Une grande étude américaine découvre un large éventail de complications liées à la COVID de longue durée

De nombreux survivants de la COVID-19 éprouvent des complications persistantes que l’on regroupe couramment sous le nom de COVID de longue durée. Lors de certaines études menées auprès de telles personnes, on n’a pas été en mesure d’approfondir l’analyse des données recueillies et d’explorer les différences entre les manifestations de la COVID de longue durée chez les hommes et les femmes ou encore chez les jeunes et les personnes âgées.

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Une équipe de recherche américaine a mené récemment une étude pour comparer des données se rapportant à la santé de 266 000 personnes ayant contracté l’infection au SRAS-CoV-2 et de quelque neuf millions de personnes ne l’ayant pas contractée. L’équipe a également examiné des données recueillies pendant d’autres périodes afin de comparer la santé d’un autre groupe de personnes, ainsi que leur utilisation des ressources médicales.

L’équipe de recherche a dressé une liste de plus de 50 manifestations différentes de la COVID de longue durée touchant 14 % des participants. Les problèmes de santé persistants incluaient les suivants :

  • problèmes de respiration
  • rythmes cardiaques anormaux
  • formation excessive de caillots sanguins
  • inflammation cérébrale
  • lésions nerveuses
  • problèmes de mémoire
  • diabète
  • inflammation hépatique
  • inflammation cardiaque
  • anxiété
  • fatigue

L’équipe a constaté que les personnes présentant les facteurs suivants couraient le plus grand risque de souffrir de COVID de longue durée :

  • âge supérieur à 50 ans
  • présence d’affections médicales sous-jacentes
  • hospitalisation lors de la phase aiguë de la COVID-19

Même si le risque de COVID de longue durée n’épargnait pas les personnes ne présentant pas ces facteurs, il était plus faible. De plus, l’équipe de recherche a observé des différences entre les hommes et les femmes quant aux manifestations de la COVID de longue durée.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a examiné plusieurs bases de données appartenant à un régime d’assurance maladie appelé UnitedHealth Group. Utilisant les données se rapportant à 9 247 505 de personnes, l’équipe a établi deux groupes principaux à des fins de comparaison :

  • nombre de personnes ayant passé un test positif au SRAS-CoV-2, dont certaines ont eu la COVID-19 : 266 586
  • nombre de personnes n’ayant pas fait l’objet d’un diagnostic d’infection au SRAS-CoV-2 : 8 980 919

L’équipe s’est concentrée sur les données recueillies entre janvier et octobre 2020. Aux fins de comparaison, elle a également analysé des données recueillies en 2019 et en 2017 auprès de personnes souffrant d’infections pulmonaires attribuables à l’influenza et à d’autres causes.

Tous les participants avaient entre 18 et 65 ans (moyenne de 42 ans), et les proportions d’hommes et de femmes étaient égales.

Résultats

Chez les personnes atteintes du SRAS-CoV-2, 8,2 % ont été hospitalisées, et 1 % d’entre elles ont été admises dans un service de soins intensifs.

Accent sur la COVID de longue durée

Chez la vaste majorité des participants (86 %) qui ont contracté le SRAS-COV-2, on n’a pas constaté de manifestations de la COVID de longue durée 21 jours après l’obtention du résultat positif au test de dépistage (14 % d’entre eux ont par contre développé la COVID de longue durée). Ce chiffre de 14 % ressemble à celui obtenu par l’Office of National Statistics du Royaume-Uni.

Chez les 14 % de participants ayant développé la COVID de longue durée, les symptômes se sont produits dans les proportions suivantes :

  • 10 % : un symptôme de maladie
  • 4 % : plus d’un symptôme de maladie

Toutes les personnes en question ont eu besoin de soins médicaux pour traiter ces symptômes.

Chronologie

Même si le risque de présenter de graves complications était le plus élevé un mois après un test positif au SRAS-CoV-2, l’équipe de recherche a constaté un risque accru des complications suivantes jusqu’à six mois après l’infection :

  • hypertension artérielle
  • diabète
  • apnée du sommeil
  • fatigue

Même si le risque d’éprouver des symptômes de la COVID de longue durée était le plus élevé après l’âge de 50 ans, l’équipe a constaté un risque modérément élevé des complications suivantes, entre autres, chez des personnes âgées de 18 à 34 ans :

  • hypertension
  • rythmes cardiaques anormaux
  • formation excessive de caillots sanguins
  • problèmes de mémoire
  • diabète
  • fatigue

Santé mentale

Le risque de présenter un problème de santé mentale était plus élevé chez toutes les personnes, sans égard à l’âge ou à la présence d’affections sous-jacentes.

Sexe

En général, l’équipe de recherche n’a pas constaté de différence entre les symptômes de la COVID de longue durée selon le sexe, à l’exception des problèmes suivants :

  • Les femmes étaient plus susceptibles de souffrir de fatigue et de perdre leur sens de l’odorat.
  • Les hommes étaient plus sujets à l’inflammation cardiaque, à la formation excessive de caillots sanguins, aux lésions rénales et à l’apnée du sommeil.

À retenir

Les maladies virales, y compris les épisodes de forte grippe, peuvent causer des problèmes à moyen et à long terme. Il semble cependant que les problèmes touchant les personnes atteintes de COVID de longue durée soient beaucoup plus graves que les conséquences de nombreuses autres infections virales aiguës. Notons à ce propos que l’équipe a analysé des données se rapportant à des personnes qui avaient reçu un diagnostic d’influenza en 2019, alors que la COVID-19 était largement inconnue. Comparativement à celles-ci et à des personnes ayant souffert d’autres infections virales respiratoires en 2019, les personnes qui ont eu la COVID-19 en 2020 éprouvaient généralement deux fois plus de complications de longue durée.

Imperfections et qualités

Aux fins de cette enquête sur la COVID-19 et la COVID de longue durée, l’équipe de recherche a analysé des données qui avaient été recueillies antérieurement pour une autre raison précise, soit l’établissement d’une base de données administrative. Sans le vouloir, une étude conçue de cette manière peut donner lieu à une interprétation faussée des données.

Il est possible que cette étude n’ait pas découvert l’ampleur intégrale des symptômes de la COVID de longue durée. Selon l’équipe de recherche, il se peut que certaines personnes n’aient pas déclaré tous leurs symptômes et que certains médecins n’aient pas documenté tous les symptômes signalés.

Notons aussi que l’équipe n’a pas fait état de données se rapportant à la race ou à l’ethnie des individus.

Malgré ces imperfections, les résultats de cette étude se comparent à ceux d’autres recherches. À titre d’exemple, notons que L’Office of National Statistics britannique a mené une étude lors de laquelle environ 14 % des personnes ayant survécu à la COVID-19 ont souffert plus tard de COVID de longue durée. La similarité entre ce résultat et celui de l’étude américaine est frappante. Les résultats de cette dernière font également écho à d’autres études dont les données laissent croire que la COVID de longue durée touche plus souvent les femmes que les hommes, ainsi que davantage de personnes à faible revenu.

Imprévisibilité

La conseillère scientifique Elaine Maxwell a commenté ainsi cette étude américaine dans un éditorial de la revue BMJ Open :

« Il est trop tôt pour prévoir pendant combien de temps [les symptômes de la COVID de longue durée persisteront], mais il est clair que les symptômes constituent un poids pour de nombreuses personnes, dont certaines ont de la difficulté à retourner au travail et [sont] incapables de prendre soin des personnes à leur charge ».

Et d’ajouter Mme Maxwell : « L’une des particularités de la COVID de longue durée réside dans sa progression non linéaire, laquelle entrave les tentatives de prévoir quelles personnes éprouveront des symptômes particuliers et quand. Les facteurs de risque varient pour les nouveaux diagnostics [de symptômes de la COVID de longue durée], ce qui porte à croire qu’une variété de mécanismes pourraient être subdivisés en des phénotypes plus spécifiques ».

—Sean R. Hosein

 RÉFÉRENCES :

  1. Daugherty SE, Guo Y, Heath K, et al. Risk of clinical sequelae after the acute phase of SARS-CoV-2 infection: retrospective cohort study. BMJ. 2021; sous presse.
  2. Maxwell E. Unpacking post-covid symptoms. BMJ. 2021; sous presse.