Médicaments contre le VIH en cours de développement

Les traitements d’association efficaces contre le VIH ont vu le jour au milieu des années 1990 en Amérique du Nord. Pour la première fois de l’histoire de la pandémie du VIH, il existait alors des traitements qui réduisaient le risque de complications graves liées au sida. À cette époque-là, le traitement était complexe et nécessitait souvent la prise d’une poignée de comprimés au moins deux ou trois fois par jour, et il fallait respecter des consignes se rapportant à la nourriture et à l’eau dans de nombreux cas. De plus, les traitements d’alors provoquaient de nombreux effets secondaires.

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Depuis ce temps, les compagnies pharmaceutiques ont mis au point des schémas thérapeutiques plus efficaces et plus simples. Dans un grand nombre de cas, un seul comprimé peut contenir un schéma thérapeutique complet, soit deux ou trois médicaments puissants, qu’il suffit de prendre une seule fois par jour.

Un autre progrès réside dans la mise au point de médicaments à longue durée d’action. En 2020, les autorités canadiennes ont approuvé le premier traitement à longue durée d’action contre le VIH. Il s’agit d’une association de deux médicaments appelés cabotégravir et rilpivirine (vendue sous le nom de marque Cabenuva). Cabenuva est injecté profondément dans les muscles fessiers, d’où il est libéré ensuite graduellement dans la circulation sanguine. Des essais cliniques ont permis de constater que, à la suite d’injections mensuelles effectuées pendant deux mois, il suffisait d’injecter Cabenuva une fois tous les deux mois. Plusieurs autres traitements à longue durée d’action sont en cours de développement.

De nos jours, les traitements contre le VIH (TAR) sont tellement transformatifs que les scientifiques prévoient une espérance de vie quasi normale pour de nombreuses personnes sous traitement. Cependant, à mesure qu’elles vieillissent, un grand nombre de personnes se voient obligées de modifier leur schéma thérapeutique pour diverses raisons, notamment l’apparition de souches virales pharmacorésistantes ou d’effets secondaires ou encore le désir de simplifier leur traitement. Par conséquent, l’industrie pharmaceutique est en train de mettre au point de nouveaux médicaments. Dans ce numéro de TraitementActualités, nous faisons un survol des médicaments contre le VIH qui arriveront dans les cliniques à l’avenir.

Lénacapavir

Un nouveau médicament contre le VIH du nom de lénacapavir a récemment été approuvé au Canada. Ce dernier agit différemment des autres médicaments anti-VIH, à savoir en inhibant une protéine du VIH appelée capside. Dans un premier temps, l’approbation du lénacapavir s’appliquera aux personnes disposant d’options thérapeutiques limitées à cause de résistances acquises par le VIH à d’autres médicaments (les scientifiques qualifient parfois cette population de « patient·e·s lourdement traité·e·s »). Initialement, on doit prendre le lénacapavir sous forme de comprimé trois fois sur une période de huit jours. Environ une semaine après la troisième (et dernière) dose orale, des infirmier·ère·s effectuent deux injections sous-cutanées (légèrement sous la peau) du médicament dans l’abdomen. Après ces injections initiales, des injections additionnelles sont administrées toutes les 26 semaines (à peu près tous les six mois). Pour le moment, le lénacapavir doit être utilisé en association avec d’autres médicaments contre le VIH (sous forme de comprimés quotidiens). Il est toutefois possible que des médicaments dotés d’effets aussi durables que celui du lénacapavir voient le jour d’ici plusieurs années. À long terme, cela pourrait éliminer la nécessité de prendre des comprimés tous les jours. Le lénacapavir est également à l’étude pour la prévention du VIH, c’est-à-dire à titre de prophylaxie pré-exposition (PrEP). Nous présentons d’autres renseignements sur le lénacapavir plus loin dans ce numéro de TraitementActualités.

Islatravir

Il existe un autre nouveau médicament anti-VIH portant le nom d’islatravir. Ce dernier fait l’objet d’essais cliniques en association avec un autre médicament appelé doravirine (Pifeltro et ingrédient de Delstrigo). L’islatravir a un potentiel d’action de longue durée, et l’on peut espérer qu’il sera mis à l’épreuve en association avec le lénacapavir dans le cadre d’essais cliniques.

Inhibiteur de la maturation

Des essais cliniques du médicament expérimental GSK 3640254 devraient commencer en 2023. Ce médicament contre le VIH appartient à une nouvelle classe appelée inhibiteurs de la maturation. Il sera mis à l’essai en association avec d’autres médicaments anti-VIH.

Le lénacapavir est le premier des trois médicaments mentionnés ci-dessus à être approuvé au Canada. Si tout se passe bien, il y a lieu d’espérer que les deux autres (islatravir et GSK 3640254) le suivront d’ici plusieurs années.

—Sean R. Hosein