Une analyse détaillée de la COVID-19 chez mille personnes en Chine
Les médecins de 552 centres médicaux de la Chine ont regroupé leurs données se rapportant aux personnes hospitalisées pour la COVID-19. Comme cette approche a permis d’analyser les caractéristiques que les patients avaient en commun, elle pourrait servir à dresser le profil des personnes susceptibles d’avoir besoin d’interventions additionnelles (telle l’admission dans un service de soins intensifs) de ventilation mécanique ou encore celles courant le risque de mourir.
En ce qui concerne 1 099 personnes atteintes de COVID-19 (cas confirmés par analyse virologique), voici la répartition selon l’évolution de la maladie :
- admission dans un service de soins intensifs : 5 %
- ventilation mécanique effectuée : 2,3 %
- décès : 1,4 %
Ces chiffres correspondent grosso modo à ce qui a été rapporté lors d’autres études menées chez des personnes atteintes de COVID-19.
Détails de l’étude et résultats
Les médecins ont analysé des dossiers médicaux établis entre le 11 décembre 2019 et le 29 janvier 2020.
Voici la répartition des patients en fonction de l’âge :
- 14 ans ou moins : 1 %
- 15 à 49 ans : 55 %
- 50 à 64 ans : 29 %
- 65 ans ou plus : 15 %
La population de patients incluait 58 % d’hommes et 42 % de femmes.
Au moment de l’admission à l’hôpital, les symptômes étaient les suivants :
- toux : 68 %
- fièvre : 44 %
- nausées ou vomissements : 5 %
- diarrhées : 4 %
Ces symptômes ont été qualifiés de graves chez 16 % des personnes.
Sur les 1 099 personnes, 24 % avaient des affections médicales sous-jacentes, dont les plus courantes étaient l’hypertension et le diabète.
Les personnes éprouvant des symptômes graves de la COVID-19 étaient plus susceptibles d’avoir une affection sous-jacente (39 %) que les personnes dont les symptômes n’étaient pas graves (21 %).
Examens tomodensitométriques
Lors de l’admission à l’hôpital, 975 personnes ont subi un examen tomodensitométrique de la poitrine. Dans 86 % des cas, l’examen a révélé des anomalies pulmonaires qui laissaient soupçonner un certain degré de pneumonie.
Tests de laboratoire
L’analyse d’échantillons de sang a révélé de nombreuses anomalies, dont les suivantes :
- taux de lymphocytes inférieur à la normale : 83 %
- taux de plaquettes inférieur à la normale : 36 %
De nombreux patients avaient des taux élevés de protéines révélatrices d’une inflammation importante :
- protéine C-réactive : 61 %
- lactate déshydrogénase (LDH) : 41 %
Environ un patient sur cinq avait des taux élevés d’enzymes hépatiques, ce qui laissait soupçonner la présence de lésions dans le foie :
- AST (aspartate aminotransférase) : 22 %
- ALT (alanine aminotransférase) : 21 %
Une forte proportion de patients avaient un taux élevé d’une protéine appelée D-dimère, ce qui laissait soupçonner un taux d’inflammation élevé ainsi qu’un risque accru de caillots sanguins.
Les personnes éprouvant des symptômes graves de la COVID-19 étaient plus susceptibles de recevoir des tests de laboratoire très anormaux.
Résultats cliniques
- admission au service de soins intensifs : 5 %
- ventilation mécanique effectuée : 2,3 %
- décès : 1,4 %
Pour les 1 099 personnes figurant dans cette étude, le risque de connaître les résultats graves mentionnés ci-dessus se situait à près de 4 %. Cependant, pour les personnes aux prises avec de graves symptômes de la COVID-19, le risque s’élevait à 21 %.
En moyenne, l’hospitalisation des patients a duré 13 jours.
Traitement
Tout comme les personnes souffrant d’autres infections respiratoires graves, les patients atteints de COVID-19 sont sujets aux infections bactériennes et, dans certains cas, fongiques. Chose peu surprenante, 58 % des 1 099 personnes figurant dans cette étude ont reçu des antibiotiques intraveineux. Quarante-trois pour cent (43 %) d’entre elles ont reçu de l’oxygène par tube nasal ou masque. On a eu recours à la ventilation mécanique pour 2,3 % des patients.
Les interventions d’appoint incluaient l’usage de stéroïdes (méthylprednisolone) chez 19 % des patients. Près de 36 % d’entre eux ont reçu le médicament antigrippal oseltamivir parce que les médecins espéraient qu’il aiderait à combattre l’infection sous-jacente au SRAS-CoV-2. Au début de la pandémie, les médecins avaient recours à un large éventail d’antiviraux dans l’espoir de procurer des bienfaits aux patients et de sauver la vie de personnes atteintes de COVID-19.
À retenir
Ce rapport, où il est question de 1 099 patients atteints de COVID-19, capte une image de la première phase de la pandémie et porte sur des patients très malades. Comme il est probable que les personnes asymptomatiques ou peu symptomatiques ne consultaient pas à ce moment-là, ils ne sont pas représentées dans ce groupe de patients.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Guan WJ, Ni ZY, Hu Y, et al. Clinical characteristics of coronavirus disease 2019 in China. New England Journal of Medicine. 2020; en voie d'impression.