La ménopause et le VIH — leur impact sur la cognition

Au fur et à mesure qu’il vieillit, l’organisme féminin subit des changements complexes qui ont un impact sur plusieurs aspects de la santé. La ménopause est un de ces changements qui est causée par des fluctuations des taux hormonaux. Les ovaires, qui produisent des estrogènes, de l’estradiol et de l’estrone, se mettent à rétrécir vers l’âge de 35 ans. En moyenne, vers l’âge de 50 ans, la production d’estrogène a considérablement diminué, alors que la production d’autres hormones comme la LH (hormone lutéinisante) et la FSH (hormone folliculostimante) est à la hausse. À mesure que la ménopause approche, les fluctuations hormonales peuvent causer plusieurs symptômes, dont les suivants :

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  • bouffées de chaleur
  • sueurs nocturnes
  • irrégularités menstruelles avec changements dans les saignements
  • sécheresse vaginale

Certaines femmes ont également signalé les symptômes suivants alors qu'elles traversaient la période de transition qu’est la ménopause :

  • sautes d’humeur
  • dépression
  • difficulté à se concentrer
  • mémoire affaiblie
  • dysfonction sexuelle

L’intensité et la durée de ces symptômes liés au début de la ménopause peuvent varier considérablement d’une femme à l’autre.

Recherche sur la ménopause

Des chercheurs un peu partout aux États-Unis étudient la ménopause chez les femmes vivant avec le VIH et celles courant un risque élevé de le contracter. En particulier, des équipes de recherche se sont concentrées sur l’impact de la ménopause sur la fonction neurocognitive et la santé mentale et émotionnelle. Elles ont trouvé que les femmes séropositives ménopausiques qui éprouvaient des symptômes d’anxiété étaient plus susceptibles de faire preuve d’une fonction neurocognitive affaiblie lors des évaluations. En effet, l’effet négatif de l’anxiété était plus important que celui du VIH durant l’étude en question. Par conséquent, les chercheurs encouragent les médecins qui soignent des femmes séropositives à déterminer si elles souffrent d’anxiété et, le cas échéant, à les traiter.

Détails de l’étude

Des chercheurs ont recruté des femmes séropositives ou à risque élevé de le devenir dans les villes suivantes :

  • Bronx
  • Brooklyn
  • Chicago
  • Los Angeles
  • San Francisco
  • Washington, DC

Lors de cette étude, les chercheurs ont concentré leur attention sur les femmes suivantes :

  • 708 femmes séropositives
  • 278 femmes séronégatives

Les chercheurs ont évalué les femmes à l’aide de questionnaires, d’interrogatoires, d’évaluations neurocognitives, d’examens physiques et de tests sanguins. Ce rapport met l’accent sur les résultats obtenus auprès des femmes séropositives.

Au moment de l’étude (entre avril 2007 et avril 2008), le profil moyen des femmes séropositives était le suivant :

  • âge – 44 ans
  • revenu annuel de 12 000 $US ou moins – 48 %
  • résultat positif au test de dépistage des anticorps anti-hépatite C – 32 %
  • antécédents de consommation de crack, de cocaïne ou d’héroïne – 50 %
  • consommation actuelle de crack, de cocaïne ou d’héroïne – 11 %
  • consommation d’alcool qualifiée d’importante par les chercheurs – 15 %
  • tabagisme actuel – 44 %
  • nadir du compte de CD4+ – 233 cellules/mm3
  • compte de CD4+ supérieur à 500 cellules/mm3 – 43 %
  • taux d’observance de la TAR de 95 % ou plus – 48 %
  • charge virale en VIH inférieure à 50 copies/ml – 51 %

Résultats — stades de la ménopause

Les femmes ont été réparties comme suit selon le stade de la ménopause :

  • 56 % – préménopause
  • 15 % – périménopause précoce
  • 5 % – périménopause tardive
  • 24 % – post-ménopause

Les symptômes suivants de la ménopause étaient présents dans les proportions indiquées :

  • dépression – 35 %
  • anxiété – 9 %
  • perturbations du sommeil – 29 %
  • bouffées de chaleur et/ou sueurs nocturnes – 18 %

Lorsque les chercheurs ont analysé les symptômes de la ménopause en fonction du stade de celle-ci, ils ont constaté ce qui suit :

  • Les femmes en phase de périménopause précoce étaient considérablement plus susceptibles de signaler des symptômes de dépression et d’anxiété que les femmes post-ménopausées.
  • Les femmes post-ménopausées étaient plus susceptibles de signaler des problèmes de sommeil que les femmes en phase de préménopause.

Résultats — évaluations neurocognitives

Les chercheurs ont trouvé que les femmes séropositives qui éprouvaient ce qu’ils qualifiaient de « symptômes d’anxiété élevés » réussissaient moins bien aux différentes évaluations neurocognitives que les autres femmes séropositives n’ayant pas de symptômes d’anxiété. Ces différences étaient significatives du point de vue statistique, c’est-à-dire non attribuables au seul hasard. L’effet négatif de l’anxiété était plus important que celui de la dépression chez les femmes séropositives.

En outre, parmi les femmes séropositives, les chercheurs ont trouvé que l’impact de l’anxiété sur les évaluations neurocognitives était « généralement » plus important que l’impact du VIH.

Analyse en profondeur

Les chercheurs ont voulu déterminer quels sentiments d’anxiété particuliers étaient associés à une baisse de la fonction neurocognitive. Ils ont trouvé que les femmes mentionnaient les émotions suivantes :

  • « sentiment de tension/nervosité »
  • sentiments plus importants de « peur pour aucune raison »

Points à retenir

La présente étude est de nature transversale, ce qui est analogue à une photo captée à un moment particulier dans le temps. Parfois, on mène en premier une étude transversale pour aborder une question de recherche. Les résultats d’une telle étude fournissent parfois la justification nécessaire pour mener une étude plus coûteuse de plus grande envergure et de plus longue durée. On ne peut toutefois tirer de conclusions définitives sur les problèmes de santé dégagés lors des études transversales. Dans le présent cas, par exemple, les chercheurs ont présumé que les symptômes d’anxiété et de dépression donnaient lieu à une baisse de la fonction neurocognitive. Or il est possible que, chez certaines femmes, les problèmes de fonction neurocognitive aient commencé avant l’apparition de l’anxiété et de la dépression.

Les chercheurs américains mènent actuellement une étude de longue durée dans l’espoir de mieux comprendre pourquoi certaines femmes séropositives éprouvent des problèmes neurocognitifs et pour déterminer l’impact de la ménopause sur ces problèmes.

Les chercheurs encouragent aussi les médecins à évaluer leurs patientes séropositives pour la présence d’anxiété et, le cas échéant, à leur proposer un traitement.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Rubin LH, Sundermann EE, Cook JA, et al. Investigation of menopausal stage and symptoms on cognition in human immunodeficiency virus-infected women. Menopause. 2014; in press.