Des chercheurs de Bologne ne trouvent aucun lien entre les AAD et le cancer du foie
Stimulés par les rapports provenant d’autres villes, des médecins de Bologne, en Italie, ont passé en revue leur base de données pour évaluer des facteurs de risque éventuels de cancer du foie et de sa récurrence chez 344 participants qu’ils avaient traités pour l’infection au virus de l’hépatite C (VHC) par antiviraux à action directe en 2015. Tous les participants avaient subi une cicatrisation étendue du foie (cirrhose) avant le traitement par AAD et couraient donc un risque accru de cancer du foie.
Le traitement par AAD a réussi à guérir 91 % des patients. Il est important que nos lecteurs comprennent que la guérison de l’hépatite C n’entraîne pas immédiatement la résolution de la cirrhose. Une telle cicatrisation étendue du foie se produit sur une période d’années, et il faut des années au foie pour se réparer et se régénérer. Comme il y a encore du tissu cicatriciel présent durant cette période d’auto-régénération, le risque de cancer du foie perdure.
Après le traitement réussi par AAD, les participants ont été suivis pendant 24 semaines additionnelles. Subséquemment, les techniciens ont détecté un cancer du foie chez 26 patients sur 344 (8 %). Les cas de cancer du foie étaient répartis comme suit :
- 17 patients sur 59 (29 %) ayant des antécédents de cancer du foie
- neuf patients sur 285 (3 %) n’ayant pas d’antécédent de cancer du foie
La récurrence du cancer du foie mise en contexte
Les médecins de Bologne ont affirmé que, dans leur expérience, la récurrence du cancer du foie après le traitement de ce dernier « n’est pas rare ». En effet, ils ont trouvé utile de mettre les cas de cancer du foie actuels en contexte. Ils l’ont fait en se référant à une étude majeure qui avait suivi des participants traités pour le cancer du foie (et qui n’avaient pas reçu d’AAD modernes). Un an après le traitement du cancer du foie, 20 % des participants avaient vécu une récurrence de cette maladie. Les médecins de Bologne ont donc affirmé ceci : « notre découverte d’un taux de récurrence [de 29 %] chez les patients… n’était pas inattendue. »
En conclusion, les médecins ont affirmé que, chez les patients atteints de cirrhose liée au VHC, la guérison par AAD « ne semble pas réduire l’incidence du cancer du foie à court terme ».
À la lumière de leurs résultats, l’équipe bolonaise recommande l’approche suivante pour tous les patients atteints de cirrhose :
- suivi rigoureux pendant et après le traitement par AAD
- dépistage régulier du cancer du foie, même si le patient a guéri du VHC
Comme le risque de cancer du foie est influencé par la présence de cirrhose, les médecins de Bologne recommandent ceci : « Dans la mesure du possible, le traitement [par AAD] devrait commencer tôt, avant l’apparition de la cirrhose ».
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Conti F, Buonfiglioli F, Scuteri A, et al. Early occurrence and recurrence of hepatocellular carcinoma in HCV-related cirrhosis treated with direct acting antivirals. Journal of Hepatology. 2016; in press.