Les inhibiteurs de l'HDAC – faire sortir le VIH de ses cachettes

Chez les personnes qui suivent une multithérapie depuis plusieurs années et qui n'ont pas de co-infection, les cellules infectées par le VIH produisent très peu de copies du VIH et semblent infecter les autres cellules à un rythme relativement lent. Dans bien de ces cas, le VIH peut rester dormant (latent) dans les cellules au repos, jusqu'à ce qu'il soit stimulé de temps en temps. Lors de toute tentative de guérison du VIH, il serait important de débarrasser le corps de ces cellules infectées. Les chercheurs emploient parfois l'expression « purger les cellules infectées de manière latente » pour décrire les interventions visant à chasser le VIH des cellules où il se cache.

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Il y a plusieurs années, des chercheurs canadiens ont tenté de guérir le VIH en donnant à des patients sous multithérapie un médicament anticonvulsivant appelé acide valproïque en plus de la multithérapie, mais cette tentative a échoué.

Du nouveau…

L'acide valproïque appartient à une classe de médicaments appelés inhibiteurs de l'HDAC (histone-désacétylase). Depuis l'essai canadien mentionné ci-dessus, les chercheurs envisagent la possibilité d'utiliser des inhibiteurs de l'HDAC plus puissants, dont les suivants :

  • panobinostat
  • romidepsin
  • vorinostat

Des essais cliniques sur ces médicaments se poursuivent auprès de personnes séropositives en Australie, en Europe occidentale et aux États-Unis pour en évaluer l'impact.

Le retour de l'Antabuse

Le médicament Antabuse (disulfirame) est utilisé pour traiter la dépendance à l'alcool chez certaines personnes; lorsque celles-ci boivent de l'alcool, le médicament provoque des réactions très désagréables. Une fois dans le corps, le disulfiram se convertit en un autre composé appelé ditiocarb (Imuthiol, diéthyldithiocarbamate). Les résultats d'expériences de laboratoire sur des cellules laissent croire que ce composé possède de l'activité antifongique et antiparasitaire et peut-être contre le VIH aussi. Les essais cliniques menés à la fin des années 80 et au début des années 90 ont donnée des résultats mitigés, et le médicament n'a jamais reçu le feu vert des agences de réglementation en tant que traitement anti-VIH.

À l'heure actuelle, les chercheurs se penchent de nouveau sur la question du disulfiram, car ce médicament semble activer le VIH latent lors d'expériences de laboratoire sur des cellules.

Bryostatine

La bryostatine est un médicament encore plus vieux que l'on a étudié aussi dans les années 80 afin d'évaluer son impact sur les cellules infectées par le VIH. Depuis quelques années, les chercheurs constatent que la bryostatine et les composés étroitement apparentés peuvent avoir des effets bénéfiques qui les rendent utiles à la recherche sur la guérison du VIH. En particulier, la bryostatine semble être capable de faire sortir le VIH de sa latence dans différents types de cellules immunitaires.

Vers l'avenir

Il est probable que les tentatives futures de guérir le VIH nécessiteront de multiples traitements novateurs. La nature précise éventuelle de ces thérapies est encore débattue par les scientifiques.  Dans ce numéro de TraitementSida, nous rendons compte de plusieurs tentatives de faire sortir le VIH de sa latence chez des personnes sous multithérapie traitées par inhibiteurs de l'HDAC.

—Sean R. Hosein

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