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  • D’ordinaire, les personnes sous PrEP au VIH prennent rendez-vous dans leur clinique de santé tous les trois mois
  • Des tests de laboratoire sont typiquement effectués à la clinique, notamment pour le dépistage d’infections transmissibles sexuellement
  • Selon une étude récente, le dépistage de la syphilis devrait se faire plus fréquemment chez certains utilisateurs de la PrEP

Lorsqu’elle est utilisée comme il se doit, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) réduit très efficacement le risque de se faire infecter par le VIH. Dans le cadre des soins de routine des patients sous PrEP, un rendez-vous dans une clinique est habituellement nécessaire tous les trois mois. Des évaluations ont lieu lors de chaque consultation, notamment des prélèvements de sang et d’urine et des frottis destinés à déceler des infections transmissibles sexuellement (ITS). De plus, les ordonnances sont renouvelées et les patients s’entretiennent avec un.e médecin ou du personnel infirmier.

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Syphilis

Depuis deux décennies, les taux d’une ITS particulière, soit la syphilis, augmentent au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. La syphilis est une infection qui évolue en plusieurs stades (syphilis primaire, secondaire et tertiaire). Elle peut endommager les nerfs et provoquer ainsi une perte auditive ou visuelle, et causer des lésions aux organes vitaux comme le cerveau, le cœur, le foie et les reins. La syphilis peut nuire au fœtus durant la grossesse et causer des complications chez les bébés nés de mères infectées. On peut détecter cette ITS à l’aide de dépistages réguliers, et le traitement repose sur l’usage d’antibiotiques.

Syphilis et PrEP

Des chercheurs de Melbourne, en Australie, ont examiné les dossiers médicaux d’un centre local de santé sexuelle où l’on délivrait la PrEP à des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Dans la clinique de PrEP du centre, on voyait les patients sur rendez-vous seulement. Le centre abritait également une clinique d’ITS où aucun rendez-vous n’était nécessaire. Sur une période de trois ans, les chercheurs ont comparé le nombre de diagnostics de syphilis posés chez deux groupes d’hommes. Dans le premier, les hommes visitaient la clinique de PrEP tous les trois mois pour leur rendez-vous habituel; dans le deuxième, les hommes se présentaient également à la clinique d’ITS entre leurs rendez-vous prévus dans la clinique de PrEP.

Selon les chercheurs, « une portion considérable des diagnostics de syphilis primaire (58 %) et secondaire (44 %) ont été posés lors de [dépistages effectués] dans la clinique d’ITS dans l’intervalle séparant les rendez-vous pour la PrEP ». Et d’ajouter les chercheurs : « le dépistage de la syphilis lors des rendez-vous trimestriels de routine pour la PrEP échoue à lui seul à détecter une portion des infections primaires et secondaires à la syphilis et pourrait ne pas suffire à prévenir la transmission ultérieure ».

Détails de l’étude

Le Melbourne Sexual Health Centre abrite une clinique de PrEP sur rendez-vous seulement, ainsi qu’une clinique sans rendez-vous distincte pour l’évaluation et le traitement des ITS. Les chercheurs ont examiné des données médicales recueillies dans le centre de santé sexuelle entre février 2016 et mars 2019.

Comme nous l’avons mentionné, les utilisateurs de la PrEP venaient à leur rendez-vous à la clinique de PrEP tous les trois mois. Lors de ces consultations, ils voyaient un.e médecin et passaient des tests de dépistage systématiques pour les ITS. Les personnes sans symptômes d’ITS ne subissaient pas d’examen physique et effectuaient habituellement leurs propres prélèvements aux fins des dépistages.

Selon les chercheurs, « les utilisateurs de la PrEP qui présentaient des symptômes d’ITS pouvaient également fréquenter la clinique d’ITS sans rendez-vous entre leurs consultations pour la PrEP afin de passer des tests de dépistage d’ITS additionnels et de se faire traiter ».

Résultats

Au cours de la période à l’étude, 572 HARSAH ont fréquenté la clinique de PrEP. Le taux de dépistage de la syphilis parmi ce groupe d’hommes était élevé, soit 96 %. Il était plus élevé encore (99 %) chez les hommes qui se présentaient à la clinique d’ITS entre leurs rendez-vous prévus dans la clinique de PrEP.

Durant l’étude, 69 cas de syphilis ont été diagnostiqués chez 61 hommes. Notons que huit hommes ont contracté l’infection une deuxième fois.

La syphilis en était aux stades suivants au moment du diagnostic :

  • syphilis primaire : 24 hommes
  • syphilis secondaire : 16 hommes
  • syphilis latente précoce : 29 hommes

Syphilis primaire

Selon les chercheurs, chez les 24 hommes atteints de syphilis primaire, près de 60 % des cas « ont été diagnostiqués dans la clinique d’ITS sans rendez-vous, plutôt que lors d’un rendez-vous à la clinique de PrEP ». Tous les cas de syphilis primaire diagnostiqués dans la clinique d’ITS sans rendez-vous étaient symptomatiques.

Les autres cas de syphilis primaire ont été diagnostiqués dans la clinique de PrEP lors d’un rendez-vous trimestriel de routine. La majorité (60 %) des hommes en question éprouvaient des symptômes de l’infection.

Quelle que soit la clinique dans laquelle le diagnostic de syphilis a été posé (clinique de PrEP ou clinique d’ITS sans rendez-vous), la syphilis primaire a été détectée le plus fréquemment dans le pénis (80 %), et toutes les autres lésions se trouvaient dans l’anus.

Syphilis secondaire

Seize hommes ont fait l’objet d’un diagnostic de syphilis secondaire, dont 44 % dans la clinique d’ITS sans rendez-vous et 56 % dans la clinique de PrEP. Tous les hommes diagnostiqués dans la clinique d’ITS présentaient des symptômes de la syphilis, notamment une éruption cutanée ou des lésions des organes génitaux ou de la bouche. En revanche, un seul homme dont le cas de syphilis secondaire a été diagnostiqué dans la clinique de PrEP a dévoilé des symptômes lors de son rendez-vous.

Syphilis latente précoce

Vingt-neuf hommes ont fait l’objet d’un diagnostic de syphilis latente précoce. La plupart de ces cas (76 %) ont été diagnostiqués à l’aide de tests de laboratoire de routine effectués à la clinique de PrEP. Les autres cas ont été diagnostiqués à l’aide de tests de laboratoire effectués à la clinique d’ITS sans rendez-vous. Selon les chercheurs, il est probable que les consultations à la clinique d’ITS étaient motivées par la présence de symptômes ou la volonté de se faire dépister pour d’autres ITS.

À retenir

Cette étude compte au moins les trois limitations suivantes :

  • Le nombre de participants était relativement faible.
  • Les participants fréquentaient un seul centre de santé sexuelle.
  • Il est possible que la syphilis ait été diagnostiquée chez certains hommes dans d’autres cliniques de la ville, ce qui aurait fait sous–estimer le nombre total de cas de syphilis.
  • Les symptômes de la syphilis primaire et de la syphilis secondaire pourraient différer chez les populations d’autres régions du monde.

Malgré ces limitations, cette étude souligne l’importance du dépistage de la syphilis chez les utilisateurs de la PrEP. En effet, à la lumière de leurs résultats, les chercheurs ont affirmé ceci : « À lui seul, le dépistage trimestriel de la syphilis lors des rendez-vous de routine pour la PrEP ne suffit pas à détecter un nombre considérable de cas de syphilis primaire et secondaire chez des HARSAH sous PrEP avant qu’ils deviennent potentiellement infectieux et transmissibles ».

Les chercheurs ont soulevé ces autres points importants :

Pour remédier à la situation qu’ils ont découverte, les chercheurs recommandent d’offrir « l’accès au dépistage et au traitement de la syphilis entre les rendez-vous dans la clinique de PrEP afin que le traitement des [infections nouvellement diagnostiquées] puisse être administré sans tarder ».

« Les HARSAH qui commencent la PrEP au VIH devraient être ciblés par des mesures éducatives et de promotion de la santé se rapportant au risque de syphilis et à la reconnaissance des lésions primaires et secondaires; il faut aussi les sensibiliser à l’importance de dévoiler leurs symptômes éventuels lors des rendez-vous en lien avec la PrEP afin d’accélérer le traitement. »

Les HARSAH « devraient être avisés de la nécessité du dépistage de la syphilis, soit un test de dépistage aux trois mois au minimum pour l’infection [asymptomatique], ainsi que des tests entre les rendez-vous dans la clinique de PrEP si des lésions ou des symptômes apparaissent ».

—Sean R. Hosein

Ressources

La syphilis infectieuse au Canada – Agence de la santé publique du Canada

La syphilis au Canada : rapport technique sur les tendances épidémiologiques, les déterminants et interventions – Agence de la santé publique du Canada

Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement : résumé des recommandations pour les infections à Chlamydia trachomatis (CT), à Neisseria gonorrhoeae (NG) et la syphilis – Agence de la santé publique du Canada

La syphilis – Feuillet d’information de CATIE

Les prophylaxies pré- et post-exposition (PrEP et PPE) pour la syphilis suscitent beaucoup d’intérêt parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes – Nouvelles CATIE

Des chercheurs de Montréal rendent compte de cas de syphilis touchant les yeux – Nouvelles CATIE

On constate une hausse des cas de syphilis oculaire en Colombie-Britannique – Nouvelles CATIE

Calgary : Les cas de syphilis en hausse chez les personnes séropositives – Nouvelles CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Peel J, Chow EPF, Denham I, et al. Clinical presentation of incident syphilis among men who have sex with men taking HIV Pre-Exposure Prophylaxis in Melbourne, Australia. Clinical Infectious Diseases. 2021; sous presse.
  2. Leber A, MacPherson P, Lee BC. Epidemiology of infectious syphilis in Ottawa. Recurring themes revisited. Canadian Journal of Public Health. 2008 Sep-Oct;99(5):401-5.
  3. O’Byrne P, MacPherson P. Syphilis. BMJ. 2019 Jun 28;365:l4159.