L’exercice et le cerveau

Des chercheurs à l’Université de la Californie à San Diego (UCSD) ont interrogé plus de 300 personnes séropositives au sujet de leur santé générale, leurs comportements et leurs activités, y compris leurs habitudes à l’égard de l’exercice physique. Les participants ont également subi des évaluations exhaustives de leur santé cérébrale. Selon les chercheurs, les participants qui disaient faire de l’exercice avaient 50 % moins de déficiences neurocognitives que les participants qui n’en faisaient pas. Des essais cliniques seront nécessaires à l’avenir pour aider les médecins à déterminer quel niveau d’exercice est nécessaire pour prévenir ou corriger le déclin de la santé cérébrale chez les personnes vivant avec le VIH.

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Détails de l’étude

Les chercheurs ont recruté 335 adultes séropositifs ayant le profil moyen suivant pour cette étude :

  • âge – entre 20 et 79 ans
  • sexe – 76 % d’hommes, 24 % de femmes
  • éducation – jusqu’à une année d’études collégiales
  • prise d’une TAR – 82 %
  • diagnostic antérieur de sida – 65 %
  • durée de l’infection au VIH – entre un mois et 28 ans

Dans leur questionnaire, les chercheurs ont précisé que l’exercice était « n’importe quelle activité qui fait battre rapidement le cœur » et ont proposé les exemples suivants aux participants :

  • course à pied
  • jogging
  • entraînement avec poids lourds
  • cours d’aérobie
  • hockey
  • football
  • soccer
  • squash
  • basketball
  • ski de fond
  • judo (et sports semblables)
  • patin à roues alignées/patinage sur glace
  • natation vigoureuse
  • randonnées vigoureuses à vélo sur de longues distances

Les participants ont également subi des évaluations neurocognitives.

En plus d’évaluer l’état de santé des participants et leur consommation de drogues/alcool, les chercheurs ont vérifié si ceux-ci souffraient de troubles de l’humeur. Dans certains cas, les chercheurs ont également évalué les dossiers médicaux pour vérifier les résultats de laboratoire et déterminer si d’autres affections médicales étaient présentes.

L’équipe a exclu de cette étude toute personne ayant des problèmes non liés au VIH qui auraient pu influencer les évaluations neurocognitives. Selon les chercheurs, les problèmes en question incluaient les suivants :

  • crises de nature épileptique
  • traumatisme crânien
  • trouble d’apprentissage
  • trouble psychotique
  • consommation actuelle de drogues/alcool

Résultats

Selon les chercheurs, les participants qui affirmaient faire de l’exercice correspondaient au profil suivant :

« [Ils avaient] considérablement plus d’éducation formelle, [étaient moins susceptibles d’avoir reçu un diagnostic de sida], avaient un compte de CD4+ plus élevé, [étaient moins sujets à la dépression] et [avaient un meilleur état de santé physique général]. »

Résultats — déficience cognitive

Dans l’ensemble, les participants qui n’avaient pas fait d’exercice au cours des trois dernières journées étaient plus susceptibles de présenter une déficience neurocognitive (31 %) que les personnes qui en avaient fait (16 %), soit une proportion qui constitue une différence significative.

Comparaisons plus poussées

Il semble évident que certains des résultats de cette étude ont pu être influencés par des facteurs qui n’ont pas été mesurés ou dont les chercheurs n’ont pas tenu compte lors de leurs comparaisons et calculs. Par exemple, il est possible de s’attendre à ce que des personnes plus scolarisées fassent plus régulièrement de l’exercice; or une telle attente de la part des chercheurs pourrait avoir faussé par inadvertance leur interprétation des résultats.

Pour tenter d’atténuer l’impact des préjugés ou facteurs de confusion de ce genre, les chercheurs ont créé des algorithmes complexes qui tenaient compte de certains des enjeux en question. De plus, ils ont analysé un sous-groupe de participants, soit 83 personnes qui faisaient de l’exercice et 83 autres qui n’en faisaient pas. Les membres de ce sous-groupe de 166 personnes se ressemblaient sur les plans de l’éducation, du sexe, de l’ethnie et de l’âge. L’analyse de ces personnes a confirmé que les participants qui disaient ne pas faire d’exercice avaient ce qui suit :

  • compte de CD4+ plus faible
  • taux plus élevé de dépression au moment de l’évaluation
  • risque plus élevé de sida dans le passé

En outre, l’analyse du sous-groupe a révélé que le manque d’exercice demeurait un prédicteur significatif d’une baisse de la fonction neurocognitive, et ce, même lorsque les chercheurs tenaient compte de plusieurs facteurs de confusion potentiels.

Points à retenir

Cette équipe de l’UCSD a mené une étude transversale, ce qui revient en quelque sorte à prendre une photo à un moment particulier dans le temps. Les études de ce genre sont utiles pour repérer des associations, mais elles ne permettent jamais prouver de lien causal. Autrement dit, dans le cas qui nous concerne, aucune étude transversale ne pourrait prouver que le manque d’exercices vigoureux réguliers fait augmenter le risque de déclin neurocognitif. Pour tirer de telles conclusions, il faut mener des études prospectives rigoureusement conçues et dispendieuses afin de pouvoir suivre les participants sur une longue période et comparer différentes interventions (exercice régulier contre absence d’exercice).

Quoi qu’il en soit, les résultats de la présente étude font valoir la pertinence de mener des essais cliniques sur l’exercice afin d’en évaluer l’impact sur la santé cérébrale des personnes séropositives.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Trøseid M, Ditlevsen S, Hvid T, et al. Reduced trunk fat and triglycerides after strength training are associated with reduced LPS levels in HIV-infected individuals. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndrome. 2014 Jun 1;66(2):e52-4.
  2. Fazeli PL, Woods SP, Heaton RK, et al. An active lifestyle is associated with better neurocognitive functioning in adults living with HIV infection. Journal of Neurovirology. 2014 Jun;20(3):233-42.
  3. Mapstone M, Hilton TN, Yang H, et al. Poor aerobic fitness may contribute to cognitive decline in HIV-infected older adults. Aging and Disease. 2013 Aug 27;4(6):311-9.
  4. Dufour CA, Marquine MJ, Fazeli PL, et al. Physical exercise is associated with less neurocognitive impairment among HIV-infected adults. Journal of Neurovirology. 2013 Oct;19(5):410-7.