Innocuité et efficacité de glécaprévir + pibrentasvir (Maviret) dans les cas de greffes de foie ou de rein en présence de l'infection chronique au VHC
Il est difficile de traiter les receveurs de greffes d'organes atteints du virus de l'hépatite C (VHC) à cause de la possibilité d'interactions médicamenteuses. L'avantage de la combinaison glécaprévir (G) + pibrentasvir (P) réside dans le fait qu'elle a des interactions limitées avec la majorité des médicaments immunosuppresseurs administrés aux greffés d'organes.
Lors d'un essai clinique portant le nom de Magellan-2, les participants, qui avaient tous subi une greffe de foie ou de rein, ont reçu la combinaison G+P pendant 12 semaines.
Les 100 participants avaient le profil moyen suivant au début de l'étude :
- 75 % d'hommes, 25 % de femmes
- âge : 60 ans
- indice de masse corporelle (IMC : mesure relative de l'adiposité) : 26
- charge virale en VHC : 6,5 millions d'UI/ml
- la plupart des participants (80 %) avaient un score de fibrose minime ou faible (F0 ou F1)
- 34 % des participants avaient déjà suivi un traitement contre le VHC, principalement avec de l'interféron
Les principaux génotypes étaient les suivants :
- GT 1a : 57 % des participants
- GT 2 : 13 %
- GT 3 : 24 %
- GT 4 : 4 %
- GT 6 : 2 %
Voici la distribution des organes spécifiques transplantés :
- foie : 80 %
- rein : 20 %
Les médicaments immunosuppresseurs administrés à la suite des greffes d'organes étaient les suivants :
- tacrolimus
- mycophénolate mofétil
- cyclosporine
- prednisone/prednisolone
- évérolimus
- azathioprine
- sirolimus
La majorité des participants n'avaient aucune résistance aux médicaments anti-VHC. Quelques personnes avaient toutefois acquis une résistance aux médicaments anti-VHC ciblant la protéine NS5A.
Résultats
- 99 % des participants ont guéri après 12 semaines
- un participant ayant le sous-génotype 3a a rechuté quatre semaines après la cessation du traitement
- un autre participant a arrêté de fréquenter la clinique
Effets indésirables
Deux participants ont éprouvé des problèmes qu'il serait plausible d'attribuer à l'usage de G+P :
- un participant a présenté une inflammation des sinus
- un autre participant a vu ses taux d'enzymes hépatiques augmenter temporairement après la cessation du traitement
Les effets secondaires couramment signalés ont été les suivants :
- maux de tête : 22 %
- fatigue : 22 %
- nausées : 12 %
- démangeaisons de la peau : 12 %
- diarrhées : 10 %
Dans l'ensemble, la plupart de ces effets secondaires ressemblent à ceux observés sous l'effet d'autres antiviraux à action directe modernes (AAD) et même à ceux éprouvés sous l'effet d'un placebo lors de certains essais cliniques contrôlés (tel l'essai Polaris-1 sur la combinaison sofosbuvir + velpatasvir + voxilaprévir, dont nous rendons compte plus loin dans ce numéro de TraitementActualités).
Aucun participant n'est décédé au cours de cette étude.
Les tests sanguins ont rarement donné des résultats gravement anormaux durant cette étude et, lorsqu'ils en donnaient, les anomalies en question ont été de courte durée. Ici encore, ce résultat fait écho aux rapports sur d'autres AAD provenant d'essais cliniques de phase III.
On s'attend à ce que la combinaison G+P soit homologuée au Canada d'ici la fin de l'été 2017.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Reau N, Kwo PY, Rhee S, et al. Magellan-2: Safety and efficacy of glecaprevir/pibrentasvir in liver or renal transplant adults with chronic hepatitis c genotype 1-6 infection. In: Program and abstracts of the International Liver Conference. 13-22 April 2017, Amsterdam, The Netherlands.