Le vaccin de Janssen : essai de phase I/II

Les vaccins dont nous avons parlé plus tôt dans ce numéro de TraitementActualités utilisent de l’ARN messager. Pour son vaccin anti-COVID-19, la corporation Janssen a choisi cependant d’utiliser un adénovirus modifié.

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À propos des adénovirus

Les adénovirus sont une famille de virus qui peuvent causer une variété de maladies allant du rhume à la pneumonie en passant par la conjonctivite et la diarrhée.

Les adénovirus en tant que vaccins

Les adénovirus font l’objet d’expérimentations scientifiques depuis des décennies. Entre autres, les chercheurs extraient les parties pathogènes de leur matériel génétique et les remplacent par des instructions nécessaires à la fabrication de protéines servant à d’autres virus. De cette manière, l’enveloppe externe des adénovirus sert à transporter de l’information aux cellules. On appelle les virus utilisés de cette façon des vecteurs. L’enveloppe des adénovirus protège les instructions génétiques qui sont un élément essentiel des vaccins.

Les adénovirus modifiés (dont les parties pathogènes ont été enlevées) sont utilisés comme vecteurs pour deux raisons : ils protègent très bien l’information génétique qu’ils transportent, et ils réussissent très bien à faire entrer cette information dans les cellules.

Lorsque l’adénovirus modifié a réussi à insérer sa cargaison de matériel génétique dans une cellule, celle-ci se met à produire les protéines d’un autre virus que les chercheurs auront choisi. Ces protéines sont ensuite libérées dans la circulation où elles entrent en contact avec des cellules du système immunitaire qui les capturent et les transportent aux ganglions lymphatiques et aux tissus lymphoïdes. Une fois rendues, ces protéines sont exposées à de nombreuses cellules du système immunitaire. Un groupe de cellules immunitaires appelées cellules B se mettent à produire des anticorps contre les protéines virales. Les cellules T, et plus particulièrement les cellules CD8+, apprennent pour leur part à reconnaître les protéines et à produire des substances antivirales en guise de réponse. Le système immunitaire fabrique ensuite de nombreuses copies de ces cellules B et T, dont certaines quittent les ganglions et tissus lymphatiques et entrent dans la circulation. Lorsqu’elles rencontreront le SRAS-CoV-2 à l’avenir, ces cellules B et T pourront le combattre avec des anticorps et des substances antivirales et réduire ainsi considérablement le risque de tomber malade de la COVID-19.

Notons que l’on a utilisé des adénovirus modifiés pour fabriquer des vaccins contre le virus Ebola, ainsi que des vaccins expérimentaux contre le VIH et le virus Zika.

L’adénovirus 26 contre la COVID-19

Pour son vaccin, la corporation Janssen est en train d’utiliser un adénovirus modifié appelé adénovirus 26. Les chercheurs ont inséré dans ce dernier l’information génétique nécessaire pour inciter les cellules à fabriquer une protéine utilisée par le SRAS-CoV-2. Les anticorps contre la protéine en question empêchent le SRAS-CoV-2 de s’attacher aux cellules et de les infecter.

Essai de phase I/II

La corporation Janssen a publié les données d’une étude complexe de phase I/II à laquelle elle a inscrit environ 800 personnes. Les participants à cette étude ont reçu une ou deux injections d’un vaccin à faible dose ou à forte dose ou d’un placebo.

Les effets secondaires courants incluaient les suivants :

  • fièvre
  • fatigue
  • mal de tête
  • douleur musculaire
  • douleur au site de l’injection

En général, ces effets secondaires étaient légers ou modérés, se produisaient dans les deux jours suivant la vaccination et se résorbaient peu de temps après.

Environ un mois après la première dose du vaccin, au moins 90 % des participants avaient des anticorps qui s’attaquaient au SRAS-CoV-2. Ce chiffre a atteint 100 % au jour 57 suivant la première injection, et ce, peu importe la quantité de vaccin administrée. Les personnes qui ont reçu une deuxième injection du vaccin ont vu leur nombre d’anticorps s’élever considérablement par rapport à la période suivant leur première injection.

Deux semaines après la vaccination initiale, les chercheurs ont constaté que les échantillons de sang des personnes vaccinées contenaient des cellules T capables de reconnaître le SRAS-CoV-2.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Mercado NB, Zahn R, Wegmann F, et al. Single-shot Ad26 vaccine protects against SARS-CoV-2 in rhesus macaques. Nature. 2020 Oct;586(7830):583-588.
  2. Sadoff J, Le Gars M, Shukarev G, et al. Interim results of a phase 1-2a trial of Ad26 COV2 S Covid-19 Vaccine. New England Journal of Medicine. 2021; sous presse.
  3. Custers J, Kim D, Leyssen M, et al. Vaccines based on replication incompetent Ad26 viral vectors: Standardized template with key considerations for a risk/benefit assessment. Vaccine. 2021; sous presse.
  4. Kremer EJ. Pros and cons of adenovirus-based SARS-CoV-2 vaccines. Molecular Therapy. 2020 Nov 4;28(11):2303-2304.
  5. Bos R, Rutten L, van der Lubbe JEM, et al. Ad26 vector-based COVID-19 vaccine encoding a prefusion-stabilized SARS-CoV-2 spike immunogen induces potent humoral and cellular immune responses. NPJ Vaccines. 2020 Sep 28;5:91.