Une étude souligne la nécessité d’améliorer l’accès des personnes séropositives aux essais cliniques sur le cancer des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire

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Immunothérapie

Les cellules cancéreuses libèrent des signaux chimiques qui affaiblissent le système immunitaire et sa capacité de détecter et d’attaquer les tumeurs. Depuis plus d’une décennie, des compagnies pharmaceutiques mettent au point une classe de traitements anticancéreux appelés inhibiteurs de point de contrôle immunitaire. Ces médicaments agissent en bloquant l’activité de régulateurs (points de contrôle) du système immunitaire qui peuvent devenir plus nombreux lorsque des tumeurs apparaissent. En théorie, l’inhibition de ces points de contrôle devrait libérer la capacité naturelle du système immunitaire à détecter et à combattre les tumeurs.

Voici quelques exemples d’inhibiteurs de points de contrôle immunitaire :

  • Keytruda (pembrolizumab) : ce dernier cible une molécule appelée PD-1
  • Opdivo (nivolumab) : ce dernier cible une molécule appelée PD-1
  • Yervoy (ipilibumab) : ce dernier cible une molécule appelée CTLA-4

Lors de certains essais cliniques menés auprès de personnes séronégatives atteintes de cancer, les inhibiteurs de points de contrôle ont exercé des effets anticancéreux remarquables. Notons toutefois que l’industrie pharmaceutique a généralement exclu des personnes séropositives de la plupart de ses essais cliniques d’envergure sur le cancer. En effet, selon une analyse effectuée par des spécialistes du cancer de l’Université Harvard, « sur les 809 essais analysés en 2019 et 2020 [près de 75 %] ont exclu […] les personnes vivant avec le VIH ». Et de préciser l’équipe de Harvard : « Malgré l’accumulation de données probantes attestant l’innocuité et l’efficacité de l’usage d’inhibiteurs de point de contrôle immunitaire chez les personnes séropositives, la plupart des essais utilisant des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire contre le cancer excluent les personnes séropositives, et peu d’études autorisent la participation [de telles personnes], même si le VIH est bien maîtrisé ».

Lors d’une étude de faible envergure menée au National Cancer Institute (NCI) des États-Unis, une équipe de recherche s’est concentrée sur les protocoles de 87 essais cliniques conçus entre 2014 et 2020. Cette étude a examiné les protocoles proposés pour l’usage d’inhibiteurs de point de contrôle immunitaire. L’étude du NCI a révélé que, initialement, la plupart des protocoles des essais (84 %) ne prévoyaient aucun recrutement de personnes séropositives atteintes de cancer. Cependant, en raison de pressions exercées par le Cancer Therapy Evaluation Program du NCI, les protocoles ont été modifiés, de sorte que 70 % d’entre eux autorisaient désormais l’inscription de personnes séropositives atteintes de cancer.

Selon la même équipe de recherche du NCI, il semble toutefois que les protocoles révisés aient imposé ensuite des obstacles au recrutement de personnes vivant avec le VIH. Ces obstacles incluaient un compte de CD4+ minimal de 500 cellules/mm3, l’interdiction d’antibiothérapies pour prévenir des infections et, dans certains cas, l’exclusion de toute personne ayant eu antérieurement une infection liée au sida, peu importe son compte de CD4+ actuel. D’autres recherches seraient nécessaires pour déterminer combien de personnes séropositives ont réussi subséquemment à s’inscrire aux essais cliniques d’inhibiteurs de points de contrôle immunitaire en vertu de ces protocoles modifiés.

Quoi qu’il en soit des protocoles, on comprend facilement pourquoi les médecins ne disposent pas de bases de données d’envergure à partir desquelles il est possible de tirer des conclusions fermes par rapport aux effets des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire chez les personnes vivant avec le VIH atteintes de cancer.

Pour remédier à cette situation, l’industrie pharmaceutique et les instituts de recherche apporteraient une aide précieuse s’ils facilitaient la tenue d’essais cliniques d’inhibiteurs de point de contrôle immunitaire chez des personnes séropositives atteintes de cancer, afin que les médecins puissent acquérir de l’expérience en cette matière.

À l’avenir

Depuis 1996, l’avènement de traitements efficaces contre le VIH (TAR) a entraîné une transformation époustouflante au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. Le TAR a transformé une infection virale inévitablement mortelle en une maladie chronique maîtrisable qui accorde à la plupart des personnes atteintes une espérance de vie quasi normale, pourvu qu’elles prennent leurs médicaments comme il se doit. Or, si l’on souhaite exploiter pleinement les bienfaits du TAR pour la longévité, il est important que les personnes séropositives atteintes de cancer connaissent des taux de survie semblables à ceux des personnes séronégatives présentant le même genre de cancer. Une approche utile consisterait éventuellement à assurer aux personnes séropositives atteintes de cancer l’accès équitable à un traitement anticancéreux qui exploite la force du système immunitaire, si leur médecin le jugeait nécessaire.

Ressources

Société canadienne du cancer

Cancer – Gouvernement du Canada

Cancer – Gouvernement du Québec

Risque de deuxième cancer chez les personnes séropositives ayant survécu à un lymphome hodgkinienNouvelles CATIE

Une équipe de recherche française étudie les deuxièmes cancers touchant des personnes séropositives ayant survécu à un premierNouvelles CATIE

—Sean R. Hosein

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