Une équipe du Royaume-Uni a recours à l’IRM pour découvrir des déficiences organiques liées à la COVID de longue durée
Chez de nombreuses personnes, la COVID de longue durée provoque des symptômes invalidants. Pour elles et leurs médecins, une source de frustration réside dans le fait que les résultats de plusieurs tests sanguins courants et d’autres évaluations se situent dans les limites normales malgré la souffrance évidente des patients. Cette réalité entrave la capacité des médecins de trouver les causes de la COVID de longue durée.
Des équipes de recherche travaillant dans des universités du Royaume-Uni mènent actuellement une étude fondée sur des évaluations effectuées auprès de quelque 200 personnes souffrant de COVID de longue durée, notamment des examens IRM (imagerie par résonance magnétique) d’organes importants.
L’analyse initiale des données recueillies jusqu’à présent a révélé que de nombreuses personnes atteintes de COVID de longue durée éprouvent des problèmes de santé persistants et une réduction de leur qualité de vie. L’élément novateur de cette étude réside dans le recours aux examens IRM. Ces derniers ont aidé l’équipe de recherche à déterminer que 70 % des participants présentaient au moins une déficience organique dans les mois qui ont suivi le diagnostic initial de COVID-19 aiguë. Les organes importants touchés incluaient les suivants :
- foie
- cœur
- poumons
- reins
- rate
Cette étude est en train de faire progresser la recherche sur la COVID de longue durée parce qu’elle révèle qu’il se passe quelque chose dans les profondeurs des organes. Il faut maintenant que d’autres équipes confirment ces résultats se rapportant aux déficiences organiques. Elles devront également déterminer pourquoi certaines personnes présentent des déficiences organiques particulières causées par la COVID de longue durée et quelles solutions pourraient s’offrir.
Détails de l’étude
L’équipe de recherche a inscrit à cette étude 201 personnes dont le diagnostic initial de COVID-19 aiguë avait eu lieu presque quatre mois auparavant.
Les participants avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :
- âge : 41 ans
- 71 % de femmes, 29 % d’hommes
- principaux groupes ethnoraciaux : Blancs – 88 %; Sud-asiatiques – 4 %; Noirs – 2 %
- indice de masse corporelle (IMC) : 26 kg/m2
- 19 % d’entre eux avaient été hospitalisés pour la COVID-19 aiguë
Chez les personnes en bonne santé qui n’avaient jamais été hospitalisées pour la COVID-19, la moyenne d’âge était de 39 ans. Ce groupe se composait à 60 % d’hommes et à 40 % de femmes et avait un IMC moyen de 23.
Résultats
Les symptômes les plus couramment signalés de la COVID de longue durée (qu’une hospitalisation ait eu lieu ou pas) étaient les suivants :
- fatigue : 98 %
- essoufflement : 88 %
- courbatures : 87 %
- maux de tête : 83 %
Selon l’équipe de recherche, « 99 % des personnes [souffrant de COVID de longue durée] éprouvaient quatre [symptômes] ou davantage, et 42 % d’entre elles éprouvaient 10 symptômes ou davantage ».
Résultats des IRM
Les déficiences organiques étaient plus fréquentes chez les personnes souffrant de COVID de longue durée que chez les personnes en bonne santé. Selon l’équipe de recherche, 70 % de celles-là « présentaient des déficiences affectant au moins un organe, alors que plusieurs organes étaient touchés chez 24 % d’entre elles ».
La liste suivante présente les résultats des examens IRM en fonction de la proportion de personnes touchées par chaque déficience organique, ainsi qu’une description de la déficience particulière en question :
- pancréas : 40 %; inflammation, excès de graisse
- foie : 28 %; inflammation, excès de graisse
- cœur : 26 %; inflammation, affaiblissement de l’action de pompage
- poumons : 11 %; réduction de la capacité d’inhalation/exhalation
- reins : 4 %; inflammation
- rate – 4 %; inflammation
COVID de longue durée grave
Selon l’équipe de recherche, les personnes éprouvant des symptômes graves de la COVID de longue durée étaient plus susceptibles de signaler les symptômes suivants :
- essoufflement
- maux de tête
- douleurs à la poitrine
- douleurs abdominales
- respiration sifflante
Les personnes présentant un cas grave de COVID de longue durée étaient deux fois plus susceptibles d’éprouver de l’inflammation cardiaque que les personnes éprouvant des symptômes modérés de la COVID de longue durée.
Syndromes
À l’instar de plusieurs autres scientifiques, les équipes de recherche britanniques responsables de cette étude estiment que la COVID de longue durée pourrait être un syndrome dont les manifestations varient d’une personne à l’autre.
À retenir
Cette étude est imparfaite dans la mesure où elle n’a pas réussi à prouver que des déficiences organiques spécifiques causaient des symptômes particuliers. L’étude constitue cependant un progrès important parce qu’elle a permis de constater des déficiences organiques persistantes chez de nombreuses personnes souffrant de COVID de longue durée. On ne sait pas très bien pourquoi ces déficiences se produisent et varient d’une personne à l’autre.
D’autres recherches sont nécessaires pour éclairer les phénomènes biologiques sous-jacents qui sont à l’origine des symptômes associés à la COVID de longue durée.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Dennis A, Wamil M, Alberts J, et al. Multiorgan impairment in low-risk individuals with post-COVID-19 syndrome: a prospective, community-based study. BMJ Open. 2021 Mar 30;11(3):e048391.