Les maux et douleurs musculaires
Déterminer la cause
Tout le monde souffre occasionnellement de douleurs musculaires, surtout en prenant de l’âge. Bien que de nombreuses personnes actives et sportives connaissent les bienfaits des étirements pour contrer les raideurs musculaires qui suivent l’activité physique, les personnes vivant avec le VIH sont sujettes à des maux musculaires plus graves, comme la douleur, les crampes et les troubles musculaires qui causent la faiblesse. La douleur en question touche souvent le dos, les hanches et les membres inférieurs.
Afin de distinguer les problèmes musculaires légers des plus graves, il est très important de consulter son médecin lorsque les problèmes surviennent. Ce n’est pas le moment de se diagnostiquer soi-même. Il est possible que les problèmes musculaires soient relativement anodins, mais ils pourraient aussi être le résultat d’un grave problème que seul un médecin puisse diagnostiquer comme il faut.
Signalez à votre médecin toute faiblesse ou douleur musculaire qui survient afin qu’une évaluation exhaustive soit faite pour en déterminer la cause. Il est particulièrement important d’écarter la possibilité que des maladies neurologiques (qu’elles soient liées au VIH ou pas) soient à l’origine de vos symptômes.
Myopathie
La myopathie est un trouble musculaire qui entraîne la faiblesse et qui provoque souvent de la douleur musculosquelettique au niveau du dos, des hanches ou des membres inférieurs. Voici une liste de causes possibles de la myopathie :
- AZT (Retrovir et dans le Combivir et le Trizivir), d4T (Zerit) et autres analogues nucléosidiques
- médicaments hypolipidémiants (statines)
- carence en vitamine D
- carence en acides aminés essentiels
- déficience en testostérone
- problèmes neurologiques
Dans des cas rares, l’utilisation d’inhibiteurs de l’intégrase, soit le raltégravir (Isentress), l’elvitégravir (dans le Stribild) et le dolutégravir, cause la fatigue et la faiblesse musculaire.
Le remplacement ou l’abandon d’un médicament problématique permet souvent de résoudre les problèmes musculaires associés à celui-ci. Toutefois, cela risque de ne pas être une option lorsque le médicament à l’origine du problème est nécessaire à votre combinaison antirétrovirale.
Bien que l’aspirine et les autres antidouleurs en vente libre comme l’acétaminophène (Tylenol) soient souvent utiles contre les maux et douleurs musculaires, ils ne réussissent pas vraiment à résoudre la cause sous-jacente des problèmes musculaires (voir les avertissements au sujet de ces médicaments dans la section intitulée Les maux de tête).
Acidose lactique
Il est également important d’écarter la possibilité d’acidose lactique, car ce problème peut être causé par certains analogues nucléosidiques, notamment la d4T. (Notons cependant que la d4T n’est pas couramment prescrite au Canada.) Pour en savoir plus sur l’acidose lactique, consultez la section intitulée Les effets secondaires moins courants.
Suppléments d’acides aminés
Les carences en acides aminés sont parfois la cause sous-jacente de la faiblesse musculaire. Le muscle se compose majoritairement de protéines, et toute protéine se compose d’acides aminés. Il s’ensuit donc que les déficiences d’acides aminés sont susceptibles de causer la faiblesse musculaire. Les carences résultent parfois de la mauvaise digestion des protéines. Les gaz et ballonnements qui surviennent après les repas peuvent être le signe d’une mauvaise digestion des protéines. Alors, si vous souffrez à la fois de gaz et de ballonnements persistants et de faiblesse musculaire, parlez à votre médecin de la possibilité d’une carence en acides aminés. Dans certains cas, un supplément contenant tous les acides aminés essentiels peut aider à contrer la faiblesse musculaire.
Essayez de trouver un supplément qui contient les huit acides aminés essentiels : isoleucine, leucine, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine, tryptophane et valine. La dose totale quotidienne nécessaire des acides aminés essentiels est un minimum de 50 à 60 grammes, mais cela varie selon le poids et le niveau d’activité physique. Si vous digérez bien, vous en obtiendrez de bonnes quantités de vos aliments. Cependant, si vous souhaitez ramener vos taux d’acides aminés au niveau optimal et contrer la faiblesse musculaire, vous aurez peut-être besoin de prendre de cinq à 10 grammes par jour d’un supplément d’acides aminés. Parlez à un professionnel de la santé de la dose qui vous convient. Il pourrait s’écouler plusieurs semaines avant de remarquer une différence, mais si vous ne constatez pas d’amélioration de votre force musculaire après trois ou quatre mois, il est peu probable que votre faiblesse musculaire soit causée par une carence en acides aminés.
La glutamine est un acide aminé spécifique qui est souvent présente en quantité insuffisante chez les personnes vivant avec le VIH. La glutamine participe à plusieurs fonctions corporelles saines, dont le maintien des taux d’antioxydants, la fabrication et le maintien des tissus musculaires, le renforcement de la fonction immunitaire et la réparation et l’entretien des tissus intestinaux. Bien que la glutamine soit classée comme acide aminé « non essentiel », c’est-à-dire que l’organisme peut normalement en synthétiser assez pour répondre à ses besoins, une carence est une possibilité chez certaines personnes vivant avec le VIH. Une telle carence peut causer la faiblesse musculaire et la perte réelle de tissus musculaires (fonte musculaire).
À titre de spécialiste de la recherche sur la glutamine, la Dre Judy Shabert recommande au moins cinq à 10 grammes de glutamine par jour pour maintenir un taux optimal dans le contexte de l’infection au VIH. Les personnes séropositives souffrant de fonte musculaire ont des réserves diminuées de glutamine parce que celle-ci se trouve principalement dans les muscles. Dans ces cas, la Dre Shabert recommande une dose allant jusqu’à 30 à 40 grammes par jour. Disponible sous forme de poudre, la glutamine se prend le mieux mélangée avec de l’eau ou du jus et à jeun (au moins une demi-heure avant de manger), la dose quotidienne totale étant répartie en trois portions au moins.
La recherche indique que l’acide aminé L-carnitine peut être utile contre la myopathie. Lors des études en question, une dose quotidienne de 3 000 mg de L-carnitine réparait habituellement les dommages causés par la myopathie et contribuait substantiellement au bien-être des personnes traitées. Il est possible que la L-carnitine contribue à contrer la toxicité mitochondriale causée par les analogues nucléosidiques. (Pour en savoir plus sur la toxicité mitochondriale, consultez la section intitulée Les variations du poids corporel et les modifications de la forme corporelle.)
L’acétyl-L-carnitine est une forme plus efficace de la L-carnitine. La posologie habituelle est de 500 mg trois fois par jour avec les repas. Il est possible d’utiliser des doses plus faibles d’acétyl-L-carnitine que celles de la L-carnitine ordinaire car les doses équivalentes d’acétyl-L-carnitine libèrent quatre fois plus de carnitine libre dans le sang. Mais méfiez-vous des excès de carnitine parce qu’ils peuvent causer la diarrhée.
Vitamines
Les suppléments de vitamine D sont utiles chez certaines personnes souffrant de faiblesse et de douleurs musculaires. De nombreuses études menées chez des personnes séropositives ont révélé que la carence en vitamine D pouvait causer de la faiblesse musculaire grave et de la douleur musculosquelettique touchant le dos, les hanches et les jambes. Comme plusieurs études ont permis de constater que la carence en vitamine D était un problème courant chez les personnes vivant avec le VIH, il est très important d’envisager la possibilité d’une telle carence chez les personnes souffrant de faiblesse et de douleurs musculaires.
Tous les professionnels de la santé ne sont pas au courant du lien entre la vitamine D et les maux et douleurs musculaires. Parlez alors à votre médecin de la possibilité de faire mesurer votre taux de vitamine D et songez à prendre des suppléments de celle-ci. Le coût du test risque de ne pas être couvert par tous les régimes d’assurance-maladie provinciaux/territoriaux ou pourrait être couvert dans certaines situations seulement. Renseignez-vous sur la disponibilité du test dans votre région. Pour en savoir plus, consultez l’annexe sur la vitamine D.
Les suppléments de magnésium soulagent parfois les problèmes musculaires, surtout les crampes. Si vous souffrez de crampes récurrentes ou de contractures musculaires des mollets pendant que vous dormez, une carence en magnésium pourrait en être la cause. La constipation est un autre symptôme qui évoque la possibilité d’une carence en magnésium, tout comme les crampes menstruelles douloureuses. N’importe quelle combinaison des symptômes de ce genre laisserait croire que vous avez besoin de prendre des suppléments de magnésium.
Comme les besoins de chaque personne diffèrent largement, un peu d’expérimentation sera nécessaire pour déterminer la dose de magnésium nécessaire pour régler vos problèmes. Les docteurs en naturopathie recommandant souvent une dose de départ de 250 à 350 mg par jour, prise avec des aliments. Souvent, les personnes à risque de présenter une carence en magnésium qui utilisent aussi des suppléments de calcium prennent ces deux suppléments à des heures différentes de la journée parce que le calcium peut bloquer l’absorption du magnésium.
Si la dose initiale ne suffit pas à résoudre les crampes musculaires, essayez de l’augmenter graduellement. Si vous prenez trop de magnésium, vous aurez de la diarrhée explosive, alors restez à l’affût de ce symptôme comme signe d’un excès de magnésium. Il est possible que le glycinate de magnésium soit mieux toléré que les autres versions. Les sels d’Epsom contiennent du magnésium et pourraient aider à soulager la douleur et les crampes musculaires; il suffit de les faire dissoudre dans un bain chaud.