Surmonter les obstacles à la santé mentale et au bien-être émotionnel
Les personnes vivant avec le VIH font face à de nombreuses influences biologiques et psychologiques qui mettent occasionnellement leur santé mentale et leur bien-être émotionnel à rude épreuve. Les chercheurs ont constaté que les personnes atteintes d’affections chroniques comme le VIH sont plus à risque de connaître des problèmes de santé mentale et émotionnelle. À cause de ces problèmes, certaines personnes ont de la difficulté à bien prendre soin d’elles-mêmes au quotidien.
Nombre d’études ont permis de constater des différences entre les taux de dépression parmi les personnes séropositives, mais la prévalence globale de cette maladie est généralement plus élevée chez celles-ci que chez les personnes séronégatives.
Le soutien psychosocial joue un rôle protecteur vital contre le stress. Le counseling peut accroître la résilience des gens en les aidant à surmonter les traumatismes du passé et à développer des réponses utiles aux situations difficiles.
Facteurs biologiques
Le VIH peut altérer la façon dont les cellules cérébrales traitent et transmettent les signaux chimiques entre elles. De plus, comme le VIH provoque une inflammation chronique que la TAR ne peut supprimer que partiellement, certains médecins recommandent ou prescrivent occasionnellement des thérapies additionnelles qui sont bénéfiques pour le cerveau, dont les suivantes :
- exercices aérobiques réguliers (plusieurs fois par semaine)
- pratiques favorisant la relaxation – yoga, méditation, tai-chi
- counseling – individuel ou en groupe
- traitement des problèmes de santé mentale ou émotionnelle sous-jacents comme l’anxiété, la dépression, les sautes d’humeur et les dépendances
Toutes ces mesures peuvent être très utiles pour aider les personnes séropositives à vivre plus longtemps et en meilleure santé et à améliorer leur qualité de vie.
Dans certains cas, il est nécessaire que les médecins de famille, les infirmiers et les pharmaciens dirigent leurs patients vers d’autres professionnels de la santé appropriés, y compris les suivants :
- travailleurs sociaux
- psychologues
- psychiatres
Anxiété
Les chercheurs ont observé que l’anxiété est un problème pour certaines personnes vivant avec le VIH. L’anxiété se caractérise par des symptômes comme l’inquiétude excessive, des épisodes de panique, la nervosité et une peur paralysante. L’anxiété peut aussi figurer dans le spectre des caractéristiques de la dépression.
Si elle n’est pas traitée, l’anxiété persistante peut détériorer la qualité de vie, affecter leur niveau d’énergie et empêcher la personne atteinte de connaître un sommeil reposant.
Si vous croyez souffrir d’anxiété, parlez-en à votre médecin pour obtenir de l’aide.
Il est possible d’atténuer efficacement l’anxiété grâce à l’une ou plusieurs des interventions suivantes :
- counseling
- réduction du stress et techniques de relaxation (comme celles mentionnées plus tôt dans ce rapport)
- utilisation temporaire d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs
Trouble bipolaire
Appelé également maladie ou psychose maniaco-dépressive, le trouble bipolaire cause des « fluctuations inhabituelles de l’humeur, de l’énergie, du niveau d’activité et de la capacité d’accomplir des tâches quotidiennes », affirment les experts en santé mentale. Et d’ajouter ces derniers : « les symptômes du trouble bipolaire peuvent être plutôt sévères et causer un état de manie où la pensée et le jugement sont gravement perturbés ». Selon certains chercheurs, les taux de trouble bipolaire seraient plus élevés parmi les personnes vivant avec le VIH.
Les personnes vivant avec le trouble bipolaire peuvent avoir une énergie débordante pendant une période de quelques semaines ou mois et éprouver les symptômes suivants :
- faible besoin de sommeil
- mauvaise concentration (elles sont facilement distraites par des événements sans pertinence)
- comportements impulsifs, notamment des épisodes de surconsommation de substances (dont l’alcool), d’activité sexuelle intense et de dépenses d’argent incontrôlées
- changements d’humeur
- bavardage excessif
Après quelques semaines ou mois, la personne bipolaire peut tomber dans une dépression et ressentir les symptômes suivants :
- baisse d’énergie inattendue
- difficulté à se concentrer
- mémoire défaillante
- sentiments inattendus de tristesse, de culpabilité ou de désespoir
- absence de plaisir lors des activités habituellement agréables
- difficulté à s’endormir ou à rester endormi ou encore un sommeil excessif
- éviter ses amis
Si vous avez ces symptômes ou d’autres qui laissent soupçonner un trouble bipolaire, parlez-en à votre médecin sans tarder.
Le diagnostic du trouble bipolaire ne peut être posé que par un professionnel de la santé mentale. Il existe de nombreuses options de traitement dont les objectifs consistent à minimiser les fluctuations de l’humeur et à optimiser le fonctionnement des personnes atteintes.
Les personnes aux prises avec un trouble bipolaire courent un risque élevé de dépression grave et de pensées autodestructrices. Dans les cas de ce genre, la prévention du suicide par une médication est un objectif à court terme important.
Selon le psychiatre américain Daniel Hall-Flavin, les approches de traitement dans les cas de trouble bipolaire peuvent inclure les familles de médicaments suivantes :
- régulateurs de l’humeur – lithium
- certains anticonvulsivants (acide valproïque, carbamazépine, lamotrigine)
Certains médecins et patients trouvent aussi que les antipsychotiques sont utiles contre le trouble bipolaire. Cette catégorie inclut les médicaments suivants :
- quétiapine (Seroquel)
- olanzapine (Zyprexa)
- rispéridone (Risperdal)
- aripiprazole (Abilify)
- ziprasidone (Zeldox, Geodon)
- asénapine (Saphris)
Selon le Dr Hall-Flavin, les antipsychotiques peuvent se révéler utiles dans les cas où la dépression ou la manie persiste malgré l’usage de régulateurs de l’humeur. Les antipsychotiques peuvent être utilisés seuls ou en combinaison avec un régulateur de l’humeur.
Dans les cas où la dépression persiste malgré l’usage d’un régulateur de l’humeur ou d’un antipsychotique, les médecins peuvent ajouter un antidépresseur au régime du patient. La prudence est toutefois de rigueur parce qu’il arrive que les antidépresseurs déclenchent par inadvertance un épisode de manie chez des personnes vulnérables.
Outre les médicaments et compte tenu de la gravité de la maladie, les médecins pourraient recommander les actions suivantes :
- séjour temporaire ou visites régulières à l’hôpital afin de faire suivre la réponse au traitement
- modification du mode de vie – alimentation plus saine, davantage d’exercices réguliers
La prise en charge efficace du trouble bipolaire requiert du temps et de la patience parce qu’il faut trouver le bon médicament ou la bonne combinaison de médicaments. De plus, il peut être nécessaire d’ajuster les doses ou d’apporter d’autres modifications à la médication de temps en temps afin d’éviter ou de minimiser les effets secondaires.
Dépression
Il est normal d’éprouver temporairement de la tristesse lorsqu’on apprend que des proches ont vécu des événements malheureux. Toutefois, dans certains cas, la tristesse peut persister pendant plus de quelques semaines et entraîner une affection grave appelée dépression. Celle-ci peut être causée par des problèmes psychologiques ou biologiques ou encore par une combinaison de facteurs.
La dépression ne se manifeste pas de la même façon chez tout le monde, donc tenter de se diagnostiquer soi-même est difficile et peut causer des problèmes. Votre médecin est la personne indiquée pour diagnostiquer une dépression éventuelle.
Selon le National Institute of Mental Health des États-Unis, les personnes souffrant de dépression peuvent éprouver plusieurs ou tous les symptômes suivants :
- tristesse
- sentiment de désespoir, d’anxiété ou de culpabilité
- irritabilité ou colère facile
- fatigue en l’absence de déploiement d’énergie
- difficulté à se concentrer
- difficulté à prendre des décisions
- problèmes de mémoire
- difficulté à s’endormir ou à rester endormi
- réveil précoce très tôt le matin
- douleurs musculaires, crampes, maux de tête sans cause apparente
- changements soudains de l’appétit donnant lieu à une perte ou une prise de poids
- perte d’intérêt pour ses activités habituelles, dont les relations sexuelles
Si vous croyez souffrir de dépression, parlez à votre médecin aussitôt que possible.
De nombreux facteurs médicaux peuvent influencer l’humeur, dont les suivants :
- taux anormaux d’hormones thyroïdiennes
- taux de testostérone inférieur à la normale chez l’homme
- diabète de type 2
- infection non traitée au virus de l’hépatite C
- exposition à certains médicaments anti-VIH, surtout l’éfavirenz (vendu sous les noms de Sustiva et de Stocrin et présent aussi dans l’Atripla)
- exposition à des agents biologiques exerçant des effets sur le système immunitaire, tels les interférons (parfois utilisés pour le traitement de l’hépatite C) et les interleukines
Dépression majeure
Si la dépression n’est pas traitée, elle peut s’aggraver considérablement. Dans les cas de dépression majeure, les personnes touchées risquent de penser à se faire du mal ou à s’enlever la vie. Si vous avez ce genre de pensées, faites immédiatement ce qui suit :
- appelez votre médecin
- si votre médecin n’est pas disponible immédiatement, allez tout de suite au service des urgences de l’hôpital le plus proche
- si vous n’êtes pas en mesure de vous rendre au service des urgences le plus proche, composez le 911 pour communiquer avec les services d’urgence
Il existe de nombreux traitements pour la dépression, et votre médecin peut vous aider à trouver celui qui vous convient. Trouver la bonne médication ou la bonne posologie peut prendre du temps, alors il faut s’armer de patience. De nombreux médecins et patients ont trouvé qu’une combinaison d’approches était très utile, comme le counseling et les antidépresseurs.
—Sean R. Hosein
Ressources
Le VIH et le bien-être émotionnel – Guide de CATIE sur comment les personnes vivant avec le VIH peuvent cultiver leur bien-être émotionnel
Association canadienne pour la santé mentale
Renforcer le cerveau vieillissant – TraitementSida
Bon pour le cerveau — conseils des neuroscientifiques – TraitementSida
Une étude examine la thérapie basée sur la pleine conscience – Nouvelles CATIE
RÉFÉRENCES :
- Reus V.I. (2012). Chapter 391. Mental Disorders. In Longo D.L., Fauci A.S., Kasper D.L., Hauser S.L., Jameson J, Loscalzo J (Eds), Harrison’s Principles of Internal Medicine, 18e.
- Schmidt KL. Emergency Medicine: Care of the HIV-positive patient in the emergency department in the era of highly active antiretroviral therapy (HAART). In: Tintinalli JE. eds. Tintinalli’s Emergency Medicine Online Updates. New York, NY: McGraw-Hill; 2011.
- Blank MB, Himelhoch S, Walkup J, et al. Treatment considerations for HIV-infected individuals with severe mental illness. Current HIV/AIDS Reports. 2013 Dec;10(4):371-9.