TAR à longue durée d’action et problèmes d’observance

À l’heure actuelle, l’un des principaux objectifs des traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) consiste à atteindre et à maintenir une charge virale inhibée dans le sang. Certaines personnes séropositives ne parviennent pas à atteindre cet objectif parce qu’elles font face à des obstacles à la prise quotidienne de médicaments, ce qui constitue le mode de traitement le plus courant en matière de VIH.

Une équipe de recherche du AIDS Clinical Trials Group (ACTG), un réseau de scientifiques financé par des gouvernements, a mené une étude pour comparer les effets de formulations injectables à longue durée d’action du traitement cabotégravir + rilpivirine (association appelée Cabenuva en Amérique du Nord) à ceux d’un TAR standard par voie orale. Dans l’ensemble, l’équipe a recensé moins de cas d’échec virologique chez les personnes recevant un TAR par injection.

Détails de l’étude

L’équipe de recherche a recruté des adultes qui avaient eu des problèmes d’observance sous un TAR par voie orale et qui n’avaient pas l’infection chronique au virus de l’hépatite B (VHB). Notons à cet égard que les médicaments que contient Cabenuva n’agissent pas contre le VHB. De plus, les participant·e·s ne présentaient pas de résistance virale aux inhibiteurs de l’intégrase (classe à laquelle appartient le cabotégravir) ou aux analogues non nucléosidiques (classe à laquelle appartient la rilpivirine).

Notons que l’équipe n’a pas exclu de participant·e·s à cause de problèmes d’itinérance ou d’utilisation de substances.

Conçu de manière relativement complexe, cet essai clinique comportait plusieurs étapes par lesquelles les participant·e·s devaient passer avant d’être réparti·e·s au hasard dans deux groupes pour suivre un des traitements suivants pendant 48 semaines :

  • Groupe A : cabotégravir + rilpivirine à longue durée d’action par injection toutes les quatre semaines
  • Groupe B : TAR par voie orale conforme aux normes de soins

À la fin d’un an, tou·te·s les participant·e·s se faisaient offrir le TAR par injection.

L’équipe de recherche a inscrit 434 participant·e·s qui avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • âge : 40 ans
  • 70 % d’hommes, 30 % de femmes; 5 % de personnes trans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Noir·e·s – 64 %; Blanc·he·s – 27 %;
  • compte de CD4+ : 270 cellules/mm3
  • charge virale (CV) : 32 % avaient une CV inférieure à 200 copies/ml; 25 % avaient une CV entre 201 et 10 000 copies/ml; 28 % avaient une CV entre 10 001 et 100 000 copies/ml; 14 % avaient une charge virale supérieure à 100 000 copies/ml
  • temps écoulé depuis le diagnostic de VIH : 13 ans
  • proportion de personnes utilisant ou ayant utilisé des drogues injectables : 14 %

Résultats : innocuité

L’équipe de recherche a analysé des données se rapportant à l’innocuité du TAR par injection que l’on avait recueillies auprès de 135 personnes. Elle a constaté que 57 % de celles-ci ont éprouvé des effets indésirables principalement légers ou modérés aux points d’injection, y compris douleur, sensibilité au toucher et formation de nodules. Ces effets furent tous temporaires.

Dans l’ensemble, 93 % des participant·e·s ont reçu leurs injections à la date prévue, 3 % ont manqué les rendez-vous fixés pour effectuer les injections et 3 % ont reçu leurs injections en retard (la somme des chiffres n’est pas 100 parce qu’ils ont été arrondis).

Accent sur l’échec virologique

Des échecs virologiques sont survenus dans les proportions suivantes au cours de 48 semaines de traitement :

  • TAR par injection : 7 %
  • TAR par voie orale : 25 %

Cette différence est significative du point de vue statistique.

Voici les proportions de personnes ayant subi un échec thérapeutique (défini dans cette étude comme l’arrêt du traitement à cause d’un effet indésirable ou d’un échec virologique) :

  • TAR par injection : 10 %
  • TAR par voie orale : 26 %

Des participant·e·s ont cessé définitivement de suivre leur traitement dans les proportions suivantes :

  • TAR par injection : 21 %
  • TAR par voie orale : 25 %

Compte tenu de tous ces résultats, le comité chargé de surveiller cette étude a recommandé de mettre fin à l’essai, et l’équipe de recherche a offert le TAR par injection à toute la cohorte.

Accent sur les échecs virologiques confirmés

Les cas d’échec virologique confirmé sont survenus comme suit :

  • TAR par injection : 6 personnes
  • TAR par voie orale : 28 personnes

L’équipe a détecté de nouvelles mutations conférant la résistance aux inhibiteurs de l’intégrase chez deux personnes dans chaque groupe seulement.

Selon l’équipe de recherche responsable de cette étude, le TAR par injection a fait preuve d’une « supériorité » globale face au TAR standard par voie orale chez des personnes éprouvant des problèmes d’observance qui n’avaient pas répondu au traitement auparavant.

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Rana AI, Bao Y, Zheng L et al. Long-Acting Injectable CAB/RPV Is Superior to Oral ART in PWH With Adherence Challenges: ACTG A5359. Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, 3 au 6 mars 2024. Résumé 212.