On privilégie la sérotonine et d’autres approches pour combattre la COVID longue

Le virus SRAS-CoV-2 cause une maladie appelée COVID-19. La plupart des personnes qui contractent la forme aiguë de COVID-19 s’en remettent bien. Cependant, certaines personnes qui se remettent de la COVID-19 aiguë présentent subséquemment des symptômes persistants que l’on regroupe couramment sous le nom de COVID longue.

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Les symptômes suivants sont associés à la COVID longue (cette liste n’est pas exhaustive) :

  • fatigue persistante et incapacitante
  • perte d’endurance
  • difficultés respiratoires
  • maux de tête
  • problèmes de sommeil
  • difficulté à se concentrer
  • problèmes de mémoire
  • difficulté à penser clairement

La difficulté que l’on éprouve à traiter la COVID longue réside partiellement dans le fait que les scientifiques en ignorent la cause. On ne sait pas non plus quelles personnes sont vulnérables et pourquoi certaines d’entre elles éprouvent des symptômes pendant quelques semaines ou mois alors que d’autres souffrent plus longtemps encore.

Une équipe de scientifiques composée entre autres d’immunologues et de spécialistes des maladies infectieuses a mené une étude auprès de 1 500 personnes qui ont présenté des symptômes de COVID longue après s’être rétablies de la COVID-19.

L’équipe de recherche a analysé minutieusement des échantillons de tissus et d’autres spécimens prélevés chez ces patient·e·s dans l’espoir de déterminer l’origine de leur problème. Elle a également mené des expériences sur des animaux de laboratoire afin de mieux comprendre les mécanismes employés par les virus pour causer des problèmes chroniques. Les résultats de ces efforts ont amené l’équipe de recherche à privilégier la sérotonine.

À propos de la sérotonine

La sérotonine est une molécule messagère que les cellules de l’organisme utilisent pour envoyer des signaux entre elles. Des récepteurs de la sérotonine sont présents dans presque tous les systèmes d’organes majeurs du corps, y compris les suivants :

  • système cardiovasculaire
  • système gastro-intestinal
  • poumons
  • système génito-urinaire
  • système nerveux

La sérotonine et ses récepteurs aident à réguler l’énergie, la digestion, l’appétit et la production de certaines hormones. Ils jouent aussi un rôle dans l’humeur, la mémoire et la libido.

Selon des données de recherche récentes, il est possible que la sérotonine contribue à réguler des aspects de l’immunité aussi.

Résultats saillants

L’infection au SRAS-CoV-2 ou encore des fragments de ce virus persistent en très faible quantité dans le tractus intestinal de certaines personnes atteintes de COVID longue. Ces fragments de virus résiduels peuvent causer de l’inflammation et la production d’interféron. Ces facteurs (virus résiduel, inflammation et production d’interféron) semblent réduire l’absorption du précurseur de la sérotonine, soit l’acide aminé tryptophane. Outre la sérotonine, cet acide aminé contribue à la production de mélatonine. Comme une baisse du taux de tryptophane peut provoquer une chute de la mélatonine, cela peut entraîner des problèmes de sommeil. Dans cette étude, les participant·e·s qui éprouvaient des symptômes graves de la COVID longue avaient des taux de sérotonine réduits.

La majeure partie de la sérotonine dans notre corps est produite dans le tractus gastro-intestinal. La sérotonine est ensuite entreposée dans les plaquettes, ces cellules très nombreuses qui aident à réguler la coagulation sanguine. Des microcaillots peuvent se former chez des personnes atteintes de COVID aiguë et chez des personnes atteintes de COVID longue. Comme l’infection au SRAS-CoV-2 (et l’inflammation qu’elle provoque) peut causer un déficit de sérotonine dans les plaquettes, ces cellules risquent de ne pas être capables de réguler efficacement la coagulation du sang, et la formation excessive de microcaillots peut se produire. Ces caillots risquent d’inhiber le flux sanguin vers des organes vitaux, ce qui peut entraîner une baisse de leur fonction et, dans certains cas, de graves symptômes.

Le nerf vague (également appelé nerf pneumogastrique) achemine des signaux du cerveau vers le cœur, les poumons et le tractus digestif (ainsi que dans le sens inverse). Ce nerf participe à certaines des fonctions automatiques de l’organisme, dont la respiration, la fréquence des battements du cœur et d’autres. De l’avis de cette équipe de recherche, l’inflammation causée par le SRAS-CoV-2 dans l’intestin et ailleurs dans le corps enverrait des signaux au cerveau via le nerf vague lorsque les taux de sérotonine dans l’intestin et ailleurs sont faibles. Il est probable que ces signaux provoquent de l’inflammation dans le cerveau, et la présence d’inflammation dans cet organe vital pourrait jouer un rôle dans la fatigue chronique, les problèmes de sommeil, l’anxiété/la dépression et les pertes de mémoire. Rappelons que tous ces symptômes ont été signalés par des personnes aux prises avec la COVID longue.

D’autres études seront nécessaires pour confirmer le lien entre la réduction des taux de sérotonine et la COVID longue révélé durant cette étude.

Des expériences sur des animaux laissent croire que la sérotonine pourrait permettre de soulager les personnes atteintes de COVID longue. Des essais cliniques randomisés d’envergure seront nécessaires pour évaluer de façon sécuritaire l’impact des médicaments agissant sur la sérotonine, tels les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou encore les précurseurs de la sérotonine (comme la 5-hydroxytryptamine ou 5HTP), chez les personnes atteintes de COVID longue.

À noter

Plusieurs des mécanismes qui perturbent les taux de sérotonine et qui ont été signalés durant cette étude jouent aussi un rôle lors d’autres infections virales (telle l’infection par le virus de la dengue, laquelle peut causer des problèmes à long terme), ainsi que lors de maladies non virales comme la sclérose en plaques et le lupus.

Naltrexone à faible dose

Une équipe de recherche de Dublin, en Irlande, a tenté une approche différente pour combattre la COVID longue. L’équipe a utilisé de faibles doses du médicament naltrexone, un traitement conçu pour aider les gens à surmonter une dépendance à l’alcool ou aux opioïdes. Utilisée à forte dose (50 mg), la naltrexone agit sur les récepteurs opioïdes. Cependant, lorsque des doses plus faibles sont utilisées, soit entre 1 et 4,5 mg par jour, des effets différents et complexes peuvent se produire, notamment une réduction de l’inflammation dans le système immunitaire, ainsi qu’une altération des comportements des cellules immunitaires. Rappelons que certaines cellules immunitaires patrouillent le cerveau afin de neutraliser les infections dans cet organe. De l’avis de certain·e·s, la naltrexone à faible dose aiderait ces cellules à atténuer l’inflammation dans le cerveau.

Quoique de faible envergure et sans groupe témoin, cette étude irlandaise laisse croire que la naltrexone à faible dose pourrait être utile chez certaines personnes atteintes de COVID longue. Notons que d’autres études américaines non contrôlées et de faible envergure ont obtenu des résultats prometteurs semblables. Des essais cliniques randomisés d’envergure seront toutefois nécessaires pour confirmer les effets de la naltrexone à faible dose chez cette population.

Une autre approche

Selon un nombre croissant d’études, les rappels vaccinaux à répétition contre la COVID-19 pourraient aider à réduire le risque de COVID longue.

COVID longue et problèmes cérébraux

Les maux de tête, les perturbations du sommeil et les problèmes cognitifs (couramment appelés « brouillard cérébral ») sont fréquents chez les personnes atteintes de COVID longue. Une autre équipe de scientifiques de Dublin a constaté que certaines personnes aux prises avec la COVID longue avaient des vaisseaux sanguins « poreux » dans le cerveau. Il est possible que l’inflammation excessive causée par la COVID-19 nuise à la santé et à l’intégrité des vaisseaux sanguins de cet organe. Cet effet pourrait jouer un rôle dans l’apparition de symptômes cérébraux dans les cas de COVID longue.

Les scientifiques doivent trouver des moyens de prévenir et de traiter les vaisseaux sanguins poreux afin de déterminer si de telles interventions peuvent améliorer la santé des personnes atteintes de COVID longue.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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