Il existe un médicament injectable contre le VIH.
Darien Taylor nous présente cette solution.
Depuis la découverte des premiers traitements efficaces, les médicaments anti-VIH sont toujours présentés sous forme de comprimés. Avec l’évolution du traitement au fil des années, le nombre de comprimés à prendre a diminué : si dans les années 1990, il fallait prendre une poignée de comprimés par jour, aujourd’hui, le traitement peut se résumer à la prise quotidienne d’un seul comprimé. Mais un nouveau médicament est en passe de transformer la prise en charge de l’infection par le VIH : Cabenuva, une association de cabotégravir (un inhibiteur de l’intégrase) et de rilpivirine (un agent non nucléosidique), est le premier médicament injectable contre le VIH homologué au Canada. Au lieu de prendre chaque jour des comprimés, il s’agit simplement de recevoir des injections tous les mois ou tous les deux mois.
Cabenuva doit être injecté dans le muscle fessier par un·e professionnel·le de la santé. Sébastien Poulin, médecin à la Clinique I.D. de Saint-Jérôme, à la clinique médicale du Quartier latin et à la clinique L’Agora de Montréal, est l’un des premier·ère·s médecins à administrer Cabenuva à ses patient·e·s. Dans les cliniques du Dr Poulin, le personnel médical sélectionne soigneusement les patient·e·s à qui prescrire ce traitement. « Cabenuva ne convient pas à tout le monde, dit-il, mais nous le prescrivons souvent à notre clinique et les résultats sont satisfaisants. » Le patient ou la patiente idéal·e sont des personnes qui, pour une raison quelconque, ont du mal à prendre des comprimés tous les jours. Il ou elle doit avoir obtenu une suppression virologique en suivant son traitement en cours, et ne pas présenter de résistance aux médicaments contenus dans Cabenuva. Il ou elle doit aussi s’engager à respecter tous ses rendez-vous. C’est une mesure importante pour maintenir l’état de suppression virologique.
La transition de votre traitement anti-VIH actuel vers des injections à action prolongée ne peut pas se faire du jour au lendemain. Elle commence par une phase d’« induction par voie orale » consistant à prendre des comprimés renfermant les mêmes substances que Cabenuva. Cette phase dure un mois. En l’absence d’effets secondaires inquiétants durant cette phase, les injections peuvent débuter. Celles-ci doivent être administrées par un·e médecin ou un·e infirmier·ère et, en Alberta seulement, par un·e pharmacien·ne. D’après le Dr Poulin, la plupart des patient·e·s apprécient cette relation plus directe avec les membres de leur équipe soignante. « Ils/elles se sentent accepté·e·s et écouté·e·s », dit-il. En ce qui concerne les effets secondaires, il précise que les patient·e·s ne signalent rien d’autre qu'une douleur et une enflure temporaires au point d’injection.
Cabenuva figure maintenant sur toutes les listes de médicaments provinciales, sauf celle de la Colombie-Britannique. Dans l’ensemble, explique le Dr Poulin, le traitement injectable « offre une autre solution intéressante aux personnes vivant avec le VIH, laquelle peut convenir à leur mode de vie et à leurs préférences personnelles ». Ses patient·e·s ont donc un souci de moins. « Ils ou elles apprécient grandement la liberté qu’offre Cabenuva, dit-il. Ces personnes affirment n’avoir aucune intention de revenir aux médicaments anti-VIH à prise orale. »
Darien Taylor vit avec le VIH et travaille dans le domaine du VIH depuis plus de 30 années.