Changements dans le profil des personnes séropositives cherchant à recevoir des soins à Londres, R.-U.
En général, les équipes d’études par observation ont rapporté des résultats semblables en ce qui concerne les personnes séronégatives et les personnes séropositives hospitalisées pour la COVID-19. On peut trouver d’autres détails à ce sujet en cliquant sur les liens suivants :
https://catie.ca/fr/traitementactualites/traitementactualites-238/vih-covid-19
Notons cependant qu’un rapport a récemment émergé du Royaume-Uni où il est question d’un changement dans le profil des personnes se faisant soigner dans une clinique VIH majeure de Londres.
Des médecins du Chelsea and Westminster Hospital ont remarqué une augmentation du nombre de personnes séropositives cherchant à recevoir des soins pour des complications liées au sida.
Les médecins ont comparé les dossiers se rapportant aux admissions à l’hôpital durant deux périodes, soit de juillet à octobre 2019 et pendant la même période en 2020.
Résultats importants : accent sur le sida chez les patients hospitalisés
Même si moins d’admissions ont eu lieu en 2020 qu’en 2019, les médecins ont constaté une augmentation importante de la proportion d’hospitalisations pour des causes liées au sida. Voici une comparaison des deux années :
2019
Vingt-sept pour cent (27 %) des hospitalisations étaient attribuables à des causes liées au sida, dont les suivantes :
- cancers – 48 %
- infections potentiellement mortelles : 52 %
2020
Cinquante-quatre pour cent (54 %) des hospitalisations étaient attribuables à des causes liées au sida, dont les suivantes :
- cancers – 28 %
- infections potentiellement mortelles : 72 %
Des tests de laboratoire sur des échantillons de sang ont permis de constater une tendance à la hausse de l’immunodéficience chez les personnes hospitalisées en 2020, par rapport à 2019.
2019
- infections au VIH nouvellement diagnostiquées : 16 %
- compte de cellules CD4+ chez les personnes nouvellement diagnostiquées : 157 cellules/mm3
2020
- infections au VIH nouvellement diagnostiquées : 16 %
- compte de cellules CD4+ chez les personnes nouvellement diagnostiquées : 63 cellules/mm3
On a également constaté une tendance à la hausse de la charge virale chez les personnes hospitalisées en 2020, par rapport à 2019.
Les différences entre les sortes de complications et d’infections potentiellement mortelles constatées durant les deux périodes sont trop faibles pour en faire des comparaisons statistiques. Il est toutefois frappant de constater que, chez les personnes séropositives diagnostiquées en 2019, deux sur 80 (3 %) souffraient de graves problèmes de mémoire et de cognition, comparativement à cinq personnes séropositives sur 48 (10 %) diagnostiquées en 2020. Notons qu’il est possible que cette différence soit attribuable au hasard. Quoi qu’il en soit, il est clair que des personnes séropositives qui cherchaient à obtenir des soins souffraient de déficiences neurocognitives liées au VIH, et ce, dans un pays à revenu élevé où les services de dépistage et de traitement efficace du VIH étaient largement accessibles à l’époque en question. Rappelons que les problèmes de ce genre étaient courants à l’époque qui a précédé l’arrivée des combinaisons de traitements puissants contre le VIH (avant 1996).
Que se passe-t-il?
Il est clair qu’une tendance à la hausse de l’immunodéficience grave liée au VIH se produit depuis récemment chez certaines personnes à Londres. Les personnes hospitalisées étaient gravement malades. Selon l’équipe de recherche, le changement dans le profil de maladies de ces personnes serait attribuable à un des problèmes suivants, ou les deux :
- « difficulté à avoir accès aux soins de santé »
- « réticence à fréquenter les établissements de santé durant la première vague de la pandémie de COVID-19 et le confinement inévitable »
Notons qu’une tendance semblable, soit la réticence à utiliser les services de soins, a été observée chez des personnes séronégatives dans diverses parties du monde durant la première vague de la pandémie.
Le rapport du Chelsea and Westminster Hospital souligne l’impact sérieux que les effets indirects de la pandémie de COVID-19 ont eu sur l’accès au dépistage, aux soins et au traitement pour certaines personnes. Il révèle aussi comment le taux de mortalité des personnes séropositives pourrait augmenter durant la pandémie, que ce soit de causes liées au sida ou de la COVID-19 elle-même.
—Sean R. Hosein
Ressources
VIH et COVID-19 – TraitementActualités 232
L’État de New York évalue l’impact de la COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH – Nouvelles CATIE
RÉFÉRENCE :
Bell N, Bracchi M, Dalla Pria A, et al. Indirect HIV morbidity and mortality due to COVID-19. Clinical Infectious Diseases. 2021; sous presse.