Mise en contexte : cabotégravir à longue durée d’action et prévention du VIH

En Australie, une équipe de recherche a examiné les données recueillies après la levée de l’insu sur l’essai HPTN 083. Cette équipe a constaté la répartition suivante des infections par le VIH :

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  • cabotégravir à longue durée d’action (cab LDA) : 12 nouvelles infections par le VIH
  • TDF + FTC : 32 nouvelles infections par le VIH

Observance thérapeutique

Selon l’équipe de recherche australienne, « la majorité des nouvelles infections par le VIH dans les deux groupes, soit la PrEP à longue durée d’action et la PrEP orale quotidienne, s’est produite dans le contexte d’interruptions [de la prise de médicaments] ou de difficultés liées à l’observance. Cela souligne l’importance de l’observance de la PrEP, laquelle s’est nettement affaiblie dans les deux groupes après la levée de l’insu ».

Notons que le cab LDA est une nouvelle technologie en ce qui a trait à la prévention du VIH. Les cliniques devront déterminer quelles personnes seront susceptibles de bénéficier le plus de cette méthode de prévention. Elles devront élaborer des stratégies pour s’assurer que les patient·e·s reviennent à la clinique pour recevoir leurs injections régulières et pour passer des tests de dépistage du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement (ITS).

Il est probable que le cab LDA, première formulation à longue durée d’action de la PrEP, sera très en demande grâce à son schéma posologique commode (doses peu fréquentes), mais il ne sera pas nécessairement possible pour toutes les personnes qui y ont recours de continuer. D’autres personnes ne voudront pas l’utiliser parce qu’elles détestent les injections. Il faudra donc mener des études pour comprendre pourquoi certaines personnes cessent de prendre les formulations de PrEP à longue durée d’action, et pour déterminer quelles autres méthodes de prévention du VIH pourraient leur convenir.

Dépistage du VIH

Le dépistage régulier d’ITS (y compris le VIH) fait partie des soins habituels prodigués aux personnes sous PrEP. Selon l’équipe australienne, les médicaments utilisés pour la PrEP donnent parfois lieu à un retard de diagnostic du VIH dans les cas très rares où une infection par ce virus a lieu. Ce genre de retard se produit à cause de l’activité anti-VIH de la PrEP : cette activité maintient initialement un faible taux de VIH, jusqu’à ce que le virus acquière la capacité de surmonter les effets de la PrEP. Selon l’équipe australienne, on devrait utiliser une combinaison d’épreuves pour dépister le VIH chez les personnes suivant une PrEP à longue durée d’action, soit une combinaison incluant tests de dépistage d’anticorps et tests de la charge virale (conçus pour détecter le matériel génétique du virus).

Facteurs de risque

Dans l’essai HPTN 083, les problèmes associés aux maladies cardiovasculaires étaient plus fréquents chez les personnes utilisant le cab LDA que chez les personnes du groupe TDF + FTC. Les problèmes en question incluaient l’hypertension, des taux de lipides anormaux (cholestérol) dans le sang et une « tendance à présenter une glycémie croissante ». Même si la proportion de tels cas était très faible, l’équipe de recherche réclame un suivi de plus longue durée des personnes utilisant le cab LDA pour mieux cerner les personnes susceptibles d’éprouver ces problèmes. De plus, l’équipe de recherche a affirmé que les prestataires de soins de santé doivent « envisager la possibilité de comorbidités existantes » avant de choisir une méthode de PrEP, surtout pour les personnes âgées.

De façon générale, les gens ont recours à la PrEP durant des périodes où ils courent des risques, et il est peu probable qu’ils se servent de formulations à longue durée d’action de PrEP, ou d’autres, de façon permanente. Les effets indésirables qu’éprouvent une faible proportion de personnes utilisant le cab LDA disparaîtront vraisemblablement dès qu’elles cesseront de prendre ce médicament.

Le nombre de bébés nés de personnes recevant le cabotégravir durant la grossesse est faible dans les études publiées. D’autres études seront nécessaires pour évaluer les effets de ce médicament durant la grossesse.

Contextes cliniques

Des études seront nécessaires pour évaluer la capacité des cliniques d’offrir le cab LDA (quels sont les obstacles et comment sont-ils surmontés?) dans le cadre de leurs activités quotidiennes et déterminer quelle proportion de patient·e·s admissibles acceptent de l’utiliser continuellement au fil du temps.

Au Canada

Le cabotégravir à longue durée d’action a été approuvé pour la prévention du VIH aux États-Unis, dans l’Union européenne et dans d’autres régions où il est offert sous la marque Apretude.

Il y a lieu d’espérer que le cab LDA sera approuvé au Canada à la fin du printemps 2024. Une fois l’approbation de Santé Canada accordée, les compagnies d’assurance privées mettront éventuellement jusqu’à trois mois pour l’inclure sur leur liste de médicaments remboursables. Le fabricant du cabotégravir, ViiV Healthcare, entamera des négociations au sujet du coût du médicament avec les ministères de la Santé provinciaux et territoriaux. Si la compagnie et les ministères s’entendent sur le prix, le cab LDA sera couvert par les régimes provinciaux ou territoriaux. Les négociations de ce genre durent typiquement un an, sinon plus.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Griffin DW, Hoy JF, McMahon JH. Long-acting cabotegravir PrEP : a time for cautious optimism. Lancet HIV. 2023 Dec;10(12):e756-e757