Le sotrovimab pour la COVID-19 de stade précoce
Le sotrovimab est un anticorps puissant qui s’attaque au SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19. Ce médicament est censé être utilisé lors des stades précoces de l’infection. Le sotrovimab est utilisé au Canada, aux États-Unis et dans quelques autres pays.
Le sotrovimab a été testé dans le cadre d’un grand essai clinique randomisé portant le nom de Comet-Ice. Les responsables de cette étude ont analysé des données recueillies auprès de 291 personnes qui avaient reçu du sotrovimab et 292 personnes qui avaient reçu un placebo. Toutes ces personnes en étaient au stade précoce de la COVID-19 et n’étaient pas hospitalisées au moment de s’inscrire à l’étude.
Chez les personnes recevant le sotrovimab, l’équipe de recherche a constaté une réduction significative (85 %) du risque d’être hospitalisées pour plus de 24 heures ou de mourir. Aucun membre du groupe sotrovimab n’a dû être admis à un service de soins intensifs ou n’est décédé. Le sotrovimab a généralement été bien toléré, et les taux d’effets indésirables étaient semblables à ceux du groupe placebo.
L’équipe de recherche a mis fin au recrutement pour l’étude Comet-Ice parce que le médicament s’était révélé très efficace.
Détails de l’étude
L’équipe de recherche a recruté des participant·e·s dans les pays suivants :
- Brésil
- Canada
- Espagne
- États-Unis
Toutes les personnes recrutées avaient reçu un diagnostic d’infection au SRAS-CoV-2 plusieurs jours avant d’être admises à l’étude et éprouvaient des symptômes légers ou modérés de la COVID-19.
Selon l’équipe de recherche, les participant·e·s couraient un « risque élevé » de connaître une aggravation de leurs symptômes de COVID-19 à cause d’affections sous-jacentes et/ou de leur âge (55 ans ou plus). Le recrutement pour cette étude a eu lieu entre la fin août 2020 et le début de mars 2021.
Les participant·e·s ont été réparti·e·s au hasard pour recevoir une des interventions suivantes par voie intraveineuse sur une période d’une heure :
- sotrovimab 500 mg
- placebo
Au moment de leur admission à l’étude, les participant·e·s avaient le profil moyen suivant :
- âge : 53 ans (la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus était de 22 %, et celle des plus de 70 ans était de 11 %)
- 54 % de femmes, 46 % d’hommes
- principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 87 %; Hispaniques – 63 %; Noirs – 7 %; Asiatiques – 6 % (la somme des chiffres n’est pas 100 en raison du chevauchement de certaines catégories)
- principales affections sous-jacentes et âge avancé : 55 ans ou plus – 47 %; obésité – 63 %; diabète nécessitant une médication – 23 %; asthme modéré ou grave – 16 %
- symptômes courants de la COVID-19 : toux, courbatures ou douleurs musculaires, maux de tête, fatigue
Résultats
Les participant·e·s du groupe sotrovimab étaient 85 % moins susceptibles d’être hospitalisé·e·s pour plus de 24 heures, comparativement aux membres du groupe placebo. Voici les détails à ce sujet :
- sotrovimab : 1 % des participant·e·s ont dû être hospitalisé·e·s (trois personnes)
- placebo : 7 % des participant·e·s ont dû être hospitalisé·e·s (21 personnes)
Notons que les hospitalisations de courte durée (moins de 24 heures) correspondent généralement à l’admission à l’urgence de personnes souffrant éventuellement d’affections sous-jacentes instables. Or, de nombreuses études bien conçues sur les traitements de COVID-19 mettent l’accent sur les périodes d’hospitalisation prolongées associées à l’aggravation des symptômes de la COVID-19.
De façon générale, les hospitalisations qui ont eu lieu durant l’étude Comet-Ice étaient associées à l’aggravation des symptômes de la COVID-19. La seule exception fut celle d’une personne qui avait des antécédents d’obstruction intestinale avant de participer à l’étude. Cette personne a dû être hospitalisée pour 22 jours après une perfusion de sotrovimab parce qu’elle a vécu un nouvel épisode d’obstruction intestinale.
Soins intensifs
Cinq personnes du groupe placebo ont dû être admises au service de soins intensifs. Deux d’entre elles ont subi une ventilation mécanique invasive. Une troisième personne a refusé une telle intervention et est décédée 29 jours après son admission à l’étude.
Innocuité
Les participant·e·s aux essais cliniques éprouvent parfois des effets indésirables. Ces derniers doivent être évalués pour déterminer si la cause est un processus pathologique sous-jacent, le ou les médicaments à l’étude ou encore un phénomène n’ayant pas de lien avec l’étude.
Les participant·e·s ont éprouvé des effets indésirables dans les proportions suivantes :
- sotrovimab : 17 %
- placebo : 19 %
Comme la COVID-19 est une maladie relativement nouvelle qui fait très peur, il est probable que les participant·e·s et leurs médecins ont été très vigilants par rapport à la déclaration de tous les symptômes survenus durant l’étude. Dans Comet-Ice, la plupart des effets indésirables étaient attribuables à la COVID-19. Notons de plus que les effets indésirables graves étaient plus fréquents chez les personnes ayant reçu le placebo :
- sotrovimab : 2 %
- placebo : 6 %
Ce résultat n’est pas surprenant parce que les personnes sous placebo étaient plus nombreuses à tomber malades et à signaler par conséquent davantage d’effets indésirables au cours de l’étude.
Un effet indésirable particulier, soit la diarrhée, s’est révélé plus fréquent chez les personnes traitées par sotrovimab :
- sotrovimab : 1 % (six personnes se sont plaintes de diarrhées)
- placebo : moins de 1 % (trois personnes se sont plaintes de diarrhées)
La plupart des cas de diarrhée ont été qualifiés de légers.
Effets secondaires très rares
La monographie de produit canadienne du sotrovimab fait état d’un cas d’anaphylaxie survenu chez une personne hospitalisée qui a reçu ce médicament. Des médecins lui ont injecté de l’épinéphrine, et la personne s’est rétablie. Rappelons que le sotrovimab n’est pas censé être utilisé chez des personnes hospitalisées pour la COVID-19.
Le sotrovimab est dérivé d’un anticorps découvert chez une personne qui a survécu au SRAS-CoV-1; ce virus a causé une éclosion de pneumonie il y a près de 20 ans. Cet anticorps n’a subi qu’une modification minime pour être offert sous sa forme actuelle, soit le sotrovimab. Ce médicament s’attaque à une cible virale. Compte tenu de ces caractéristiques, les scientifiques ne s’attendent pas à ce que le sotrovimab cause des effets secondaires rares.
À propos des perfusions en général
Des anticorps sont utilisés régulièrement pour le traitement de nombreuses maladies, notamment l’arthrite, certaines formes de cancer, la maladie de Crohn et la colite et le psoriasis. Selon nombre de professionnel·le·s de la santé, des réactions aux perfusions se produisent relativement couramment, mais sont généralement légères ou modérées chez les personnes souffrant de cancer ou d’affections inflammatoires. Les symptômes que l’on associe généralement aux perfusions d’anticorps incluent les suivants :
- maux de tête
- fatigue
- rougeurs
- nausées
- fièvre
- douleurs
Ces symptômes se résorbent habituellement après quelques heures ou un jour après la perfusion.
Dans des cas très rares, des symptômes plus graves, telle l’anaphylaxie, peuvent se produire.
Sotrovimab et réactions aux perfusions
Dans l’étude Comet-Ice, 1 % des personnes traitées par sotrovimab et 1 % des participant·e·s du groupe placebo ont eu des réactions aux perfusions. Ces réactions avaient lieu pendant ou après la perfusion, étaient généralement qualifiées de légères et se résorbaient dans les 24 heures. Elles incluaient les symptômes suivants :
- fièvre
- frissons
- étourdissements
- éruptions cutanées
- démangeaisons de la peau
Une personne traitée par sotrovimab a eu une réaction d’intensité modérée à la perfusion, soit l’essoufflement.
À retenir
Les données de l’étude Comet-Ice portent fortement à croire que le sotrovimab peut empêcher l’aggravation de la COVID-19 chez de nombreuses personnes éprouvant des symptômes légers ou modérés de celle-ci. Notons finalement que le sotrovimab a généralement été bien toléré.
À l’avenir
Les résultats préliminaires d’un autre essai clinique appelé Comet-Tail ont été publiés par GSK et ViiV dans un communiqué de presse. Ces résultats laissent croire à la non-infériorité du sotrovimab par injection intramusculaire comparativement au sotrovimab par voie intraveineuse. Ces compagnies prévoient ou ont entamé des discussions avec des agences de réglementation en vue de faire autoriser l’administration intramusculaire du sotrovimab au Canada, dans l’Union européenne et aux États-Unis.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :
- GlaxoSmithKline. Sotrovimab pour injection. Monographie de produit. 14 septembre 2021.
- Cathcart AL, Havenar-Daughton C, Lempp FL, et al. The dual function antibodies VIR-7831 and VIR-7832 demonstrate potent in vitro and in vivo activity against SARS-CoV-2. Préimpression. 30 septembre 2021.
- Gupta A, Gonzalez-Rojas Y, Juarez E, et al. Early treatment for Covid-19 with SARS-CoV-2 neutralizing antibody sotrovimab. New England Journal of Medicine. 2021; sous presse
- Austin D. Why do placebos work? Scientists identify key brain pathway. Science. 27 October 2021.
- GlaxoSmithKline. Primary endpoint met in COMET-TAIL Phase III trial evaluating intramuscular administration of sotrovimab for early treatment of COVID-19. Communiqué de presse. 12 novembre 2021.