Le raltégravir chez les femmes et la réduction de la CD14 soluble
Des chercheurs étudient l’impact du raltégravir (vendu sous le nom d’Isentress) dans le cadre de thérapies antirétrovirales prescrites aux femmes séropositives. Lors d’une étude canado-américaine, les chercheurs ont recruté des femmes recevant une combinaison de médicaments puissants contre le VIH (couramment appelée TAR ou multithérapie) et ont remplacé l’inhibiteur de la protéase ou l’analogue non nucléosidique de leur régime par le raltégravir (rappelons que ce médicament est un inhibiteur de l’intégrase). Avant la modification du régime, toutes les femmes avaient une charge virale sanguine sous la barre des 50 copies/ml.
On a recruté 36 femmes âgées de 43 ans en moyenne pour l’étude; la majorité d’entre elles faisaient de l’embonpoint et avaient un compte de CD4+ de 560 cellules environ.
Durant cette étude de 48 semaines, la moitié des femmes ont changé immédiatement de régime, tandis que l’autre moitié a reporté le changement jusqu’à la 24e semaine.
Dans l’ensemble, après 24 semaines, le taux de sCD14 a baissé considérablement chez les femmes, soit de 21 % chez les femmes ayant changé immédiatement de régime. Chez les femmes qui ont reporté le changement de régime, le taux de sCD14 a chuté de 10 %.
Évaluation de l’inflammation
Il existe de nombreux marqueurs sanguins que les médecins peuvent mesurer pour essayer d’évaluer l’inflammation, dont les suivants :
- protéine C-réactive de haute sensibilité (qui s’écrit hsCRP)
- interleukine-6 (IL-6)
- facteur de nécrose tumorale (TNF)
- D-dimère
- CD163 soluble (sCD163)
- CD14 soluble (sCD14)
Plusieurs de ces protéines, et d’autres, sont à l’étude dans des laboratoires de recherche, et les tests de mesure ne sont pas toujours disponibles dans les laboratoires locaux utilisés de façon routinière par les cliniques. On ne connaît pas la protéine ou le groupe de protéines idéal qu’il faudrait mesurer pour évaluer l’inflammation chez les personnes séropositives.
Retour au raltégravir
L’étude sur le raltégravir chez les femmes que nous venons de mentionner est importante parce qu’elle parle d’une mesure de l’inflammation, la sCD14, et comment elle a baissé sous l’effet du traitement comportant du raltégravir. Des études devront être menées à l’avenir pour confirmer l’effet de ce médicament chez les femmes séropositives.
Lors d’une autre étude, on a constaté que les régimes de traitement ayant recours à d’autres classes de médicaments anti-VIH, tels les inhibiteurs de protéase et les analogues non nucléosidiques, ne causaient pas de réduction significative du taux de sCD14 à long terme.
Les chercheurs ne savent pas avec certitude pourquoi le raltégravir était associé à une réduction du taux de sCD14, mais il est possible que la baisse soit attribuable à son effet généralement neutre sur le cholestérol ou, éventuellement, à sa puissante activité anti-VIH.
Le raltégravir appartient à la classe de médicaments appelés inhibiteurs de l’intégrase. Les autres membres homologués de cette classe sont les suivants :
- elvitégravir (dans Stribild)
- dolutégravir (dans Tivicay)
Des essais cliniques sur ces deux autres inhibiteurs de l’intégrase se poursuivent auprès de femmes séropositives. Espérons qu’ils révéleront aussi des baisses du taux de sCD14.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :
- Lake J, McComsey G, Hulgan T, et al. Switch to raltegravir decreases soluble CD14 in virologically suppressed overweight women: the Women, Integrase and Fat Accumulation Trial. HIV Medicine. 2014; in press.
- Gupta SK, Mi D, Moe SM, et al. Effects of switching from efavirenz to raltegravir on endothelial function, bone mineral metabolism, inflammation, and renal function: a randomized, controlled trial. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2013 Nov 1;64(3):279-83.
- Asmuth DM, Ma ZM, Mann S, et al. Gastrointestinal-associated lymphoid tissue immune reconstitution in a randomized clinical trial of raltegravir versus non-nucleoside reverse transcriptase inhibitor-based regimens. AIDS. 2012 Aug 24;26(13):1625-34.