Inflammation : les artères contre les ganglions lymphatiques

Comme nous l'avons mentionné plus tôt dans ce numéro de TraitementActualités, l'infection chronique au VIH est associée à des taux excessifs d'inflammation et d'activation du système immunitaire. Ce problème est partiellement réduit lorsque les personnes séropositives commencent un traitement antirétroviral (TAR) et qu'elles atteignent et maintiennent une très faible quantité de virus dans leur sang (on dit alors que le virus est « indétectable »). Cependant, les chercheurs sont préoccupés par la possibilité que l'inflammation persistante puisse causer des problèmes de santé à long terme chez les utilisateurs du TAR.

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Des chercheurs à San Francisco ont mené une étude intensive sur l'inflammation dans les artères et les ganglions lymphatiques avoisinants de 74 hommes, dont un certain nombre étaient séropositifs et sous TAR. Les chercheurs ont trouvé que l'inflammation dans les artères des personnes séropositives « augmentait modestement » et était liée à la présence de davantage de protéines associées à l'inflammation, telles que l'IL-6 (interleukine-6) et la CRP (protéine C-réactive). De plus, chez les personnes séropositives, le taux d'inflammation dans les ganglions lymphatiques était généralement plus élevé que dans les artères. Ce résultat a amené les chercheurs à conclure qu'« il n'existe pas de lien étroit » entre l'inflammation dans les artères et celle dans les ganglions lymphatiques. Cette étude a également révélé que les facteurs qui causaient l'inflammation dans les artères étaient quelque peu différents des facteurs à l'origine de l'inflammation dans les ganglions lymphatiques. Selon les chercheurs, il est possible que les traitements qui réduisent l'« activité pathogène » du VIH ne réduisent pas l'inflammation dans les artères ou ses conséquences, notamment les crises cardiaques et AVC.

Un mot au sujet des techniques de balayage (scans)

Lors de la présente étude, l'équipe de recherche a utilisé une technique appelée FDG TEP/CT. Aux fins de ce genre d'examen, une faible quantité de sucre radioactif (FDG) est administrée à la personne par perfusion intraveineuse. Les chercheurs attendent ensuite que le sucre soit absorbé par des tissus actifs, soit les ganglions lymphatiques et les artères où l'inflammation a lieu dans le cas qui nous concerne. Le scan TEP (tomographie par émission de positrons) détecte le matériel radioactif et son emplacement, alors que le scan CT (tomodensitométrie) aide à créer des images détaillées des tissus où le FDG s’est concentré. Le FDG se concentre habituellement dans les cellules/tissus où se trouve un taux élevé d’inflammation.

Détails de l’étude

Les participants avaient un profil semblable lors de leur admission à l’étude (sans égard à l’infection au VIH); ils étaient dans la jeune cinquantaine et les proportions de personnes séropositives et séronégatives présentant des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires étaient semblables. Certains participants séropositifs suivaient un TAR et avaient une charge virale indétectable.

Résultats

L’inflammation dans les ganglions lymphatiques était plus prononcée parmi les participants séropositifs. Chez ces derniers, l’inflammation ganglionnaire était la plus élevée chez les personnes sous TAR dont la charge virale n’était pas indétectable. Chez un sous-groupe de participants, les chercheurs ont été en mesure d’évaluer l’état de la rate (organe majeur du système immunitaire) et ont trouvé que la quantité d’inflammation dans cet organe était semblable à celle dans les ganglions lymphatiques.

Liens avec l’inflammation dans les ganglions lymphatiques

Parmi les personnes séropositives, les taux élevés d’inflammation dans les ganglions lymphatiques étaient associés aux résultats suivants des tests sanguins :

  • charge virale élevée
  • nombre plus élevé de cellules CD8+
  • rapport CD4/CD8 plus faible

Les chercheurs n’ont pas découvert de lien entre ces trois facteurs et l’inflammation dans les artères.

Liens avec l’inflammation dans les artères

On a découvert un lien entre les taux d’IL-6 et de CRP dans le sang et la présence d’inflammation dans les artères. (Notons que les taux élevés d’IL-6 étaient également associés à la présence d’inflammation dans les ganglions lymphatiques.) Les chercheurs ont également constaté un lien entre l’inflammation dans les artères et un groupe de cellules immunitaires appelées monocytes (lorsque ces cellules atteignent leur maturité, on les appelle macrophages).

Signification des résultats

Selon les chercheurs, il est probable que les facteurs qui causent l’activation et l’inflammation immunitaires dans les artères sont différents de ceux dans les ganglions lymphatiques. Ces résultats sont étayés par une étude menée aux États-Unis.

Si l’on tient compte des résultats des deux études, il est très probable que le TAR tout seul est insuffisant pour réduire considérablement l’inflammation dans les artères.

Certains des chercheurs affiliés à cette étude sont maintenant en train d’explorer l’impact de l’anticorps canakinumab sur l’inflammation artérielle chez les personnes ayant le VIH. Nous rendons compte de leurs résultats plus loin dans ce numéro de TraitementActualités.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Tawakol A, Ishai A, Li D, et al. Association of arterial and lymph node inflammation with distinct inflammatory pathways in human immunodeficiency virus infection. JAMA Cardiology. 2017 Feb 1;2(2):163-171.