Le bien-être émotionnel
Déterminer la cause
Certaines personnes vivant avec le VIH éprouvent des problèmes émotionnels comme l’anxiété, la dépression, les troubles du sommeil et les cauchemars, ou encore des problèmes d’ordre mental tels que la pensée embuée, les trous de mémoire et la perte de ses capacités de concentration. Si vous éprouvez ces symptômes, ou encore si vos proches ou collègues disent observer ce genre de problèmes chez vous, il est important que vous parliez à votre médecin et, éventuellement, à d’autres professionnels de la santé afin d’obtenir un diagnostic fiable et d’établir un plan de traitement.
Il existe de nombreuses causes possibles aux problèmes émotionnels qu’éprouvent les personnes vivant avec le VIH. Dans certains cas, les problèmes sont causés par l’interaction de plusieurs facteurs. Certaines causes sont associées à l’infection au VIH et à ses traitements et d’autres ne le sont pas.
Il est particulièrement important de parler de vos symptômes de dépression et d’anxiété avec votre médecin. Il est normal de s’inquiéter ou d’éprouver de temps en temps de l’anxiété par rapport aux préoccupations de sa vie. Toutefois, si l’anxiété persiste, les symptômes peuvent s’intensifier et dépasser la simple inquiétude pour inclure l’irritabilité, les changements de l’appétit et du poids, la difficulté à s’endormir ou à rester endormi et les problèmes d’ordre sexuel. L’anxiété est un problème de santé qu’il est possible et nécessaire de traiter. Si elle n’est pas réglée, l’anxiété peut évoluer en dépression dans certains cas.
Certaines personnes disent qu’elles sont déprimées lorsqu’elles éprouvent de la tristesse ou les « blues »; les émotions de courte durée de ce genre font partie de la vie quotidienne de la plupart d’entre nous. Or la vraie dépression clinique est une affection médicale sérieuse qui a des effets émotionnels, physiques et comportementaux qui incluent la tristesse chronique, l’incapacité d’éprouver du plaisir, l’absence d’intérêt pour les activités que l’on aimait auparavant, la faible estime de soi, l’incapacité de se concentrer sur les tâches, la fatigue, le sommeil de piètre qualité, les sentiments de désespoir et, dans les cas les plus extrêmes, les pensées suicidaires.
À un moment ou à un autre, la majorité des personnes vivant avec le VIH se trouvent aux prises avec des problèmes de dépression, d’anxiété ou d’autres problèmes de santé mentale qui ne sont pas causés par le VIH, mais par leurs expériences personnelles, leur mode de vie ou des déséquilibres biochimiques dans le cerveau. Il n’en est pas moins important d’envisager les causes spécifiquement liées au VIH lorsqu’on cherche des solutions à la dépression et aux autres problèmes émotionnels et mentaux. Si n’importe lequel des problèmes suivants liés au VIH contribue à vos symptômes émotionnels ou mentaux, il faudra les régler afin de restaurer votre bien-être émotionnel. Voir aussi notre ressource intitulé Le VIH et le bien-être émotionnel.
Médicaments antirétroviraux
De nombreux médicaments antirétroviraux sont susceptibles de causer des effets secondaires d’ordre émotionnel ou mental. Ces effets secondaires s’atténuent ou disparaissent souvent après une période de quelques jours, semaines ou mois, mais ils peuvent persister longtemps aussi. Dans certains cas, la seule option consiste à changer de médicaments.
Le médicament le plus susceptible d’être à l’origine des problèmes de santé mentale est l’analogue non nucléosidique éfavirenz (Sustiva et dans l’Atripla). Ce médicament peut causer la fatigue, une pensée floue, des sentiments de paranoïa et de désorientation, la dépression, l’anxiété, l’insomnie, les rêves intenses et les cauchemars. Bien que de nombreuses personnes n’éprouvent aucun de ces effets secondaires sous l’effet de l’éfavirenz, lorsqu’ils se produisent, ils disparaissent typiquement graduellement après plusieurs semaines de traitement, alors il est recommandable de patienter pendant au moins un mois, dans la mesure du possible. Chez d’autres personnes, les problèmes persistent et un changement de médicaments risque d’être la seule solution.
Envisagez de commencer votre traitement par éfavirenz durant la fin de semaine ou de prendre un congé de quelques jours de votre travail afin de vous habituer à ce médicament. De plus, il vaut mieux éviter les drogues et l’alcool lorsque vous commencez à prendre l’éfavirenz parce ces substances risquent d’aggraver les effets secondaires touchant le système nerveux central. Il peut aussi être utile de prendre l’éfavirenz à jeun, car la nourriture (surtout les matières grasses) peut augmenter le taux de médicament dans le sang et aggraver ainsi les effets secondaires.
Quoique rares, certains troubles psychiatriques graves se sont produits chez des personnes recevant de l’éfavirenz, y compris la dépression grave, les comportements agressifs, les idées délirantes, la paranoïa, les symptômes pseudo-psychotiques et les tentatives de suicide. Il semble que les patients ayant des antécédents de troubles psychiatriques soient les plus à risque d’éprouver ce genre de problèmes graves.
Traitement de l’hépatite C
L’interféron, un médicament souvent utilisé pour le traitement de l’hépatite C (et certains cancers), provoque souvent des symptômes d’anxiété et de dépression dont l’intensité peut varier de légère à très grave. Certains médecins trouvent utile de prescrire un antidépresseur aux personnes atteintes de l’hépatite C avant qu’elles commencent leur traitement à l’interféron.
Carences nutritives
Courantes chez les personnes vivant avec le VIH, les carences en certains nutriments, notamment la vitamine D, la vitamine B12 et les autres vitamines du complexe B, sont susceptibles de causer une variété de symptômes d’ordre émotionnel et mental.
La carence en vitamine D a déjà été associée à la dépression. Il est très important de se faire mesurer régulièrement son taux de vitamine D et d’utiliser au besoin des suppléments pour le faire augmenter à un niveau optimal. Des études ont révélé que la carence en vitamine D était un problème courant chez les personnes vivant avec le VIH, alors cette possibilité doit être envisagée chez chaque personne souffrant de dépression, surtout en hiver. Grâce à une supplémentation adéquate, il est habituellement possible de régler la dépression et les problèmes connexes causés par la carence en vitamine D. Consultez l’annexe pour en savoir plus sur cette vitamine importante.
Des études ont permis de constater que la carence en vitamine B12 était présente chez de nombreuses personnes vivant avec le VIH et ce, dès les stades précoces de l’infection. La carence en vitamine B12 peut provoquer la détérioration des fonctions mentales et causer ainsi des symptômes comme une pensée embuée, des trous de mémoire, la confusion, la désorientation et les troubles psychiatriques, notamment la dépression et la paranoïa. Si vous éprouvez des symptômes émotionnels ou mentaux de ce genre, surtout s’ils s’accompagnent de fatigue chronique, il est très possible qu’une carence en vitamine B12 y contribue. Une carence en cette vitamine est aussi à envisager si vous avez d’autres symptômes qu’elle est susceptible de causer, notamment la neuropathie, la faiblesse et la difficulté à maintenir son équilibre ou à marcher. Consultez l’annexe pour en savoir plus sur cette vitamine importante.
Les carences en les autres vitamines du complexe B sont également présentes chez certaines personnes vivant avec le VIH. Une carence de presque n’importe quelle vitamine B ou du complexe B intégral peut causer l’anxiété, la dépression et les problèmes de concentration. La vitamine B6 est la plus importante à cet égard. Si vous prenez une vitamine B sous forme de supplément distinct, prenez-en un autre qui contient l’ensemble du complexe B afin de maintenir le bon équilibre de ces vitamines importantes.
Infection au VIH non traitée
Lorsque l’infection au VIH non traitée parvient à un stade avancé, certaines infections opportunistes, ainsi que le virus lui-même, peuvent exercer des effets sur le cerveau qui entraînent des symptômes comme la dépression, les trous de mémoire et d’autres symptômes émotionnels et mentaux graves. Si votre compte de CD4 est faible et que vous vous remarquez des symptômes de ce genre, parlez-en à votre médecin sans tarder. Ces symptômes peuvent être le signe d’une autre infection qu’il faut traiter de toute urgence. Si vous ne suivez pas de thérapie antirétrovirale à l’heure actuelle, il sera très important d’en commencer une pour maîtriser le virus et aider à restaurer votre système immunitaire.
Changements et déficiences hormonaux
La déficience en testostérone cause fréquemment la dépression, la fatigue et la perte du désir sexuel, autant chez les femmes vivant avec le VIH que chez les hommes. Si une déficience en testostérone en est la cause, l’usage approprié de timbres transdermiques ou de gels de testostérone peut aider à éliminer la dépression et la fatigue en restaurant un taux optimal de cette hormone. Lors d’une étude menée à l’Université Columbia, une hormonothérapie substitutive à la testostérone a guéri la dépression et amélioré l’humeur chez 79 pour cent des hommes séropositifs souffrant de dépression et présentant un faible taux de testostérone.
Les changements hormonaux qui se produisent pendant la ménopause ou aux alentours de celle-ci sont susceptibles de causer la dépression ou l’anxiété. La vérification des taux hormonaux et une discussion subséquente avec son médecin sont très importantes pour déterminer quelle thérapie de remplacement hormonal convient. Consultez la section intitulée Les changements menstruels pour en savoir plus sur la ménopause.
La déficience en hormones thyroïdiennes (hypothyroïdie) est un problème chez certaines personnes vivant avec le VIH. Elle peut causer la fatigue, la dépression, une pensée embuée et des problèmes de concentration. Parlez à votre médecin pour déterminer si un test de la fonction thyroïdienne devrait faire partie de votre bilan sanguin régulier. Chez les personnes présentant de faibles taux d’hormones thyroïdiennes, la restauration de ceux-ci aux niveaux optimaux peut améliorer la concentration mentale et l’énergie physique, mais plusieurs semaines ou mois de supplémentation pourraient être nécessaires pour que les taux redeviennent normaux. Les hormones ont tendance à agir lentement, alors il faut de la patience.
Réduire le stress
Il est possible que le stress soit à l’origine de votre anxiété ou dépression. Pour de nombreuses personnes, le stress est causé par leurs relations personnelles, leur situation financière ou leur travail. Vivre avec une maladie comme le VIH ou d’autres maladies chroniques peut ajouter à ce stress. Il est possible de réduire son stress grâce à une approche qui combine des stratégies comportementales, un counseling auprès d’un bon professionnel de la santé, une médication, des techniques de relaxation ou des remèdes homéopathiques. Lisez la section sur le millepertuis ci-dessous et consultez votre médecin ou pharmacien au sujet des interactions qui pourraient se produire entre vos médicaments et toute thérapie complémentaire que vous envisagez d’essayer.
Il existe de nombreuses techniques de prise en charge de soi qui peuvent être utiles contre l’anxiété, dont les suivantes :
- Respiration profonde et lente – Concentrez-vous sur une respiration lente et régulière. Inspirez en comptant jusqu’à quatre, prenez une courte pause, puis expirez en comptant de nouveau jusqu’à quatre. Répétez. Trouvez un moment dans chaque journée pour vous concentrer sur le ralentissement de votre respiration;
- Relaxation – Contractez chaque muscle de votre corps un à la fois, puis relâchez-le afin de connaître la sensation d’un muscle détendu. Un bain chaud avec des huiles d’aromathérapie et un bon massage sont également utiles pour détendre les muscles;
- Rire – Les études ont démontré que le rire réduit le stress;
- Vivre dans l’ici et le maintenant – Trop souvent, vivre avec le VIH veut dire vivre avec les regrets du passé ou dans l’inquiétude quant aux événements à venir. Trouvez un moment, au cours de chaque journée, pour oublier le passé et l’avenir et vivre dans le moment présent;
- Apprécier les bonnes choses – Chaque jour, essayez de faire une liste de cinq choses dans votre vie dont vous êtes reconnaissant. Cela aide à renforcer une attitude positive;
- Résoudre ses problèmes – Si la source de votre stress est quelque chose que vous pouvez contrôler, essayez d’y faire face et d’en éliminer la cause;
- Parler de sa peur – Si vous refoulez vos craintes, elles finiront par s’aggraver. Trouvez un ami, un conseiller ou un aîné autochtone à qui vous pourrez parler de vos craintes et de vos préoccupations les plus redoutables;
- En apprendre sur la réduction du stress – Il existe de nombreuses thérapies complémentaires qui prônent la relaxation et la réduction du stress. Certains organismes communautaires offrent des cours de massage, de yoga et de méditation gratuits.
Manger, dormir, bouger et socialiser
Un mode de vie sain contribue au bien-être mental et émotionnel. Un régime alimentaire nutritif est important pour la santé mentale et physique de toute personne vivant avec le VIH. De nombreuses études ont établi que l’exercice régulier aide à améliorer l’humeur et à contrer l’anxiété, le stress et la dépression. Un bon sommeil est également très important pour maintenir un bon état d’esprit en général, ainsi que pour s’assurer une énergie suffisante pour veiller à sa santé mentale et à son bien-être.
Les activités sociales avec ses proches et l’obtention d’un soutien social contribuent considérablement au bien-être émotionnel aussi. Les personnes vivant avec le VIH qui vivent dans l’isolement ou qui ont peu de soutien social sont plus susceptibles de souffrir de dépression et d’anxiété. Pour restaurer et maintenir une bonne santé émotionnelle, il peut être très utile de s’efforcer d’être sociable ou de se joindre à un groupe de soutien constitué de ses semblables.
Aide professionnelle
En plus de rechercher un soutien auprès de vos proches, vous voudrez peut-être consulter un professionnel de la santé. Votre médecin de famille ou spécialiste du VIH serait un bon point de départ. Ils travailleront pour découvrir toute cause médicale de votre état et pourront vous diriger vers d’autres professionnels pour trouver plus d’aide, y compris conseillers, psychologues et psychiatres.
La thérapie par la parole, que ce soit en tête-à-tête ou en groupe, peut être très utile pour faire face aux problèmes émotionnels. Si vous vous portez mal sur le plan émotionnel, il est crucial que vous ayez quelqu’un pour vous écouter, comprendre vos sentiments, vous soutenir et vous aider à comprendre ce qui vous perturbe. Les médicaments antidépresseurs pourraient aussi faire partie de la solution.
Traitements antidépresseurs
Les médicaments antidépresseurs sont parfois nécessaires pour traiter la dépression, l’anxiété et les autres problèmes de santé mentale qui sont courants chez les personnes vivant avec le VIH. Il existe de nombreuses sortes d’antidépresseurs sur le marché de nos jours; vous aurez peut-être besoin d’un essayer plus d’un pour trouver celui qui agira le mieux dans votre cas.
Les médicaments les plus prescrits de nos jours pour traiter la dépression sont les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine (ISRS). Ces médicaments exercent leur effet sur la sérotonine, soit la substance chimique cérébrale qui procure le sentiment de mieux-être. En tant que précurseur de la sérotonine, le supplément 5-HTP (5-hydroxytryptophane – proche parent du tryptophane) peut aussi être utile contre la dépression (consultez la section intitulée Les problèmes de sommeil pour en savoir plus sur le 5-HTP). De nombreuses personnes trouvent que la combinaison de suppléments de 5-HTP et d’autres stratégies visant le mieux-être émotionnel se révèle une solution efficace contre la dépression. Il faut souligner, toutefois, que les personnes recevant des médicaments pour traiter la dépression ou l’anxiété ne devraient pas prendre de 5-HTP.
N’oubliez pas de parler à votre pharmacien et à votre médecin de tous les médicaments, produits en vente libre, suppléments et plantes médicinales que vous prenez. Ces produits peuvent interagir avec vos médicaments antirétroviraux, les rendant moins efficaces ou augmentant les risques d’effets secondaires.
La plante médicinale millepertuis est couramment utilisée comme antidépresseur naturel, mais elle peut interagir avec de nombreux médicaments, y compris les antirétroviraux. Il ne faut jamais en prendre avant de consulter son médecin ou pharmacien au sujet de la possibilité d’interactions médicamenteuses.