont trouvé que la prise de suppléments de chrome à faible dose améliorait la sensibilité à l’insuline et d’autres indices du métabolisme. Les chercheurs torontois ont donc entrepris d’étudier le taux de chrome des PVVIH afin de déterminer s’il y avait des carences et un lien possible avec les anomalies du sucre sanguin.
Détails de l’étude
L’équipe torontoise a recruté 104 participants appartenant aux catégories suivantes pour cette étude pilote :
- 75 personnes séropositives en multithérapie antirétrovirale;
- 16 personnes séropositives ne suivant pas de multithérapie;
- 13 personnes séronégatives (pour des fins de comparaison).
Les participants étaient majoritairement des hommes d’une quarantaine d’années. On a recueilli des échantillons d’urine et de sang, ainsi que des morceaux d’ongles et de cheveux pour évaluer leur teneur en chrome.
Des diététistes ont interviewé les participants au sujet de leur alimentation afin de déterminer leurs sources alimentaires de chrome.
Les chercheurs ont évalué la composition corporelle des participants—proportions de muscle, de gras, d’eau et d’os—à l’aide d’une analyse d’impédance bioélectrique (BIA).
Résultats
L’équipe a découvert que les participants séropositifs et séronégatifs obtenaient une quantité comparable de chrome à partir de leur alimentation. Toutefois, les taux de chrome mesurés dans les cheveux, les ongles et le sang des PVVIH étaient inférieurs à ceux des personnes séronégatives.
La quantité de chrome excrété dans l’urine était comparable chez les groupes séropositifs et séronégatifs.
Les participants séropositifs en multithérapie excrétaient considérablement plus de chrome dans leur urine que les participants séropositifs qui ne suivaient pas de multithérapie. De plus, les chercheurs ont constaté que plus le taux de chrome était élevé dans les échantillons d’urine, plus la probabilité d’un syndrome de lipodystrophie augmentait.
Prochaine étape?
La conception de cette étude revêt une importance qui mérite d’être soulignée. Il s’agissait d’une étude transversale. Les études de ce genre permettent de capter des données à un moment donné dans le temps. Elles sont utiles pour relever des associations mais on ne peut s’y fier pour prouver des relations de cause à effet. Les études transversales permettent d’observer des associations qui pourraient être explorées ultérieurement dans le cadre d’études conçues de manière différente.
Les résultats de cette équipe torontoise laissent croire que le métabolisme du chrome est perturbé chez certaines PVVIH, surtout celles recevant une multithérapie antirétrovirale. Ils soulèvent également la possibilité que le chrome joue un rôle dans les modifications de la forme corporelle qui s’observent chez certaines personnes ayant le VIH/sida.
RÉFÉRENCES :
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