Une étude néerlandaise examine le vieillissement et les maladies cardiovasculaires
Des chercheurs aux Pays-Bas ont mesuré et comparé le raidissement des artères (un effet associé aux maladies cardiovasculaires) chez 1 000 personnes d’âge moyen, dont la moitié vivait avec le VIH. Les chercheurs ont trouvé que la raideur artérielle était plus importante chez les personnes séropositives. Dans l’ensemble, les facteurs de risque traditionnels de maladies cardiovasculaires, notamment le tabagisme, ont été largement responsables de cet accroissement du risque. Cependant, parmi un sous-groupe de personnes séropositives, celles souffrant d’une immunodéficience grave (100 cellules CD4+ ou moins) couraient également un risque élevé de raidissement artériel.
À propos de la raideur artérielle
Chaque fois que le cœur pompe du sang, une vague de ce liquide est expulsée du cœur et s’écoule le long des artères. Les artères doivent être souples afin de faciliter le mouvement de cette vague de sang. À mesure que les artères vieillissent, elles peuvent devenir moins souples (on parle alors de raideur artérielle). Lorsque cela arrive, le sang se déplace moins facilement à partir du cœur, et l’action de pompage de l’organe s’intensifie pendant qu’il tente de compenser en expulsant le sang avec plus de force. Au fil du temps, cette action intensifiée peut fatiguer le cœur, et la raideur artérielle peut augmenter le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Détails de l’étude
Les chercheurs néerlandais ont essayé de comprendre l’impact du VIH sur le processus de vieillissement dans le cadre d’une étude appelée AGEhIV. Cette étude possède un atout très utile : elle a recruté des personnes séronégatives et séropositives présentant des facteurs socioéconomiques et comportementaux semblables et vivant dans les mêmes communautés. Cela renforce considérablement les comparaisons faites au cours de l’étude.
Les chercheurs ont concentré leur analyse sur les groupes suivants :
- 566 personnes séropositives
- 507 personnes séronégatives
Les chercheurs ont résumé comme suit le profil des participants au moment de leur admission à l’étude :
« … les personnes infectées par le VIH étaient plus nombreuses à avoir reçu un diagnostic de [tension artérielle supérieure à la normale], avaient généralement [des taux sanguins de cholestérol et de triglycérides] moins favorables et étaient plus souvent des fumeurs ».
De plus, le profil moyen des participants séropositifs était le suivant au début de l’étude :
- âge : 53 ans
- 89 % d’hommes, 11 % de femmes
- 32 % fumaient encore la cigarette
La vaste majorité des participants suivaient un TAR et avaient une charge virale indétectable.
Résultats
Dans l’ensemble, les personnes séropositives présentaient une raideur artérielle plus importante que les personnes séronégatives. Selon les chercheurs, cela était principalement attribuable au tabagisme et à l’hypertension.
Compte tenu de nombreux facteurs (y compris le sexe, l’âge et le tabagisme), les chercheurs ont trouvé que certaines personnes séropositives, surtout celles qui avaient vécu une période d’immunodéficience importante dans le passé (elles avaient eu un compte de CD4+ de 100 cellules ou moins), étaient considérablement plus susceptibles d’avoir des artères plus raides.
Pourquoi ce lien avec l’immunodéficience?
L’immunodéficience est associée à l’augmentation de l’inflammation et de l’activation immunitaires. Il est probable que les effets de ce genre causent des dommages aux artères et accélèrent l’évolution des maladies cardiovasculaires.
Comme l’étude néerlandaise le laisse croire, il est également possible qu’un épisode d’immunodéficience dans le passé ait eu un impact durable sur la santé des artères.
Comme les chercheurs n’ont trouvé aucun facteur lié au VIH qui aurait déclenché la raideur artérielle, ils croient que d’autres facteurs pourraient continuer à causer de l’inflammation à l’intérieur des artères. Une possibilité réside dans le CMV (cytomégalovirus), un virus transmissible sexuellement courant faisant partie de la famille des virus de l’herpès. D’autres études ont en effet trouvé une association entre la co-infection au CMV et un risque d’inflammation accrue chez les personnes vivant avec le VIH.
Dans l’ensemble, les chercheurs ont conclu que la raideur artérielle a joué un petit rôle dans l’augmentation des risques de maladies cardiovasculaires chez les personnes séropositives. Cette étude a néanmoins son importance parce qu’elle renforce nos connaissances en ce qui concerne le rôle joué par les facteurs de risque traditionnels de MCV et a exposé l’impact des antécédents d’immunodéficience sur la santé artérielle. À cet égard, l’étude néerlandaise fournit une raison de plus de commencer le TAR aussitôt que possible.
Ressource :
Le VIH et la maladie cardiovasculaire — Feuillet d’information de CATIE
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Kooij KW, Schouten J, Wit FW, et al. Difference in aortic stiffness between treated middle-aged HIV Type 1-infected and uninfected individuals largely explained by traditional cardiovascular risk factors, with an additional contribution of prior advanced immunodeficiency. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2016 Sep 1;73(1):55-62.