Vitamine D : une petite vitamine active qui figure souvent dans les mauvaises études

Découverte il y a près d'un siècle, la vitamine D suscite beaucoup d'intérêt chez les chercheurs depuis une décennie, car elle semble jouer un rôle dans plusieurs affections médicales. De nombreux articles scientifiques récents sur la vitamine D laissent croire qu'elle pourrait aider à prévenir ou à atténuer certaines complications médicales. Nos lecteurs doivent toutefois comprendre que plusieurs des études sur lesquelles les médias fondent leurs prétentions quant au rôle joué par la vitamine D dans la santé humaine comportent des problèmes. L'un des problèmes les plus importants réside dans la conception des études.

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Dans bien des cas, les études sur la vitamine D sont des études transversales ou par observation. Les études de ce genre sont utiles pour trouver des associations entre la vitamine D et une gamme de problèmes de santé, mais elles ne peuvent prouver qu'une carence en vitamine D cause des maladies ou que la prise de doses élevées de cette vitamine permet de prévenir ou de traiter des maladies spécifiques comme le cancer, l'insulinorésistance ou la crise cardiaque. Les études transversales ou par observation sont sujettes à des interprétations faussées involontairement à cause de plusieurs facteurs non modifiables. 

Les études par observation peuvent donc nous pousser à tirer de fausses conclusions. À titre d'exemple, mentionnons qu'au moins une étude laissait croire que les personnes séropositives présentant un taux élevé de vitamine D dans leur sang avaient aussi un compte de CD4+ élevé. Lors de la même étude, les personnes ayant un faible taux de vitamine D avaient un faible compte de CD4+. Une lecture simpliste de cette étude porterait à croire que l'obtention d'une forte concentration de vitamine D dans le sang (par la prise de fortes doses) permettrait d'augmenter le compte de CD4+. Pourtant, jusqu'à présent, deux essais cliniques prospectifs — l'un mené chez des adultes séropositifs et l'autre chez des enfants séropositifs — n'ont permis de constater aucun changement important dans le compte de CD4+ associé à la prise de doses élevées de suppléments de vitamine D.

Souvent, les études transversales et par observation sont plus rapides, moins dispendieuses et plus simples à mener que les grands essais cliniques randomisés et contrôlés contre placebo. Les études transversales et par observation peuvent servir de point de départ pour formuler des hypothèses qui devront être éprouvées ultérieurement lors d'essais cliniques conçus de manière plus rigoureuse du point de vue statistique. Ces études ne peuvent toutefois donner de résultats définitifs.

En ce qui concerne l'interprétation de l'applicabilité des résultats des études sur la vitamine D, une autre complication réside dans la variété de populations, de posologies et de durées de supplémentation étudiées. De plus, à en croire des recherches récentes, certaines personnes posséderaient des gènes spécifiques qui empêcheraient leurs cellules de répondre normalement à la vitamine D. Tous ces facteurs peuvent influencer les résultats d'une étude. Ainsi, près d'un siècle après sa découverte, la recherche sur la vitamine D en est en quelque sorte à ses premiers balbutiements.

Dans ce numéro de TraitementSida, nous avons recueilli et résumé d'importantes données récentes sur la vitamine D, les questions de posologie et son rôle potentiel contre de nombreux problèmes de santé affectant les personnes vivant avec l'infection au VIH.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

  1. Holick MF. Vitamin D deficiency. New England Journal of Medicine. 2007 Jul 19;357(3):266-81.