Augmentation des taux de vitamine D chez les personnes séropositives

La vitamine D n'est pas comme les autres vitamines; elle agit comme une hormone et exerce dans l'organisme des fonctions complexes qui sont mal comprises. La carence et l'insuffisance en vitamine D sont courantes chez les personnes vivant avec le VIH. Les rapports anecdotiques de médecins soignant des PVVIH et les données d'essais cliniques laissent croire qu'il n'est pas facile de faire passer les taux sanguins de vitamine D dans la zone optimale (75 nmol/litre ou plus); en fait, cela peut prendre plusieurs mois, voire jusqu'à un an, même si l'on prend des doses élevées de vitamine D (4 000 UI/jour, par exemple) sous forme de suppléments en vente libre. Des chercheurs à Los Angeles ont mené une étude de 12 semaines sur des suppléments oraux de vitamine D3. Leurs résultats laissent croire qu'il est possible d'augmenter considérablement les taux de vitamine D dans le sang à l'aide de suppléments en vente libre, mais il faut des doses très élevées, surtout dans les cas de carence préexistante.

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Détails de l'étude

Les chercheurs ont recruté 82 personnes séropositives, dont 78 hommes et quatre femmes. Tous les participants suivaient une trithérapie stable et avaient le profil moyen suivant au début de l'étude :

  • âge – 48 ans
  • compte de CD4+ – 552 cellules
  • charge virale – moins de 200 copies/ml

Des problèmes comme une tension artérielle supérieure à la normale et un taux anormal de cholestérol dans le sang étaient courants.

Avant d'être admis à l'étude, aucun des volontaires ne prenait plus de 400 UI de vitamine D par jour. Le taux de vitamine D dans leur sang était inférieur à 50 nmol/litre, ce qui laissait soupçonner une carence.

Tous les participants ont reçu de la vitamine D3 sous forme de gouttes appelées Ddrops, donc chacune contenait 2 000 UI de vitamine D. Au Canada, chaque comprimé, capsule ou goutte en vente libre peut contenir un maximum de 1 000 UI de vitamine D.

Chaque participant devait prendre 50 000 UI deux fois par semaine pendant cinq semaines consécutives. Après cette période, on a dit aux participants de réduire leur dose à 2 000 UI par jour pendant sept semaines additionnelles.

Résultats

Dans l'ensemble, 81 % des participants ont vu leur taux de vitamine D augmenter jusqu'à 75 nmol/litre ou plus après 12 semaines de supplémentation. Dix participants (12 %) ont dévoilé qu'ils avaient de la difficulté à prendre les Ddrops conformément aux instructions.

Environ 60 % des participants prenaient de l'éfavirenz (Sustiva, Stocrin et dans l'Atripla) et 77 % d'entre eux prenaient du ténofovir (Viread et dans le Truvada et l'Atripla). L'exposition à l'éfavirenz a déjà été associée à une baisse du taux de vitamine D;  en théorie, l'exposition au ténofovir pourrait avoir un effet semblable. Cependant, lors de la présente étude, l'exposition à l'éfavirenz ou au ténofovir ou à tout autre médicament anti-VIH n'a pas empêché les participants de faire augmenter leurs taux de vitamine D.

Aucun changement important ne s'est produit dans la charge virale ou le compte de CD4+ à cause de la prise de doses élevées de vitamine D. Et aucune toxicité n'a été signalée.

Les résultats de cet essai mené à Los Angeles sont rassurants à plusieurs points de vue :

  • Ils confirment l'efficacité de la forme liquide populaire appelée Ddrops.
  • Les taux de vitamine D des adultes séropositifs peuvent atteindre des niveaux adéquats dans le sang grâce à une supplémentation orale intensive.
  • La prise de doses élevées de vitamine D n'a pas causé pas de toxicité à court terme.
  • La vitamine D n'a pas eu d'impact négatif sur la charge virale en VIH.
  • Les suppléments de vitamine D n'ont pas augmenté (ou réduit) le compte de CD4+.
  • Les taux de vitamine D peuvent augmenter sous l'effet des suppléments malgré la prise de médicaments comme l'éfavirenz.

Cette équipe de recherche prévoit suivre encore les participants afin d'observer les effets à long terme de la supplémentation en vitamine D.

On ignore la meilleure dose de vitamine D qu'il faudrait prendre sous forme de suppléments pour que la concentration de cette vitamine atteigne les niveaux idéaux dans le sang, et il est probable que la dose idéale varie d'une personne à l'autre. Il reste que la présente étude semble proposer une méthode possible pour augmenter rapidement les taux de vitamine D.

Beaucoup d'essais cliniques sur la vitamine D sont prévus ou en cours aux États-Unis auprès d'une variété de populations affectées ou infectées par le VIH. En voici quelques exemples :

  • une étude chez des femmes en ménopause
  • une comparaison des effets de doses faibles fréquentes (entre 2 000 et 4 000 UI/jour) et ceux de doses très élevées, telles que 50 000 UI/semaine jusqu'à huit semaines
  • l'AIDS Clinical Trials Group (ACTG), une association financée par le gouvernement, prévoit mener une étude pour déterminer si la vitamine D à dose élevée peut prévenir les pertes osseuses qui se produisent souvent lorsqu'une trithérapie est commencée

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Lake JE, Hoffman RM, Adams JS, et al. Success of a standardized 12-week vitamin D repletion regimen in HIV-infected patients. In: Program and abstracts of the 13th International Workshop on Adverse Drug Reactions and Co-morbidities in HIV, 14-16 July, 2011, Rome, Italy. Abstract P51.
  2. Havens PL, Mulligan K, Hazra R, et al. Safety and efficacy of once-monthly dosing of vitamin D3 (50,000 IU) in HIV-infected youth: Adolescent Trials Network Study 063. In: Program and abstracts of the 13th International Workshop on Adverse Drug Reactions and Co-morbidities in HIV, 14-16 July, 2011, Rome, Italy. Abstract 11.
  3. Ross AC, Judd S, Ziegler TR, et al. Traditional risk factors overshadow HIV-related factors in predicting vitamin D deficiency in HIV-infected children and young adults. : Program and abstracts of the 13th International Workshop on Adverse Drug Reactions and Co-morbidities in HIV, 14-16 July, 2011, Rome, Italy. Abstract 10.