Orientations prioritaires pour aborder l’hépatite C chez les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada en provenance de pays à prévalence élevée
Bien que les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada soient en meilleure santé que leurs homologues canadiens à leur arrivée (l’effet de l’immigrant en santé1), certains travaux de recherche ont indiqué que plus une personne réside au Canada longtemps, plus son état de santé se détériore. Des études indiquent que la santé des immigrants et des nouveaux arrivants au Canada se détériore avec le temps à cause de nombreux facteurs dont la pauvreté, le stress et les obstacles structurels à l’accès aux services de santé et à la réception de soins culturellement appropriés. Les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada ont moins souvent recours à des services de santé que les personnes nées au Canada et c’est particulièrement vrai dans le cas des réfugiés et des personnes qui n’ont pas de statut ou de documents d’immigration en règle. Les programmes d’études médicales ne peuvent pas suivre le profil démographique changeant du pays. Ces facteurs créent des défis uniques qui doivent être examinés.
La stigmatisation associée à l’hépatite est moins répandue chez les groupes de population d’immigrants et de nouveaux arrivants que chez les personnes nées au Canada parce que dans plusieurs des pays d’origine des immigrants et nouveaux arrivants l’hépatite B et l’hépatite C se transmettent surtout par l’entremise des systèmes médicaux. Dans bon nombre de communautés immigrantes, l’hépatite C est considérée comme une maladie chronique.
Vision d’un modèle de soins intégré pour les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada
La contextualisation locale et culturelle de tout modèle est critique, mais les éléments suivants appuient une vision commune d’un modèle de soins efficace et pertinent en matière d’hépatite C pour les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada.
- Les carrefours des communautés immigrantes devraient servir de centres névralgiques pour les programmes et les services liés à l’hépatite C. Ces carrefours comprennent les agences spécialisées en établissement, les services sociaux et de soins primaires pour nouveaux arrivants, y compris les réfugiés et les personnes qui n’ont pas de papiers d’immigration en règle. Ils peuvent être intégrés en un modèle à guichet unique et faire des recommandations plus formelles vers des services spécialisés au-delà de leurs champs d’action immédiats.
- Les modèles pluridisciplinaires et familiaux de soins de santé des immigrants devraient être fondés sur les éléments suivants :
- des soins de santé axés sur la famille et qui abordent tous les besoins de l’utilisateur de services de façon intégrée et détaillée;
- un personnel et des services capables d’aborder les questions d’accessibilité et d’accessibilité financière des traitements et également fournir des services de traduction et d’interprétation sur place;
- des partenariats avec des programmes et services pour des soutiens connexes comme l’établissement, la langue, les soins de garde, l’alphabétisation et la formation professionnelle qui abordent les conditions et les besoins sociaux plus larges des nouveaux arrivants.
- Les capacités de sécurité culturelles/interculturelles et les services d’interprétation des hôpitaux et autres centres de santé traditionnels et des cliniques spécialisées devraient être améliorées. Cela suppose d’apprécier les modèles de santé non occidentaux et de communiquer sur la base des valeurs et des croyances des clients. Il est également important d’embaucher une main-d’œuvre qui reflète la diversité des populations de nouveaux arrivants.
- On devrait établir d’autres modèles de financement pour les services spécialisés, y compris une rémunération salariale au lieu d’une rémunération à l’acte, ce qui donne aux fournisseurs de soins de santé la latitude nécessaire pour prendre le temps de prodiguer des soins culturellement appropriés.
- On devrait établir des stratégies pour les utilisateurs de services non assurés, y compris les réfugiés et les personnes qui n’ont pas les documents d’immigration requis. Cela pourrait inclure des ententes sectorielles avec des hôpitaux, la collecte commune de données et des mécanismes de partage des ressources.
Recommandations pour aborder l’hépatite C chez les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada : outils, ressources et soutiens
- Privilégier les investissements dans les carrefours communautaires des grands centres urbains où il y a d’importantes populations de nouveaux arrivants.
- Inclure des renseignements sur l’aiguillage et le dépistage de l’hépatite C dans les trousses d’établissement et d’orientation pour nouveaux arrivants offertes dans les agences d’établissement.
- Mettre l’accent sur les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada dans les stratégies provinciales/territoriales et nationales relatives à l’hépatite C (cesser de se concentrer uniquement sur l’incidence de la maladie). Former les fournisseurs de soins de santé à la prestation de soins culturels et sécuritaires, à la communication interculturelle et aux modèles de soins non occidentaux.
- Embaucher une main-d’œuvre qui reflète la diversité des communautés canadiennes.
Notes
- Gushulak B, Pottie K, Roberts J, et al. Migration and health in Canada: Health in the global village. CMAJ. Sept. 2011;183(12):E952-E958.