Une grande étude britannique compare les décès dus à la COVID-19 chez diverses populations présentant une immunité affaiblie
Le virus SRAS-CoV-2 cause une maladie appelée COVID-19. Ce virus a provoqué une pandémie mondiale qui a commencé en 2020. Au début, ce virus a provoqué beaucoup de peur parce qu’il était nouveau et mystérieux et causait des taux de mortalité élevés parmi de nombreux groupes de personnes hospitalisées. On a fini par mettre au point des vaccins qui réduisaient énormément le risque de manifestations graves, d’hospitalisation et de décès.
Même si le SRAS-CoV-2 continue de muter, des vaccins de rappel sont régulièrement mis au point et actualisés pour suivre le fil des mutations importantes acquises par le virus.
L’une des principales inquiétudes associées au SRAS-CoV-2 se rapportait à son impact dévastateur sur des populations particulières, notamment les personnes ayant un système immunitaire affaibli.
Une équipe de scientifiques de l’Université Oxford et de la UK Health Security Agency a fait une analyse minutieuse de la littérature scientifique à la recherche d’études publiées entre 2020 et 2022. L’équipe s’est concentrée sur le risque de mortalité chez les personnes faisant l’objet d’un diagnostic de COVID-19.
L’équipe de recherche a évalué les données de 99 études menées auprès d’adultes appartenant aux catégories suivantes :
- 1 542 097 de personnes immunodéprimées
- 56 248 181 de personnes au système immunitaire normal
Parmi les personnes immunodéprimées, l’équipe de recherche s’est concentrée sur les sous-groupes suivants :
- personnes ayant reçu une greffe d’organe (spécifiquement une greffe de foie, de rein, de poumon ou de cœur)
- personnes atteintes de cancer; ce groupe était subdivisé en personnes atteintes de cancers du sang et en personnes atteintes de tumeurs solides
- personnes atteintes de l’infection au VIH
- personnes atteintes de maladies inflammatoires des os et des articulations
- personnes atteintes de maladies inflammatoires de la peau (tel le psoriasis)
- personnes atteintes de maladies inflammatoires des intestins (telle la maladie de Crohn ou la colite)
L’équipe de recherche a réparti ces personnes en fonction des critères suivants :
- groupe d’âge
- le fait d’habiter un pays à revenu élevé, à revenu intermédiaire ou à revenu faible
- le fait d’être hospitalisées ou pas
- année d’inscription à une étude (2020, 2021 et 2022)
La plupart des études évaluées avaient eu lieu dans un pays à revenu élevé.
Résultats
Les personnes qui avaient reçu une greffe d’organe ou qui avaient un cancer non traité étaient plus susceptibles de mourir de complications de la COVID-19.
Les personnes dont le cancer était traité et celles qui avaient le VIH ou de l’arthrite étaient moins susceptibles de mourir de complications de la COVID-19.
Il importe de noter que l’équipe de recherche n’a pas été en mesure de répartir les personnes séropositives en fonction des critères suivants : compte de CD4+, usage éventuel de médicaments contre le VIH (traitement antirétroviral ou TAR), genre de TAR utilisé, charge virale ou présence de facteurs de risque sous-jacents (maladie cardiaque, diabète, hypertension, obésité, etc.).
Comme lors de nombreuses autres études, cette équipe de recherche a constaté que les personnes plus jeunes étaient moins susceptibles de mourir que les personnes plus âgées.
Les résultats globaux de cette étude correspondent largement à ceux de plusieurs autres études importantes.
À retenir
Il est important de considérer l’analyse effectuée par cette équipe comme une vue d’ensemble. Les facteurs de risque de chaque personne varient selon son état de santé général. Chez les personnes séropositives, le compte de CD4+ et l’inhibition de la charge virale sont des facteurs importants, mais ces données n’ont pas figuré dans l’analyse de cette étude. Il n’empêche que celle-ci est utile dans la mesure où elle fournit une vue d’ensemble de plusieurs populations. On ne pourrait toutefois s’en servir pour élaborer des stratégies individuelles de prise en charge de la santé pour des personnes séropositives en ce qui concerne leur risque de mourir de la COVID-19.
Cette équipe n’a pas cherché à déterminer si l’intensité des manifestations de la COVID-19 ou les risques de COVID longue variaient selon la population évaluée. Notons cependant que d’autres équipes de recherche sont en train d’analyser les données obtenues auprès de divers sous-groupes de personnes séropositives afin d’éclairer leurs risques à l’égard de la COVID-19.
À retenir
Comme nous venons de le mentionner, pour les personnes séropositives, l’état de santé global, le compte de CD4+ et la charge virale sont tous des facteurs importants à considérer lorsqu’on discute de la COVID-19 avec ses professionnel·le·s de la santé.
Si une personne séropositive veut améliorer sa santé, il est crucial qu’elle commence un TAR et qu’elle atteigne et maintienne une charge virale inhibée. Si une charge virale détectable est un problème persistant, il est important de discuter des causes possibles avec ses professionnel·le·s de la santé.
Le chemin vers une meilleure santé doit aussi passer par l’obtention de vaccins de rappel pour réduire le risque de complications liées à la COVID-19 (maladie grave, hospitalisation et décès). Comme le virus responsable de la COVID-19 mute constamment, il est important de se faire vacciner régulièrement en respectant les intervalles conseillés par son ou sa médecin.
Il est également important de discuter des mesures que l’on peut prendre pour réduire ses expositions possibles au SRAS-CoV-2. Si les antécédents médicaux et l’état de santé général de leurs patient·e·s le justifient, nombre de médecins leur recommandent d’éviter les endroits achalandés ou de porter un masque si cela est impossible.
Outre les rappels vaccinaux pour réduire le risque de COVID-19, les vaccins contre la grippe, la pneumonie bactérienne et d’autres maladies respiratoires (tel le virus respiratoire syncytial ou VRS) peuvent s’avérer utiles.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Leston M, Elson W, Ordóñez-Mena JM et al. Disparities in COVID-19 mortality amongst the immunosuppressed: A systematic review and meta-analysis for enhanced disease surveillance. Journal of Infection. 2024 Jan 30;88(3):106110.